La planète se réchauffe à un rythme alarmant, multipliant les événements météorologiques extrêmes. Voici quelques conseils pour s’assurer adéquatement contre vents et marées.
Le 9 août 2024, le passage de la tempête tropicale Debby a déversé plus de 150 mm dans Rosemère, près de Montréal, où vit Sylvain Tremblay*. «Il pleuvait tellement que l’eau s’infiltrait dans la maison par les fenêtres», se souvient le quinquagénaire. Le sous-sol, où se trouvait la chambre de son fils, a été complètement submergé.
Après avoir évacué l’eau, il a fallu sortir les meubles trempés, rescaper les vêtements et assainir l’intérieur en démolissant murs et planchers. Avec tout cela, il n’a réussi à joindre son assureur que deux semaines après le sinistre, les compagnies d’assurance croulant sous les réclamations.
Une catastrophe pour les épargnants
Le Bureau d’assurance du Canada considère Debby comme la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire du Québec, avec des dommages de 2,5 milliards de dollars, déclassant la fameuse tempête du verglas de 1998. Pour Sylvain Tremblay, cette tempête tropicale a été également dévastatrice pour ses économies.
Bien qu’il ait été assuré et malgré qu’il ait eu droit au montant maximal de sa couverture, les dommages causés par Debby lui ont coûté de quoi financer plusieurs années de retraite. «Ma police couvrait 30 000$ de dommages, mais les travaux de réparation, que je réalise en partie moi-même, m’ont coûté 70 000$ jusqu’à maintenant. Et ils ne sont pas encore terminés», dit-il.
Cet exemple illustre les risques qu’entraînent les événements météorologiques extrêmes. Car ce n’est pas parce qu’on est assuré qu’on est nécessairement BIEN assuré.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les polices d’assurance de base couvrent déjà les catastrophes naturelles, comme le vent, les tornades, la grêle et les incendies, y compris les feux de forêt. «C’est surtout au niveau des dégâts d’eau qu’il peut y avoir des contraintes. Dans ce cas, des protections supplémentaires, appelées avenants, s’avèrent souvent nécessaires», avertit Carlos Melo, analyste en assurances de dommages au Bureau d’assurance du Canada.
Bien que les termes diffèrent selon les assureurs, car les polices d’assurance habitation ne sont pas standardisées dans l’industrie, on peut prendre en considération deux risques importants: l’eau provenant d’au-dessus du sol, c’est-à-dire entrant par les portes, les fenêtres et surtout la toiture, et l’eau provenant du sol, qui se décline en plusieurs volets: refoulement d’égouts, infiltration par le sol et débordement d’un cours d’eau. «Certains assurés ne possèdent aucune de ces protections. Donc, c’est important de bien vérifier son contrat d’assurance et de s’informer auprès de son représentant», prévient Pierre Duchesne, conseiller normes et produits assurance des particuliers chez Beneva.
En ce qui concerne la toiture, un assureur peut refuser de l’assurer si elle dépasse sa durée normale de vie.
«Donc, si de l’eau s’infiltre par le toit ou que le vent arrache des bardeaux d’asphalte, vous ne serez pas couvert», explique Sébastien Caron, directeur souscription et garanties en habitation chez Desjardins Assurances.
Québec peut-il nous indemniser?
Oui, mais il ne faut pas compter là-dessus, car le Programme général d’assistance financière lors de sinistres (PGAF) est un programme de dernier recours. Il couvre les aléas qui ne sont généralement pas souscrits par les assureurs.
«Les sinistres admissibles sont principalement les inondations causées par des pluies diluviennes, des embâcles ou une fonte rapide de la neige causant des débordements de cours d’eau, de l’érosion de berges, de la submersion côtière, des glissements de terrain (réels ou imminents) et des tremblements de terre», indique le ministère de la Sécurité publique par courriel. En date du 16 décembre, le PGAF a versé des indemnités à moins de 10 % des 10 000 demandes d’indemnisation reçues à la suite du passage de Debby.
L’inflation, cet ennemi silencieux
Autre enjeu de taille: les protections ont des limites. Par exemple, on peut être assuré pour un montant maximal de 30 000 $ pour des dommages d’eau, comme dans le cas cité en introduction de ce texte, mais si ces dommages dépassent le montant octroyé, il va falloir puiser dans nos économies.
«Le problème, c’est que beaucoup d’assurés n’ont pas fait de mise à jour de leur police d’habitation depuis des années. Avec l’inflation en cours, ce qui pouvait coûter 20 000$ pour démolir et reconstruire un sous-sol coûte désormais 60 000$. Résultat: beaucoup de gens sont vulnérables», affirme Pierre Duchesne.
Et face à une catastrophe naturelle comme Debby, les besoins en ouvriers explosent. «Le coût des travaux explose également», ajoute le représentant de Beneva.
Pour quel montant devrait-on s’assurer, alors? Notre représentant en assurance tentera de déterminer le montant nécessaire en nous posant des questions. Par la suite, tout dépendra de notre tolérance au risque. «Vous devez savoir qu’en augmentant le montant de votre couverture, cela aura un impact à la hausse sur le coût de votre prime», dit Pierre Duchesne. Mais c’est un investissement en tranquillité d’esprit qui peut en valoir la peine.
Et surtout, il ne faut pas attendre pas à la dernière minute pour réviser notre assurance habitation. Par exemple, si un feu ravage la forêt à un kilomètre de notre chalet, il est trop tard pour le faire. «Les assureurs sont là pour couvrir des risques qui sont soudains et accidentels et non des
risques qui sont imminents », met en
garde Pierre Duchesne. « Le principal
conseil que je peux donner aux gens,
c’est de vérifier dès que possible s’ils
ont toutes les protections nécessaires
pour leurs besoins », ajoute Sébastien
Caron, de Desjardins Assurances.
Prévenir plutôt que guérir
Avec l’augmentation des risques climatiques, la prévention s’impose plus que jamais : installation de clapet anti-retour, réparation des fissures dans la fondation et résolution des problèmes de drainage sur notre terrain.
Bon à savoir: selon Sébastien Caron, Desjardins Assurances prépare une refonte de son site internet en 2025 afin de mieux partager les informations sur les actions préventives à prendre face aux dégâts d’eau, la principale cause des réclamations. C’est à surveiller!
* Pseudonyme, car le sinistré préfère rester dans l’anonymat.