«Avant que les institutions financières n’informent leurs clients que les forfaits bancaires existaient, bien des gens payaient le gros prix pour avoir un simple compte de chèques dans une banque ou une caisse…», déplore Caroline Arel, avocate et responsable du service budgétaire au groupe Option consommateurs, à Montréal. Au cours des six dernières années, elle en a vu défiler des personnes qui déboursaient 30$, et même 40$, par mois en frais d’administration! Afin de réduire cette facture, elle recommande aux consommateurs de souscrire des forfaits bancaires, qui sont «généralement assez avantageux», puisque, à l’unité, le coût des transactions est élevé.
Sans forfait, les retraits, les compensations de chèques, les virements et les prélèvements automatiques peuvent coûter de 0,60$ à 0,75$ chacun. Si ces transactions sont effectuées en succursale, c’est encore plus cher, soit environ 1$ pièce. Or, un coup d’œil à vos relevés bancaires vous permettra de constater qu’il est facile de réaliser une dizaine de transactions par mois…
Les forfaits bancaires permettent de réduire systématiquement le coût à l’unité des transactions. Les institutions financières en proposent trois catégories: de base, intermédiaires et illimités.
Forfaits de base
Les forfaits de base coûtent de 2,50$ à 4$ par mois, selon les endroits. Le moins cher (2,50$) est offert par Desjardins. Ce forfait, qui s’appelle L’Économique, vous permet de réaliser sept transactions. Le tableau Les forfaits de base, à la page suivante, résume ce que les principales institutions financières au Québec proposent comme produits d’entrée.
Forfaits intermédiaires et illimités
Les forfaits de base – tableau comparatif*
Institution | Tarif mensuel | Nb. de transactions permises | Coût par transaction |
Caisses Desjardins | 2,50 $ | 7 | 0,36 $ |
Banque Laurentienne | 2,95 $ | 8 | 0,37 $ |
Banque CIBC | 3,90 $ | 10 | 0,39 $ |
Banque nationale | 3,95 $ | 10 | 0,40 $ |
Banque Scotia | 3,95 $ | 12 | 0,33 $ |
TD Canada Trust | 3,95 $ | 10 | 0,40 $ |
BMO Banque de Montréal | 4,00 $ | 10 | 0,40 $ |
RBC Groupe financier | 4,00 $ | 15 | 0,27 $ |
* en janvier 2008
Forfaits intermédiaires
Une personne qui effectue plus de 15 transactions par mois aurait avantage à opter pour un forfait intermédiaire. Il faut croire que la majorité des consommateurs se situent dans cette catégorie, car les banques et les caisses Desjardins offrent une panoplie de produits de cette nature.
Difficile, toutefois, de faire des comparaisons pertinentes, car il n’y a pas que les prix à considérer. En effet, ces forfaits incluent des services qui varient beaucoup d’une place à l’autre. Par exemple, des banques offrent une protection sans frais en cas de découvert bancaire, alors que d’autres vous permettent de faire gratuitement des transactions Interac à des guichets automatiques autres que les leurs. Dans certains cas, vous pouvez effectuer des transactions sans frais en succursale, mais ce n’est pas offert partout. Vous devez donc bien connaître vos habitudes de consommation avant d’arrêter votre choix. Pour ce qui est des prix, ils se situent entre 5,50$ et 12$ par mois, ce qui vous autorise à effectuer de 25 à un nombre illimité d’opérations.
Forfaits illimités
Ces produits s’adressent à ceux qui effectuent un grand nombre de transactions chaque mois. Ces forfaits sont la Cadillac des services bancaires, car ils comprennent un éventail de caractéristiques sans frais supplémentaires: impression de chèques personnalisés, production de traites et de mandats, protection contre les découverts, remise de chèques encaissés, etc.
Évidemment, chaque institution financière concocte son menu bien à elle. Ce que l’on trouve chez l’une, on peut ne pas l’avoir chez l’autre. Pour accéder à cette panoplie de services, vous devez débourser de 10,95$ à près de 30$ par mois.
Formidable outil de magasinage
Formidable outil de magasinage
En réponse à la grogne des consommateurs étourdis par la complexité des frais bancaires, le gouvernement fédéral a créé l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC). Cet organisme a développé un outil interactif en ligne qui vous permet de trouver le forfait bancaire le mieux adapté à vos besoins.
Pour obtenir l’information la plus juste possible, vous devez savoir combien de chèques vous émettez chaque mois, combien de retraits et de paiements de factures vous effectuez au guichet automatique ou en succursale, etc. Une fois ces données enregistrées, vous cliquez sur le bouton, et hop!, les résultats apparaissent dans un grand tableau détaillé. Dire que cet outil électronique est pratique est un euphémisme!
Conserver le minimum mensuel, est-ce un piège?
