Jean et Nicole Bruneau sont tombés en amour une quatrième fois dans leur vie. La première, c’était l’un pour l’autre. Ensuite, ce fut pour leurs deux enfants. Maintenant, c’est pour ce chalet qu’ils louent depuis trois ans dans les Laurentides, près de Mont-Tremblant.
Imaginez. Une charmante petite maison tout équipée pouvant accueillir huit personnes. Une véranda munie de moustiquaires, avec vue sur la rivière du Diable. Vous descendez le terrain, puis vous débouchez sur une vaste plage de sable fin. À couper le souffle! Dommage que le propriétaire ne veuille pas vendre…
Prix hors de proportion
Comme les Bruneau, des milliers de Québécois dans la mi-cinquantaine ont amassé des économies et arrivent à l’âge où leur budget commence à souffler. Les enfants volent de leurs propres ailes, l’hypothèque est sous contrôle et leurs revenus sont au faîte. Ils voudraient bien réaliser cet investissement dont ils parlent depuis plusieurs années: acheter un chalet afin d’y couler une retraite confortable.
Les Bruneau se mettent à fouiller la région afin de dénicher un havre de paix. Rapidement, ils constatent que les prix sont hors de proportion. Des petits chalets rénovés de 800 pi2, même pas au bord de l’eau, se vendent 150 000 $! Sur les rives d’un lac? Rien en bas de 250 000 $. «On est dans un marché de vendeurs. Il n’y a pas beaucoup de chalets sur le marché, et la rareté fait monter les prix», explique Jeanne Dubé, spécialiste en hypothèques à BMO Groupe Financier, dans les Laurentides.
Les Bruneau se rendent compte qu’ils n’ont pas les moyens de se payer une résidence dans le secteur de Tremblant. Pour accommoder leur budget d’environ 100 000$, ils doivent chercher plus au nord. Ils ont vu un chalet de 115 000$ au lac du Cerf, à environ 35 km de Mont-Laurier. Mais c’est plus cher que prévu et à trois heures de route de Montréal.
Direction Saint-Zénon
Sur Internet, notre couple a utilisé les sites Chalets branchés du Québec et ChaletsAuCanada.com. Le soir, ils syntonisaient les télé-annonces pour voir ce qui était offert. Ils ont de plus consulté des brochures publiées par les agents immobiliers.
Une propriété à Saint-Zénon a retenu leur attention. Il s’agit d’un chalet quatre-saisons de quatre pièces avec sous-sol semi-fini. Le terrain de 15 000 pi2 donne directement sur la rivière Noire. Une petite plage privée a été aménagée. Prix demandé: 89 000$.
«Saint-Zénon, c’est à deux heures de route de la maison. Ce n’est pas si mal», constate Nicole Bruneau. En outre, la région de la Matawinie est plus paisible que celle des Laurentides. Et quelle belle nature sauvage! M. Gélinas, le vendeur, a inséré quelques photos des lieux sur le site Internet. Intéressés, les Bruneau l’ont appelé pour prendre rendez-vous.
Sur place
Sur place
M. Gélinas leur a d’abord montré le terrain. Il mesure 100 pi x 150 pi et est presque tout gazonné. Il y a des voisins à droite que des bosquets de bouleaux et d’épinettes dissimulent passablement. À gauche se trouve un méandre de la rivière. Donc, pas de voisin de ce côté. Derrière la propriété court un chemin de gravier qui mène vers la route principale. Devant, la rivière Noire brille de mille feux en cette journée ensoleillée. M. Gélinas précise qu’elle a bon courant. «Il faudra surveiller les petits-enfants durant les baignades», précise-t-il.
«Est-ce qu’elle déborde au printemps?», demandent les Bruneau. «Oui, mais l’eau ne se rend pas au chalet. La crue dure moins d’une semaine.» Seule la plage, qui fait environ 30 pi de largeur, est inondée. En été, toute la partie avant du terrain reçoit le soleil du matin jusque vers 14 h.
Les Bruneau ont demandé:
- Le terrain est-il arpenté? Cadastré?
- Quand la fosse septique a-t-elle été installée? Avez-vous un champ d’épuration?
- Quand le puits artésien a-t-il été creusé? Avez-vous fait analyser l’eau récemment?
- Quelles sont les servitudes (Hydro-Québec, compagnie de téléphone)?
- Le chemin de gravier est-il privé ou municipal?
- Y a-t-il une piste de motoneige ou de VTT à proximité?
Le chalet
M. Gélinas a ensuite invité le couple à voir l’intérieur. Il s’agit d’un chalet carré de 32 pi x 32 pi, sans compter le balcon. Le bâtiment compte quatre pièces plus une salle de bains. La cuisine et la salle à manger occupent la moitié avant du chalet. Grâce à une porte-fenêtre flanquée d’une baie vitrée, le soleil y pénètre généreusement. La vue sur la rivière Noire y est spectaculaire. Les deux chambres à coucher, spacieuses, sont situées à l’arrière du chalet.
