La gestion des dépenses de santé inattendues et des soins de longue durée représente la première préoccupation des Canadiens quant à leur situation après 65 ans, indique un sondage de la banque CIBC mené en mars 2017. Viennent ensuite la perte de l’autonomie financière et le souci de devenir un fardeau pour leurs proches. Pourtant, les mêmes sondés disent ne pas avoir fait le nécessaire pour se préparer. Seuls deux sur cinq ont discuté avec leurs proches de la manière de gérer leurs affaires advenant une situation où ils ne seraient plus en mesure de s’en occuper eux-mêmes. La raison donnée pour cette absence de communication? Le sujet est trop inconfortable à aborder…
«Les personnes sont rapidement dépassées quand elles ne sont pas préparées», pointe Magalie Dumas, conseillère aux régions et coordonnatrice du service Info-aidant de L’Appui. Cet organisme gère un fonds dédié au soutien des proches aidants, de même qu’une ligne téléphonique qui leur est consacrée. «Une bonne partie des appels concerne les aspects financiers et légaux.»
Agir avant
Quand une pathologie ou un accident vient atteindre l’autonomie, le fait d’avoir déjà rédigé un mandat de protection change par exemple la donne. Ce document portait le nom de mandat en cas d’inaptitude jusqu’en 2016. Il transcrit votre volonté, qui devra être appliquée si vous perdez votre autonomie un jour. C’est ce document, et lui seul, qui assure que vos volontés seront respectées. Sur le mandat de protection, on indique le nom de la personne chargée de gérer vos affaires et de prendre les décisions à votre place quand vous ne serez plus en mesure de le faire. Vous pouvez en nommer une seule ou plusieurs: un mandataire pourrait s’occuper de vos biens, et un autre de votre personne. Vous trouverez davantage d’informations sur le site du Curateur public du Québec (www.curateur.gouv.qc.ca).
Si vous n’avez pas rédigé de mandat de protection, vous n’avez aucune certitude quant à la manière dont votre entourage s’organisera pour vous accompagner durant votre période de perte d’autonomie, avec des risques de chicanes, d’incompréhensions, voire d’abus dans certains cas. Or, le jour où on est diagnostiqué en perte d’autonomie, on n’est généralement plus en mesure de rédiger ce mandat. «On n’aime pas y penser, souligne Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins. Mais quand on n’est pas prêt, cela cause beaucoup de travail et de recherche à nos proches… sans compter les conflits de famille qui peuvent éclater.»
Changer de stratégie
Que le mandat soit signé ou non, le jour où la maladie longue durée est diagnostiquée, la personne (ou son mandataire) devra aussi contacter au plus vite un planificateur financier: cette situation médicale nouvelle exige de revoir sa stratégie budgétaire. On scrutera l’endettement à la loupe: le prêt hypothécaire pourrait être payé par l’assurance liée, mais que se passera-t-il avec le prêt automobile? Dispose-t-on d’une assurance qui prendra le relais pour les paiements? Et dans le cas contraire, sera-t-on en mesure de continuer à payer les remboursements?
En effet, la maladie longue durée entame la capacité à gagner des revenus. Si on est employé, une assurance collective pourrait compenser une partie de la perte salariale, mais rarement plus de 60 à 70 %. Il faudra donc vivre avec moins de revenus. Cette baisse devra être étudiée avec le planificateur, qui dispose d’une vue globale de la situation financière et patrimoniale. Il pourra vérifier les polices d’assurance, et repérer celles susceptibles de verser un montant d’argent compte tenu de cette situation médicale. «Le planificateur financier répertoriera les protections d’assurance contre la maladie et il envisagera les actions à mener», décrit Angela Iermieri.
Si on a souscrit une assurance Maladie grave ou Soins longue durée, il faudra vérifier que la pathologie est admissible… et que son stade de développement correspond à ce qui est prévu dans la police d’assurance. L’assurance Maladie grave versera un montant forfaitaire en une fois, tandis que l’assurance Soins longue durée effectuera des paiements périodiques. Il faudra alors veiller à la durée des versements, qui peuvent être limités dans le temps. Par ailleurs, les frais médicaux pourraient être coûteux, ce qui impliquera de trouver des solutions pour combler un écart possible entre les revenus et les dépenses.
Revoir le budget
Le planificateur financier pourra aussi aider la personne malade ou son mandataire à dresser l’inventaire de ses biens. Cela pourrait aboutir à la vente de l’automobile ou du chalet pour compléter les revenus et assumer les dépenses de vie. Un changement de domicile pourrait aussi s’envisager, afin que le cadre de vie soit davantage adapté à la nouvelle condition médicale.
Mieux vaut aussi vérifier avec le planificateur financier quels sont les droits de la personne qui aide au quotidien. «L’aidant peut voir sa propre situation financière remise en cause», relève Angela Iermieri, pensant notamment à ceux qui accompagnent leurs parents tout en ayant encore leurs enfants à charge. Le proche aidant pourrait bénéficier de crédits d’impôt s’il doit, entre autres, réduire son activité professionnelle pour aider, voire la cesser totalement. Il peut également demander des versements de compassion à Assurance Emploi Canada. De nouvelles dispositions ont pris effet le 3 décembre dernier: une nouvelle prestation d’un maximum de 15 semaines est versée au proche aidant d’un adulte gravement blessé ou malade, sous couvert de remplir plusieurs conditions (plus de détails sur canada.ca, sous les onglets «Prestations», puis «Assurance-emploi»).
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