La plupart des institutions financières éliminent les frais bancaires mensuels si vous conservez un montant minimal dans votre compte durant tout le mois. Le solde exigé commence à 1 000$, mais de plus en plus d’institutions exigent 2 000$ ou 3 000$.
Est-ce avantageux de maintenir un tel montant pour avoir le privilège d’être exempté de frais? Examinons le cas d’Anissa. Notre consommatrice a un compte de chèques chez Desjardins pour lequel elle paie un forfait bancaire de 5,75$ par mois. Cela lui permet de réaliser toutes ses transactions courantes, soit une vingtaine par mois: paiement de factures et virements bancaires par Internet, prélèvements automatiques pour son REER, etc.
Si Anissa réussit à conserver 2 000$ dans son compte durant tout le mois, Desjardins ne lui facturera pas son forfait bancaire. Mais pour ce faire, elle doit mobiliser 2 000$ uniquement à cette fin. C’est beaucoup d’argent.
Elle fait le raisonnement suivant: plutôt que de toujours avoir au moins 2 000$ dans mon compte, je pourrais placer cette somme dans un CPG de 1 an et toucher des intérêts. Anissa sort sa calculatrice et examine deux scénarios.
- Maintien du solde minimal de 2 000$. Elle économiserait 69$ par année, soit 5,75$ x 12 mois. Pour obtenir un tel montant sur un placement de 2 000$, il faudrait que l’investissement rapporte 3,45% après impôt (69$ ÷ 2 000$ = 3,45%).
- Rendement sur un CPG. Actuellement, les CPG de 1 an génèrent environ 3%. Un placement de 2 000$ produirait donc 60$ avant impôt.
Théoriquement, Anissa aurait avantage à conserver 2 000$ en tout temps dans son compte, à moins de dénicher un investissement sans risque qui produirait plus de 3,45% après impôt. Ce n’est pas évident. Si, toutefois, elle opte pour les 2 000$, elle doit accepter le fait que cet argent ne servira à rien d’autre qu’à maintenir un solde minimal dans son compte. Et si, pour quelque raison que ce soit, Anissa ne respecte pas le seuil des 2 000$, ne serait-ce que de quelques sous et que pour une seule journée, Desjardins percevra le montant intégral du forfait, soit 5,75$. Notre consommatrice n’aura rien gagné.
Plutôt que de stresser à l’idée de passer sous la barre des 2 000 $, Anissa s’est fait une raison. Elle paiera 5,75$ par mois en tout temps et elle gérera ses 2 000$ à sa guise.
Trucs en vrac!
Pour réduire vos frais
Il existe plusieurs trucs qui vous aideront à réduire vos frais bancaires. En voici quelques-uns.
Faites valoir votre âge. Toutes les institutions financières offrent des rabais et, dans certains cas, une exemption de frais bancaires aux personnes aînées. Chez Desjardins et à la Banque Scotia, ces privilèges sont accordés à compter de 59 ans. Ailleurs, c’est à partir de 60 ans. N’hésitez pas à faire valoir votre âge, car l’obtention des avantages n’est pas automatique. Il faut les demander. Les économies peuvent être intéressantes. Par exemple, la Banque de Montréal élimine les frais liés à presque tous ses forfaits, même parmi les plus chers, dès que vous atteignez 60 ans.
Demandez une protection en cas de découvert. Un découvert bancaire, c’est lorsque votre compte «tombe dans le rouge» à la suite de la compensation d’un chèque ou d’un prélèvement automatique, par exemple. Les institutions financières vous facturent alors 40$, en plus d’inscrire une note négative à votre dossier de crédit. Afin d’éviter ces désagréments, demandez une protection en cas de découvert. Certains forfaits en incluent sans frais additionnels, moyennant une approbation de votre crédit.
Ne payez pas vos comptes en succursale. «Les transactions en succursale sont les plus chères. Alors, à moins d’avoir un forfait ou un programme qui les englobe, privilégiez plutôt les transactions par guichet automatique [ou par Internet].» Ce n’est pas nous qui le disons, c’est la Banque Laurentienne. Ce conseil vaut pour toutes les institutions financières au Québec.
Faites d’une pierre deux coups. Plusieurs commerçants acceptent que vous retiriez de l’argent en même temps que vous réglez vos achats par paiement direct (avec votre carte bancaire). Non seulement c’est rapide, puisque vous n’avez pas besoin d’aller au guichet automatique, mais cela ne représente qu’une seule transaction aux yeux de votre institution financière.
Évitez les guichets automatiques des autres institutions financières. Vous êtes client de la banque ABC? Vous avez avantage à utiliser ses guichets automatiques, car il n’y a habituellement aucuns frais d’utilisation de la machine. Si vous faites vos transactions à un guichet appartenant à une autre institution financière, vous risquez de payer 1,50$ de frais Interac et peut-être même d’autres charges.
Mise à jour: décembre 2008
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