Électroménagers, meubles, vaisselle et ustensiles sont inclus dans le prix de vente. Nicole note que la cuisine n’a pas beaucoup d’armoires. La salle à manger est pourvue d’un poêle à combustion lente avec porte vitrée, au bonheur de Jean. Dans les chambres à coucher, des calorifères électriques assurent le chauffage. Déception! La salle de bains est vraiment exiguë. La baignoire-douche aurait besoin d’être sérieusement rafraîchie.
Sur le plancher, le propriétaire a posé du linoléum à la grandeur. «Avec le sable de la plage, c’est plus facile à entretenir», dit-il. Le sous-sol de 6 pi de hauteur est en béton. Les Bruneau y trouvent le chauffe-eau, la pompe du puits artésien et le panneau d’alimentation électrique. Tout semble en bon état de marche.
Jean Bruneau a sorti sa liste de points à vérifier:
- Le chalet est-il libre de toute dette?
- Quand a-t-il été construit?
- Est-il isolé à la MIUF?
- Le toit a-t-il été refait?
- Quel est le montant de l’évaluation municipale?
- Combien sont les taxes municipales et scolaires?
- À combien s’élève la facture de chauffage l’hiver?
Satisfaits des réponses, les Bruneau prennent congé. Ils vont réfléchir et donner des nouvelles à M. Gélinas.
Le financement
Le financement
«Puis, qu’en penses-tu?», demande Jean à sa femme. «C’est vraiment un bel endroit, mais un peu reculé. Il faudra être prudent sur la route principale qui est sinueuse. Il y a moins de lumière qu’au chalet que nous louons, mais on a le soleil du matin et du midi. Nous devrons tout repeindre et éventuellement rénover la salle de bains. Le prix est raisonnable. On pourra négocier.»
Jean aussi a certaines réserves sur la région. De la plage, on entend les voitures sur la route. Bref, notre couple hésite. Pour sûr, ils visiteront d’autres propriétés avant de prendre une décision.
S’ils optaient pour le chalet de M. Gélinas, combien cela leur coûterait-il? Leur institution financière leur confirme qu’ils peuvent obtenir une hypothèque de premier rang. Les Bruneau n’auraient qu’à verser un acompte de 10%, ou même de 5%, la banque financerait le reste. Si le chalet coûte 89 000$, une avance de 4 450$ seulement suffira à boucler la transaction. En amortissant l’hypothèque sur 20 ans, notre couple aurait des mensualités de près de 650$ par mois.
Et il y a les taxes, les assurances, l’électricité, le téléphone, l’entretien, les déplacements, l’équipement, etc. Environ 3 000$ par année, ou 250$ par mois. «On est rendus à 900$ par mois!», estime Nicole.
Soudain, un doute assaille les Bruneau. Et si c’était hors de prix? «Non, on a déjà fait les calculs. On a l’argent. C’est parce que nous ne sommes pas tombés en amour avec le chalet de M. Gélinas, voilà tout», croit Jean.
En effet, si le propriétaire du chalet qu’ils louent sur la rivière du Diable mettait sa propriété en vente, les Bruneau feraient une offre d’achat sur-le-champ. «Dès demain, nous poursuivrons les recherches», conclut Nicole, plus décidée que jamais.
Le prix des chalets en 2007
Dans son édition de février-mars 2007, le magazine Mon Chalet a fait le tour d’agences immobilières de la province afin de voir combien pouvait coûter un chalet au bord de l’eau. Voici les résultats.
Région | |
Abitibi-Témiscamingue | de 20 000$ à 60 000$ |
Bas-Saint-Laurent | de 80 000$ à 300 000$ |
Cantons-de-l’Est | de 100 000$ à 750 000$ |
Centre-du-Québec | de 60 000$ à 250 000$ |
Charlevoix | de 70 000$ à 650 000$* |
Chaudière-Appalaches | de 75 000$ à 2 millions $ |
Gaspésie | de 25 000$ à 250 000$ |
Lanaudière | de 100 000$ à 500 000$ |
Laurentides | de 100 000$ à 4 millions$ |
Manicouagan | de 25 000$ à 200 000$ |
Mauricie | de 50 000$ à 600 000$ |
Montérégie | de 40 000$ à 100 000$ |
Outaouais | de 150 000$ à 700 000$ |
Saguenay-Lac-Saint-Jean | de 50 000$ à 275 000$ |
* Avec vue sur le fleuve.
Mise à jour: avril 2008
Commentaires: