La solidité de notre plan de retraite peut parfois nous inquiéter. Quel montant nous permettra de vivre décemment sans épuiser nos économies? Nos réponses à cette question complexe, mais fondamentale.
En matière de planification financière, plusieurs règles visent à simplifier la compréhension et la vie des investisseurs. Celle du 70 %, par exemple, stipule qu’il est réaliste de compter sur 70 % de nos revenus annuels avant impôt pour maintenir le même rythme de vie une fois à la retraite. Si vous gagnez un salaire brut de 50 000 $, cela représente donc 35 000 $. Ce pourcentage trouve son origine dans les régimes de pension à prestations déterminées: il représente le montant auquel a normalement droit un travailleur en fin de carrière selon un tel régime, soit 35 ans de service multipliés par 2 % de son salaire.
Cette règle du 70 % comporte toutefois des lacunes et demeure une approximation. Si, dans la quarantaine, elle peut nous donner une idée de notre coût de vie annuel à la retraite, on a avantage à se montrer plus précis à mesure qu’on vieillit et que notre projet de retraite devient plus concret, souligne l’Institut québécois de planification financière (IQPF).
Des postes en moins
Soyons franc: il est peu probable qu’une fois à la retraite on dépense autant que pendant notre vie active. «On cotise à notre REER, on paie notre hypothèque, sans oublier les frais déboursés pour nos enfants à charge. Une fois retraité, plusieurs de ces dépenses vont diminuer ou disparaître», remarque Daniel Laverdière, directeur principal planification financière et service-conseil à la Banque Nationale Gestion privée 1859. D’autres postes budgétaires s’éliminent généralement au moment du retrait de la vie active: nos contributions à l’assurance-emploi, au Régime des rentes du Québec et au Régime québécois d’assurance parentale.
Pour avoir une vision plus claire de notre situation, mieux vaut s’asseoir avec un planificateur financier et estimer le retrait maximal qu’on peut effectuer sans compromettre notre plan de retraite. Tout dépendra de nos projets pour cette nouvelle vie… Veut-on beaucoup voyager ou plutôt faire du bénévolat, de la lecture et d’autres activités moins coûteuses? Cette réflexion permettra de déterminer de manière réaliste combien nous coûtera la retraite convoitée et quels seront les revenus générés.
À moins de cinq ans de la retraite, notre marge de manœuvre sera également limitée. Nos projections dépendront essentiellement du capital accumulé et des revenus de retraite auxquels on a droit. Il faudra émettre plusieurs hypothèses concernant le rendement généré par nos placements, le taux d’inflation et le montant qu’on dépensera.
Un budget réaliste
Difficile d’évaluer notre train de vie plus tard sans savoir ce qu’il nous en coûte aujourd’hui. «Afin d’estimer le plus précisément possible notre coût de vie à la retraite, il faut établir un budget dès maintenant», indique M. Laverdière.
On devra donc détailler le montant de nos dépenses, en spécifiant pour chacune si elle diminuera ou augmentera à la retraite. Ces montants après impôt incluent les frais liés au logement, les dépenses courantes et les frais de subsistance du ménage, les frais de déplacement (voiture, transport en commun), les coûts liés aux assurances et à la gestion de nos placements, les dépenses personnelles et de soins de santé, les frais de téléphonie, de câble et d’Internet. N’oublions pas non plus les frais de voyage et de loisirs, ainsi que les dépenses non récurrentes et imprévues, comme le bris d’un électroménager ou le remplacement de notre téléviseur, de nos fenêtres ou de la toiture.
«Dans le cas de ma voiture, je dois évaluer quand je vais la changer. Je pourrai ensuite utiliser comme estimation le prix mensuel de location d’une voiture semblable à la mienne», raconte Daniel Laverdière. Bref, on établit un budget pour la présente année, qu’on ajuste ensuite selon notre projet de retraite: les sommes consacrées à l’habillement sont susceptibles de diminuer, par exemple, alors que les frais liés aux divertissements pourraient, au contraire, augmenter.
