Cette petite annonce que vous pouvez voir dans les journaux ou sur Internet pique votre curiosité? Méfiez-vous! Car il s’agit d’un leurre lancé par une organisation criminelle ayant des ramifications internationales.
Jusqu’ici, plusieurs centaines de consommateurs canadiens sont tombés dans ce piège. Afin d’avoir rapidement de l’argent, ils ont troqué la propriété de leur compte de retraite immobilisé (CRI) ou de leur fonds de revenu viager (FRV) contre quelques milliers de dollars. Ensuite, ils n’ont plus jamais revu la couleur de leur épargne-retraite.
«Les gens qui éprouvent des difficultés financières à la suite d’une perte d’emploi, par exemple, peuvent être vulnérables devant ce type de sollicitation», prévient la sergente Annie Lussier, responsable de module au service des enquêtes sur la criminalité financière organisée, à la Sûreté du Québec.
Le mode d’opération
Le stratagème est relativement simple. Une fois que vous avez pris contact avec les filous, on vous fait remplir un formulaire pour transférer votre CRI ou FRV de votre institution financière à une société bidon qui dit administrer des caisses de retraite.
L’institution financière émet un chèque à votre nom, au montant du solde de votre CRI ou FRV. Vous remettez ce chèque signé aux filous qui, en contrepartie, vous donnent de 40% à 50% environ du solde de votre compte. Par la suite, l’organisation criminelle peut faire deux choses : déposer votre argent dans des comptes bancaires de compagnies coquilles ou encaisser votre chèque dans un centre d’encaissement.
«L’argent peut être payé comptant. Mais, habituellement, les criminels préfèrent effectuer une série de petits virements bancaires afin d’échapper aux vérifications que font les institutions financières», précise Madame Lussier. Le montant que garde l’organisation est dirigé vers des paradis fiscaux. Vous pouvez alors dire adieu à votre épargne-retraite.
Une fraude fiscale de grande ampleur
Une kyrielle d’accusations
Non seulement vous êtes-vous fait avoir, mais vous avez participé à une fraude fiscale de grande ampleur. En effet, tout retrait d’un CRI ou d’un FRV est considéré comme un revenu imposable. Mais ici, on s’en doute bien, personne ne déclare rien au fisc. Le printemps dernier, la Sûreté du Québec a épinglé 11 de ces escrocs qui auraient floué le gouvernement d’une somme totalisant 14,5 millions de dollars.
«Les cerveaux de cette organisation criminelle opéraient principalement à partir de Montréal et de Laval, dit la sergente Lussier. Ils font maintenant face à une kyrielle d’accusations: gangstérisme, fraude, complot, faux-semblant, recyclage de produits de la criminalité, possession de biens criminellement obtenus, etc.»
Certains d’entre eux sont des habitués des tribunaux. Entre autres, ils ont déjà eu maille à partir avec l’Autorité des marchés financiers (AMF) relativement à des arnaques concernant l’encaissement illégal de REER. Les accusations qui ont été portées à leur encontre étaient alors de nature pénale. Cette fois, ils devront se défendre d’actes criminels. S’ils sont déclarés coupables, ils pourraient se retrouver au cachot, en plus de devoir des explications au fisc.
Une vérification s’impose
Une vérification s’impose
C’est malheureux, mais le domaine de la finance est une cible de prédilection pour les voleurs. Outre les combines pour désenregistrer illégalement les CRI, les FRV et les REER, certains autres signes peuvent vous indiquer que vous êtes peut-être en présence de bandits. Soyez vigilant si on vous:
- promet des rendements élevés et sans risque;
- offre des placements sans que vous en ayez fait la demande;
- assure que les actions que l’on vous propose à rabais seront bientôt inscrites à la Bourse;
- dit de faire vite pour bénéficier d’une occasion de placement «incroyable»;
- demande de garder «le secret», puisqu’on vous a choisi avec quelques autres privilégiés pour profiter d’une offre de placement fabuleuse;
- exhorte de signer d’avance des formulaires et des procurations;
- culpabilise parce que vous hésitez à investir.
Que faire dans de telles situations?
D’abord, ne signez rien. Ne faites aucun chèque avant d’avoir vérifié les deux points suivants auprès de l’AMF:
- L’individu qui vous sollicite est titulaire d’un permis de pratique en bonne et due forme.
- L’entreprise qu’il représente est inscrite sur le registre de l’AMF.
Pour ce faire, communiquez avec le Centre d’information de l’Autorité des marchés financiers.
Québec: 418 525-0337
Montréal: 514 395-0337
Sans frais: 1 877 525-0337
Vous pouvez aussi consulter en ligne le Registre des entreprises et des individus autorisés à exercer de l’AMF. Vous trouverez ce très utile engin de recherche sur la page d’accueil du site de l’Autorité. Tapez www.lautorite.qc.ca. Cette simple vérification peut sauver l’épargne-retraite de toute une vie.
Mise à jour: août 2013
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