Qu’elles soient hybrides, rechargeables ou 100 % électriques, les VÉ ou voitures électriques remportent présentement tous les suffrages. Le bon moment pour sauter le pas?
Au tournant du nouveau millénaire, une drôle de bibitte faisait son apparition en Amérique du Nord: la Toyota Prius, avec sa bi-propulsion essence/électricité. Depuis, dix millions d’hybrides ont été vendues aux quatre coins de la planète, dont la moitié arborant le logo Prius. La japonaise est d’ailleurs à l’origine d’une déferlante de VÉ, ce terme englobant, au Québec, autant les hybrides rechargeables que les voitures 100 % électriques.
Toutes les VÉ ne se valent toutefois pas. Et malgré leur popularité médiatique, elles ne sont pas faites pour tout le monde. Voilà ce qui explique en partie pourquoi leurs ventes (excluant les hybrides «traditionnelles») ne dépassent toujours pas 1 % des quelque 80 millions d’automobiles neuves annuellement vendues dans le monde.
C’est quoi, la différence?
Les hybrides
Elles joignent la propulsion électrique (zéro émission) au traditionnel moteur à essence (émetteur de polluants). En y allant doucement avec l’accélérateur, on peut les conduire en mode tout électrique, mais seulement sur quelques kilomètres. C’est en ville que les hybrides sont les plus frugales, là où le freinage et la basse vitesse règnent en maître.
Pas besoin de «brancher» une hybride: les accumulateurs se rechargent par l’action du moteur à combustion et la récupération de l’énergie du freinage. Mais comme les accumulateurs sont habituellement installés à l’arrière, le cargo est retranché et, dans le cas d’une berline, la banquette ne se rabat parfois pas, ce qui handicape la polyvalence du chargement.
L’hybride championne de l’économie d’essence demeure la Toyota Prius (àpd. 29 400 $). À bord de sa plus récente génération, nous avons facilement enregistré du 4,7 L/100 km (ville-autoroute), mais certains affirment, sur le site de consommation réelle fuelly.com, parvenir à rouler pour moins de 4 L/100 km. Info: toyota.ca.
D’autres exemples de voitures hybrides: Toyota Camry Hybrid et Highlander Hybrid, à peu près toutes les Lexus, Honda Accord Hybrid, Kia Optima Hybrid ou Kia Niro Hybrid.
Les hybrides rechargeables
Aussi appelées Plug-in hybrid electric vehicle (PHEV), elles sont la suite logique des hybrides: leur moteur électrique les propulse d’abord, puis, une fois l’énergie épuisée (après 20 à 50 km, selon les modèles), le moteur à combustion prend la relève, comme pour une voiture conventionnelle.
Ces hybrides «branchées» réunissent le meilleur des deux mondes: nous faire économiser du carburant, sans pour autant risquer la panne électrique. À première vue, les modèles paraissent dispendieux, mais ce sont généralement les mieux équipés de leur gamme.
Ces PHEV se branchent afin d’obtenir l’apport électrique qui les rend si énergétiques. Elles se rechargent en une nuit à même la prise résidentielle, l’achat et l’installation d’une borne de 240 volts (1 500 $) n’est donc pas nécessaire. Au Québec, nous sommes particulièrement avantagés par cette technologie en raison des faibles coûts de notre électricité (quatre fois moins qu’à New York ou à San Francisco) et parce qu’elle est considérée «énergie verte».
La Chevrolet Volt est la PHEV la plus «autonome» du moment, avec 85 kilomètres en tout électrique entre les recharges (40 500 $, moins le rabais provincial de 8 000 $). À son bord, certains automobilistes réussissent à ne plus jamais consommer une goutte de carburant. En moyenne, les trois quarts des kilomètres parcourus par les propriétaires de Chevrolet Volt le sont en mode électrique, selon le site voltstats.net. Info: chevrolet.ca.
D’autres voitures hybrides rechargeables disponibles au Canada: Audi A3 Sportback e-Tron, BMW 330e, Hyundai Ioniq Plug-In et Sonata Hybrid Plug-In, Ford Fusion Energi et C-Max Energi, Chrysler Pacifica Hybrid Plug-In, Toyota Prius Prime.
Les 100 % électriques
Pas de moteur à combustion, juste un moteur électrique et des piles (généralement au lithium-ion), c’est ce qui définit les voitures 100 % électriques! Leurs principaux avantages? Zéro pollution (du moins, au tuyau d’échappement), une mécanique simple et facile à entretenir, ainsi qu’une puissance directe et silencieuse, très appréciée des conducteurs. Sans compter, évidemment, le fait de ne plus jamais avoir besoin de passer à la station-service! L’Institut du véhicule innovant (IVI) de Saint-Jérôme estime la consommation d’électricité d’une voiture de ce genre à environ 286 $/an, sensiblement la même qu’un chauffe-eau de 40 gallons. En comparaison, une voiture compacte à essence coûtera environ 2 000 $ en carburant.
Si les voitures électriques se vendaient à des prix similaires à ceux des modèles comparables à essence, il n’y aurait même pas de discussion. Mais en raison des développements technologiques, des motorisations d’avant-garde et des coûteuses batteries, leur prix d’achat demeure de deux à trois fois plus élevé. Par exemple, la plus connue, la Nissan Leaf, débute à 38 000 $. Même en soustrayant les 8 000 $ de rabais du gouvernement du Québec, on est loin des 15 000 $ demandés pour la (presque) semblable Nissan Versa Note. Avant de rentabiliser son acquisition, il faut en parcourir, des kilomètres… Jesse Caron, expert chez CAA-Québec, estime que l’automobiliste qui roule 16 000 km/an (la moyenne québécoise) mettra une décennie avant de commencer à amortir le coût d’une voiture 100 % électrique.
D’autres raisons expliquent que, même après six ans de réelle présence sur le marché mondial, les ventes de ce type de véhicule n’explosent pas: l’autonomie électrique limitée, les longues périodes de recharge, la disponibilité aléatoire des bornes publiques, la crainte des pannes, l’investissement requis pour la recharge résidentielle (quoique Québec paie une partie des frais, jusqu’à concurrence de 600 $) et la mauvaise valeur de revente.
Cela dit, la BMW i3 (àpd. 55 500 $, moins le rabais provincial de 8 000 $) se démarque des autres électriques: elle peut être livrée avec un petit moteur (de moto!) à essence qui double son autonomie à 300 kilomètres et permet, pour de plus longs trajets, de rapidement faire le plein à n’importe quelle station-service. Info: bmw.ca.
D’autres exemples de voitures électriques disponibles au Canada: Chevrolet Bolt, Ford Focus Electric, Kia Soul EV, Mitsubishi i-Miev, Nissan Leaf, smart fortwo Electric Drive (attendue pour 2018), Tesla Model S et Model X, Volkswagen e-Golf.
Pour plus d’information: Roulez Électrique (roulezelectrique.com) et Association des VÉ du Québec (aveq.ca).
Louer au lieu d’acheter
Selon la National Automobile Dealers Association (NADA), les voitures 100 % électriques enregistrent les plus fortes dépréciations de l’industrie. Trois ans après leur achat, elles ne valent, sur le marché de l’occasion, qu’un quart de leur prix de vente neuves, soit deux fois moins que pour les véhicules à essence. Voilà pourquoi il vaut mieux louer son électrique plutôt que de l’acheter, affirme la réputée publication américaine Consumer Report. En agissant de la sorte, on fera reposer les risques financiers de ces premières générations technologiques sur d’autres épaules que les nôtres, celles des constructeurs notamment.
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