La règle du 4 %
Une fois à la retraite, comment savoir si le montant qu’on retire chaque année est raisonnable? La «règle du pouce» prétend que si on décaisse 4 % de notre portefeuille d’investissements, on ne survivra pas à nos économies (une bonne chose). Cela dépend évidemment de notre âge et de la durée de la retraite…
Prenons le cas de Denise, 75 ans, une femme à la santé fragile. Ce taux de retrait risque d’être trop prudent, puisque son pécule de 100 000 $ fondra sur une période de 25 ans, toutes choses étant égales par ailleurs. Si elle retire 4000 $ tous les ans, soit la fameuse règle du 4 %, son capital sera épuisé à 100 ans.
Au début de la retraite, vers 65 ans, un taux de décaissement entre 3 % et 5 % serait dans l’ordre des choses, d’après Daniel Laverdière: «La meilleure façon de connaître le bon pourcentage sera d’examiner une multitude de scénarios.» Le planificateur financier effectuera des projections de retraite en fonction des actifs et des revenus de la personne concernée. On supposera un taux d’indexation de 2 % pour la rente du Régime des rentes du Québec et de la pension de la Sécurité de la vieillesse, par exemple. Si la personne a un profil de risque prudent, on présumera un taux de rendement de 3,5 % sur ses REER et son CELI. On indexera également au coût de la vie le montant qu’elle souhaite retirer chaque année pour vivre.
«C’est finalement par essais et erreurs que notre outil de simulation de la retraite nous indiquera ce qu’on peut dépenser», affirme l’expert. Si ce montant est bien inférieur à notre train de vie estimé à la retraite, il faudra alors prendre une décision: soit on se serre la ceinture en réduisant nos dépenses à la retraite, soit on reste encore quelques années sur le marché du travail (à temps plein ou partiel). Il est important aussi de revoir nos projections de retraite régulièrement. Si les rendements sur nos placements ou l’inflation sont supérieurs ou inférieurs à nos prévisions, cela peut changer la donne.
Où trouver une grille budgétaire?
Sur le site questionretraite.ca, on peut télécharger des grilles de budget sous les onglets «Outils pratiques», puis «Guides» et «Grilles de budget».
Sur quelle espérance de vie se baser?
L’espérance de vie est une notion cruciale en planification de la retraite. Elle représente, à la naissance, le nombre moyen d’années qu’un nouveau-né peut espérer vivre. En 2017, l’espérance de vie des Québécoises était de 84,5 ans, et celle des hommes, de 80,6 ans. Une donnée dont bien des gens tiennent compte au moment de se retirer de la vie active. Ainsi, les femmes âgées de 65 ans en 2017 pouvaient espérer vivre encore 22,4 ans, contre 19,6 ans pour les hommes. Bien sûr, ces chiffres représentent une moyenne. Il y a une probabilité sur deux qu’on soit encore en vie à cet âge. Planifier sa retraite en fonction de son espérance de vie n’est par conséquent pas très prudent, affirment les experts.
L’Institut québécois de planification financière (IQPF) recommande plutôt d’utiliser l’âge d’épuisement des actifs lorsque la probabilité de survivre aux actifs n’excède pas 25 % (quand il y a moins d’une chance sur quatre d’être encore en vie). «Planifier un nombre d’années de retraite supérieur à l’espérance de vie offre une protection contre une éventuelle augmentation de celle-ci et contre le plus grand risque financier d’un individu, soit le risque de survie», souligne l’organisme. Quel est donc cet âge pour un couple de 65 ans aujourd’hui? Rien de moins que 97 ans! Cela signifie que leur retraite pourrait s’étirer sur plus de 30 ans. Mieux vaut donc se montrer prévoyant.
Lecture intéressante en prévision de la retraite
j ai 85an et j ai 800000 milles je ne sort pas beaucoup j ai de petite dépense e et des imprévus a venir en aurai-je assez j usqua cent ans