Réveiller l’argent qui dort à la banque et le faire travailler pour nous: voilà une bonne façon de générer des économies et de s’assurer une retraite encore plus confortable.
L’année 2022 a coûté cher, c’est le moins que l’on puisse dire. Malgré l’inflation galopante qui affecte le prix de la majorité des produits et des services, les épargnants qui ont réussi à engraisser leur compte de banque ont de quoi se réjouir. Certes, la hausse des taux d’intérêt dictée par la Banque du Canada se répercute négativement sur les emprunteurs. Mais à l’inverse, il s’agit d’un moment idéal pour faire fructifier les milliers de dollars qui végètent dans notre compte chèques.
À partir d’aujourd’hui, on n’accepte pas un taux famélique de 0,10 % sur nos épargnes. L’heure est plutôt venue d’insuffler une dose d’énergie à ce pécule qui sommeille dans nos coffres. Louis Morneau, directeur général de la firme Aisance Gestion de patrimoine, et Katie Lefebvre, propriétaire de Budget Express, conjuguent leurs efforts pour nous aider dans cette mission.
Mettre la banque à profit
Un forfait bancaire, c’est comme toute chose: ça se magasine. «Le nôtre répond-il encore à nos besoins? Et, avant d’alléger notre encaisse pour la mettre au travail, assurons-nous de notre capacité à maintenir chaque jour du mois le solde minimum exigé par ce forfait pour éviter de payer les frais bancaires mensuels», recommande Louis Morneau.
Les utilisateurs qui souhaitent bénéficier d’un nombre illimité de transactions numériques, au guichet et au comptoir de leur succursale doivent parfois débourser jusqu’à 30 $ par mois (d’autres avantages sont habituellement associés à ce type de forfait). Or, en conservant un solde de 5 000 $ au compte, à titre d’exemple, ces frais s’annulent. Une économie de 360 $, soit l’équivalent d’un rendement de 7,2 % sur l’année.
Les dollars excédentaires peuvent ensuite être dirigés vers un compte d’épargne à haut rendement. Mais attention! Ils ne s’équivalent pas tous. Les grandes banques canadiennes sont plutôt chiches à ce chapitre, avec un taux oscillant entre 0,8 % et 1,0 %. Il est possible de doubler, voire tripler, ce taux en donnant une chance aux institutions virtuelles et autres banques alternatives. «Méfiez-vous cependant des promotions de taux valides pour une durée limitée seulement», nuance Katie Lefebvre. Tous ces dépôts sont évidemment couverts par la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC), ou l’organisme provincial correspondant.
Envisager les CPG
Les certificats de placement garanti (CPG) font un retour en force avec la hausse des taux. Et pour la première fois depuis longtemps, ils offrent un certain attrait en matière de revenu fixe. Les sommes économisées pour des objectifs à moyen terme rapporteront davantage dans l’un de ceux-ci que dans un compte d’épargne à haut rendement.
Au moment de rédiger ces lignes (septembre 2022), les rendements proposés par les six grandes banques canadiennes pour des CPG d’un an, trois ans et cinq ans sont respectivement d’environ 4,2 %, 4,5 % et 4,6 %. La concurrence fait rage et de plus petites institutions tirent leur épingle du jeu: les plus curieux d’entre nous trouveront matière à réflexion dans l’encadré qui accompagne ces pages.
Alors, est-il temps de succomber à la tentation? «Actuellement, ces taux ne permettent pas de battre l’inflation. Mais lorsque celle-ci reviendra à son niveau attendu de 2 %, un CPG obtenu à 5 % fera alors peut-être meilleure figure», nuance Katie Lefebvre.
Plusieurs statistiques démontrent cependant que, sur le long terme, la Bourse fait mieux que les produits garantis. «Durant le seul mois de juillet dernier, les marchés boursiers ont sursauté de 6 %», illustre le planificateur financier Louis Morneau. Obtenir un rendement annuel de 4,5 % avec l’assurance de récupérer le capital investi pour réaliser un projet à l’échéance d’un CPG dans 18 mois peut probablement convenir. «Mais investir dans des CPG pour financer la retraite, je n’y crois tout simplement pas», ajoute-t-il.
Investir sur les marchés
Les Bourses mondiales ayant fortement reculé depuis le début de l’année, des occasions d’achat s’y présentent pour l’investisseur avisé. «Avant de diriger l’épargne accumulée de notre compte bancaire vers les marchés, je recommande que notre fonds d’urgence et nos besoins de liquidités à court terme soient adéquatement comblés», dit Louis Morneau.
L’horizon de placement est aussi à considérer, ajoute l’expert: «De façon générale, si on prévoit avoir besoin des sommes en question d’ici cinq ans, mieux vaut ne pas envisager les marchés boursiers. Une planification financière plus complète est souvent conseillée afin de prendre la meilleure décision possible.»
Les deux intervenants insistent aussi sur l’importance de respecter le profil d’investisseur et d’en faire la mise à jour au besoin avec notre conseiller de confiance. Et rappelons-nous qu’une saine diversification est de mise. «Diversifier ne signifie pas de s’éparpiller. Nul besoin de détenir une quinzaine de fonds communs de placement ou de fonds négociés en Bourse (FNB)», renchérit l’expert.
Pour Katie Lefebvre, investir une partie de notre épargne excédentaire sur les marchés est l’occasion de choisir des titres à dividendes et de se constituer ainsi un revenu passif: «Une autre possibilité à évaluer selon votre tolérance au risque.»
Aiguiser nos réflexes
Au lieu d’avoir des milliers de dollars qui dorment à la banque et qui ne rapportent que très peu, Louis Morneau rappelle que «qui paie ses dettes s’enrichit». Conserver de l’épargne qui rapporte 2 % ou diminuer le solde d’une marge de crédit personnelle dont le taux d’intérêt est à 9 %? Voilà une autre piste de réflexion…
Quoi qu’il en soit, avant de procéder à la répartition de l’épargne accumulée, une planification s’impose. Surtout si l’envie de faire un peu de shopping vous turlupine l’esprit… «En matière de consommation, mieux vaut prévoir en amont avant d’effectuer une dépense importante. Combien de temps votre bonheur va-t-il durer à la suite d’un achat impulsif? La tranquillité d’esprit liée à la sécurité financière vaut bien davantage qu’un nouveau gadget acheté sur un coup de tête», dit Katie Lefebvre. Des propos qui résonnent comme de la musique pour Louis Morneau.
«L’épargne qu’on a réussi à accumuler permet de s’acheter de la liberté éventuelle», conclut-il.
*Toutes les données mentionnées dans cet article étaient à jour en septembre 2022.
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