10 trucs pour intégrer un nouveau conjoint

10 trucs pour intégrer un nouveau conjoint

Par Caroline Fortin

Crédit photo: Katherine Hanlon via Unsplash

Ça y est, on a retrouvé l’amour! Reste maintenant à présenter notre âme sœur à notre entourage… Ces 10 questions, et surtout leurs réponses, devraient grandement nous faciliter la tâche. 

Si on est ravi de refaire notre vie après un divorce, une séparation ou un décès, il arrive parfois que des membres de notre famille ou des amis soient moins enchantés pour diverses raisons: jalousie, méfiance, solidarité envers l’ex-conjoint… Ces barrières tomberont pour la plupart avec le temps, mais on peut accélérer le processus en faisant les choses correctement dès le départ.

1 À partir de quel moment présenter notre nouveau conjoint?

Quand on est sûr que cette personne restera dans notre vie, du moins pour un bout. «Ça présuppose qu’on a passé suffisamment de temps avec elle et qu’on a vécu diverses situations ensemble, de manière à avoir une connaissance plus concrète et juste de cette personne, et ainsi être en mesure de faire le choix de passer une partie de notre vie avec elle», explique François St Père, psychologue spécialisé en thérapie de couple et en médiation familiale. Mieux vaut donc éviter de présenter une nouvelle flamme qu’on connaît depuis peu.

2 Comment préparer nos proches?

D’abord, si ce n’est déjà fait, on les informe qu’il y a une nouvelle personne dans notre vie. Puis, on leur demande s’ils sont prêts à la rencontrer ou s’ils préfèrent attendre encore. «Tout est question de sensibilité et de considération, affirme le psychologue. Chacun vit le deuil – littéral ou figuré – de l’ancien conjoint à son propre rythme. Il faut respecter ça.» On en profite également pour leur parler de notre nouvel amour. «Par exemple, leur dire qu’il nous apporte du bien-être, de l’apaisement, qu’il est bienveillant, qu’il nous rend heureux. Plus la personne est adéquate comme compagne ou compagnon de vie, plus la méfiance va s’estomper.» La grande majorité se réjouira de voir un parent ou un ami heureux avec quelqu’un d’autre. 

3 Faut-il aussi préparer notre nouveau conjoint?

Assurément! Qu’on ait 16 ou 66 ans, rencontrer la famille de l’autre est un rite permettant d’officialiser la relation. «On lui demande si ça l’intéresse, s’il se sent prêt. Cette discussion permet de se donner un statut, de préciser si on est un couple, si on se voit ensemble à long terme. Les deux conjoints doivent savoir à quel besoin répond leur nouvelle relation pour être capables de l’expliquer aux enfants et à leur entourage», indique Amélie Brown, travailleuse sociale, psychothérapeute et thérapeute conjugale.

Si on vit dans une famille tissée serré, à la limite du lien fusionnel, c’est aussi une bonne idée d’en avertir notre partenaire. «Dans ce type de clan, l’arrivée d’une nouvelle personne peut être perçue comme une menace, une intrusion. Il vaut mieux avoir une conversation avec son nouveau conjoint pour lui expliquer à quel genre de dynamique familiale s’attendre et clarifier quelle y sera sa place», suggère la thérapeute.

On peut également préparer notre nouveau conjoint à l’éventualité que nos enfants parlent de notre ex ou de leur défunte mère, ce qui est somme toute normal. «Ils peuvent aussi dire des choses qui ne seront pas forcément agréables pour toutes sortes de raisons, comme la méfiance ou le sabotage, prévient François St Père. On demande alors à notre conjoint s’il peut faire l’effort de tolérer ça durant les premières rencontres et lui dire qu’avec le temps, ils apprendront à mieux le connaître et les choses seront plus faciles.»

4 Est-il préférable de réunir notre famille au complet?

Tout dépend du confort psychologique de chacun. Certains préféreront faire les présentations individuellement. «C’est plus facile de créer un lien dans ce genre de contexte qu’autour d’une grande tablée, où la nouvelle personne risque de ne pas parler beaucoup», estime Amélie Brown. Pour se faciliter la tâche, on prévoit des rencontres courtes, autour d’un café, par exemple. Si on choisit de présenter sa nouvelle flamme lors d’un souper, un cadre détendu, comme notre domicile, sera plus approprié que le restaurant, où chacun doit rester assis à sa place, ce qui limite les contacts. 

5 Devrait-on procéder différemment après un décès?

S’il s’agit d’un deuil récent, il est certes plus délicat de s’afficher en couple. «En général, lorsqu’on divorce, c’est que la relation s’est détériorée et, souvent, notre entourage en a été témoin. Mais il demeure mal vu de remplacer rapidement un conjoint décédé. Ça laisse entendre que la relation n’était pas significative, que le décès n’a pas tant affecté celui qui reste, qu’il est vite passé à autre chose, et ça donne l’impression d’un manque d’égards, de sensibilité, d’amour véritable», considère François St Père.

