C’est à 65 ans que sonne l’heure de la retraite pour beaucoup d’entre nous. Pourtant, de plus en plus de personnes continuent de travailler passé cet âge. Certains, parce que leur situation financière ne leur permet pas de s’arrêter, d’autres parce qu’ils veulent demeurer actifs ou simplement parce qu’ils aiment tellement leur travail qu’ils ont banni le mot «retraite» de leur vocabulaire.
C’est le cas de Marcel Lemaire, 65 ans, représentant pour Argo, une compagnie de vente d’acier: «J’ai dit à ma femme que je travaillerais jusqu’à 95 ans. J’aime ce que je fais, c’est comme une thérapie. Quand le vendredi arrive, je suis content que la semaine soit terminée et le lundi, je suis heureux de recommencer. Il y a plus de défis dans le travail que dans la retraite.» S’il devait perdre son emploi, Marcel mentionne qu’il s’en chercherait un autre ou travaillerait à son compte. Décidément, rien ne pourrait l’arrêter, sinon la maladie.
Même son de cloche du côté de Pierre Des Ruisseaux, un chiropraticien de 76 ans, et de sa femme Denise, 75 ans. Denise travaille comme réceptionniste à la clinique de son mari sur le boulevard Saint-Joseph. Cela fait maintenant 32 ans que le couple travaille ensemble. Les deux mentionnent qu’ils aiment leur travail. Denise aime les gens et essaie toujours de leur apporter le sourire quand elle voit que ça ne va pas. Pierre lui, aime son travail, un métier qu’il exerce depuis 50 ans! Il aime voir les résultats et aider les gens à retrouver leur santé. De plus, il se perfectionne en suivant quelques cours à l’occasion, ce qui le garde vif d’esprit.
«On travaille pour nous. On choisit nos horaires, nos vacances. Travailler pour mon mari, ça va, mais je ne pense pas que je serais encore sur le marché du travail si j’avais travaillé pour quelqu’un d’autre. Là, c’est dans nos affaires. Le travail me garde jeune et me fait sentir jeune. Je rencontre plein de gens. Certains patients sont même devenus des amis», explique Denise.
Selon le couple, la clé est de pratiquer des activités en dehors de l’emploi. «Certains personnes ne font rien à part leur travail. Si on veut bien vivre une retraite, on la prépare quand on est jeune. Il faut se trouver des activités. Par exemple, moi, je joue au golf. Ça garde actif. Ceux qui ne font rien peuvent vieillir de dix ans en deux années au moment où ils s’arrêtent», raconte Pierre. Bien que le couple pense à la retraite, ce n’est pas pour un proche avenir. Ils aimeraient diminuer graduellement leurs heures de travail. Toutefois, tant qu’ils auront la santé, ils désirent travailler.
Une main-d’oeuvre inspirante et en demande!
D’autres personnes, par contre, arrêteraient de travailler s’ils en avaient les moyens. C’est le cas de Douglas Bisson, 65 ans, représentant dans le domaine de l’archivage et du déchiquetage de documents. Bien que le travail l’aide à demeurer jeune et actif, il arrêterait s’il le pouvait et se consacrerait sans doute à sa première passion, la musique. «On nous conditionne à travailler dès notre naissance. Quand on ne travaille pas, on n’est pas dans la norme. Mais pour prendre ma retraite, il faudrait aussi que je trouve quelque chose pour remplir tout ce temps.» Pour le moment, la retraite ne fait pas partie de ses plans. En attendant, il aime bien transmettre son savoir à des plus jeunes, ce qu’il fait régulièrement.
Une inspiration
Travailler avec des personnes âgées comporte beaucoup d’avantages. Julianne Mainville, 34 ans, travaille dans l’immobilier depuis huit ans. Lorsqu’elle a débuté sa carrière, elle a eu la chance de rencontrer Germaine, 61 ans, qui est devenue son mentor. «Quand on finit notre formation, on croit être prêt pour le travail, mais j’ai plutôt constaté le contraire. On nous apprend la base, la théorie, mais le véritable apprentissage, c’est sur le terrain que ça se passe. Quand j’ai rencontré Germaine, j’ai non seulement rencontré une grande amie, mais c’est elle qui m’a mise en confiance, qui a partagé avec moi ses connaissances. J’ai appris beaucoup plus sur mon métier en la côtoyant que sur les bancs d’école.» Elle mentionne notamment l’approche humaine des clients et les petits trucs subtils qui servent encore à Julianne aujourd’hui.
«À 61 ans, Germaine était très active. Je voudrais lui ressembler à son âge. Malheureusement, elle a dû s’arrêter à cause d’un cancer qui l’a emportée à l’âge de 68 ans. C’est certain que je n’oublierai pas son enseignement. Quand je peux conseiller ou guider des plus jeunes, je le fais à mon tour avec joie.»
Une main-d’oeuvre en demande
Certaines entreprises recherchent constamment des personnes âgées à embaucher. Chez Wal-Mart, par exemple, les demandes d’emplois de personnes âgées sont à la hausse depuis les dernières années et l’entreprise en est bien heureuse. «Ce sont des profils d’employés qui cadrent bien avec les valeurs de Wal-Mart: le sens du devoir, du travail bien fait, la loyauté, la rigueur, le respect des gens. Ils ont ses valeurs bien ancrées en eux et ce sont nos objectifs, mentionne le directeur des affaires de Wal-Mart au Québec, Yanick Deschênes. Certains veulent seulement demeurer actifs et faire quelques heures. Nous leur offrons des horaires flexibles. Ceux qu’on embauche sont d’abord nos clients, ils voient que nos associés sont heureux. Les personnes âgées sont aussi ouvertes aux changements, débrouillardes et avides d’apprendre, c’est inspirant.»
Oui, les personnes âgées sont un véritable atout sur le marché du travail quand on prend le temps de constater tout ce qu’ils peuvent apporter. Et qui a dit que tout devait s’arrêter à 65 ans?
Mise à jour: mai 200i8
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