Tout dépend aussi du décès, s’il a été subit ou s’il est survenu après une longue maladie. Dans le premier cas, les proches n’ont jamais eu le temps de se préparer au départ du défunt et leur deuil peut s’avérer plus long. La réaction varie toutefois selon les individus. «Notre enfant peut bien réagir tout de même et nous dire qu’il est content pour nous. D’autres se sentiront blessés et réagiront mal. C’est beaucoup plus une question de sensibilité et de considération envers autrui que de principes généraux», ajoute le psychologue.

6 Quels sont les pièges à éviter lors d’une première rencontre?

«Imposer son nouveau conjoint à qui que ce soit, répond François St Père. On doit respecter ceux qui ont besoin de plus de temps avant de le rencontrer.» Autre piège: «Faire comme si le nouveau conjoint allait remplacer l’autre et tout de suite utiliser les mots “belle-mère” ou “beau-père”, mentionne Amélie Brown. On dit plutôt qu’il y a une nouvelle personne dans la famille, qu’elle essaiera de trouver sa place, et qu’on essaiera de lui en donner une, en douceur. Qu’on va tous tenter d’apprendre à se connaître.»

On s’abstient aussi de multiplier les manifestations d’affection. «La majorité des gens n’aiment pas être témoins de l’intimité des autres, qu’il s’agisse de leurs parents biologiques ou de nouveaux conjoints, rappelle François St Père. On peut se sourire, se faire des compliments, être gentil l’un envers l’autre, mais si on déborde d’affection, on risque de rendre les autres mal à l’aise.»

7 Comment se comporter face aux réactions hostiles?

Un enfant n’accepte pas le fait qu’on est de nouveau en amour? Au lieu de juger sa réaction ou d’y réagir fortement, on s’y intéresse, conseille François St Père. «Pour mieux comprendre où se situent ses réserves et son hésitation.» A-t-il peur de me voir souffrir? De perdre son héritage? Craint-il que je répète un pattern? Est-il triste parce que sa mère est toujours seule, elle? Voudrait-il poser des questions à ma nouvelle conjointe? Plutôt que de se refermer, on va au fond des choses.

«Il faut accueillir les réactions, se mettre à la place de l’autre, renchérit Amélie Brown, mais on doit également assumer ses choix et ne pas se sentir coupable. On peut dire à nos enfants qu’on les encourage à être autonomes, eux aussi, à faire des choix, avec lesquels on pourrait ne pas être d’accord, d’ailleurs. Chaque personne a le droit de faire un choix individuel, indépendamment de la réaction des autres, mais ça ne veut pas dire qu’on doit couper les liens si cette réaction est négative.»

Dans sa pratique, la thérapeute conjugale observe que les nouveaux conjoints ont plus de difficulté à s’intégrer lorsque la relation précédente est encore ambivalente. «On le voit dans les relations fusionnelles conflictuelles: deux personnes qui n’arrivent pas à vivre ensemble ni à se séparer pour de bon. Leurs enfants ne savent donc jamais si elles vont revenir en couple ou pas.» Avant de commencer une nouvelle relation, il faut donc être sûr que la dernière est bel et bien terminée. 

8 Les Fêtes sont-elles un moment propice aux présentations?

Oui… et non. «Si l’esprit est relativement festif, que tout le monde est content que papa ou maman ait enfin quelqu’un de bien dans sa vie, oui. Mais dans un contexte où les enfants manifestent peu d’ouverture, ce n’est peut-être pas le meilleur moment. Chose certaine, il faut demeurer plus vigilant, car l’alcool coule plus à flots que d’ordinaire et ça délie les langues», estime François St Père. Les Fêtes sont aussi une période associée à la famille, chargée de souvenirs et d’émotions. «Si, par exemple, la mère est décédée peu avant Noël, il se pourrait qu’au Noël suivant, les enfants veuillent se réunir seuls avec leur père, illustre Amélie Brown. On doit en discuter et faire preuve de sensibilité. Souvent, ce sera même le nouveau conjoint qui proposera de nous laisser en famille, vu les circonstances.»

9 Comment préparer nos petits-enfants?

De la même façon que nos enfants. On leur dit que papi ou mamie a une nouvelle personne dans sa vie, qu’elle nous rend heureux ou heureuse. «C’est souvent moins compliqué avec les petits-enfants, surtout en bas âge, assure François St Père. Les enfants s’attachent presque automatiquement quand on est gentil avec eux. Et c’est aussi pour cette raison qu’on devrait leur présenter notre nouveau conjoint seulement quand on est convaincu qu’il est là pour rester, même si on n’a aucune garantie dans la vie.» 

10 Et pour nos amis, que fait-on?

«En amitié, les mêmes principes s’appliquent, même si la relation est moins étroite qu’avec nos enfants et qu’il n’y a pas d’héritage en cause, souligne François St Père. Forcer nos amis à accepter notre nouvelle relation ne fera aucun bien. On leur laisse le temps de faire le deuil de notre ancien conjoint, de notre ancien couple. On leur parle de façon positive de notre nouvel amoureux, et on attend qu’ils soient prêts à le rencontrer.»

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