Les cartes de crédit sont un excellent outil de paiement, mais un pauvre moyen de financement. Voici nos conseils pour éviter les pièges et en tirer le meilleur parti possible.
Mastercard, Visa ou American Express? Lorsque utilisées judicieusement, les cartes de crédit valent leur pesant d’or. Mais en raison de leur taux d’intérêt élevé — 19,99 % au minimum, généralement — et de la complexité du calcul qui lui est associé, le consommateur paie un lourd tribut lorsque la spirale de l’endettement s’enclenche. «Ce taux demeure plus élevé que le total des taxes à la consommation (TPS et TVQ) assumées sur nos achats», illustre Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire pour Option consommateurs.
Les dangers d’une carte de crédit dont le solde ne semble jamais vouloir descendre sont faciles à identifier. Prenons l’exemple d’une personne qui, au cours d’un mois, effectue avec sa carte de crédit des achats totalisant 2370 $. Ce montant n’a pas été choisi au hasard: il correspond aux dépenses mensuelles moyennes que fera un Canadien en utilisant ce mode de paiement, selon les plus récentes données compilées par Equifax.
Qu’arrive-t-il si ce consommateur n’est plus en mesure d’effectuer de paiements complets et qu’il se contente de verser le paiement minimum fixé à 3,5 % du solde? À un taux de 19,99 %, les frais de crédit s’élèvent à environ 1998 dollars pendant les 12 ans et 10 mois requis pour ramener le solde à zéro. Un déboursé mensuel de 2370 $… qui coûte en réalité 4368 $ à terme. Selon le calculateur de l’Office de la protection du consommateur, l’ardoise grimpe donc rapidement.
En cette période de l’année où notre portefeuille est mis à rude épreuve, les conseils suivants nos aideront à garder la tête au-dessus de l’eau.
1) Rembourser sans tarder
Revenons à l’exemple précédent. Sur un solde de 2370 $ porté au compte d’une carte de crédit, à combien s’élèvera l’intérêt à assumer pour celui qui paie la moitié du montant dû, soit 1185 $? Plusieurs répondront sans doute que l’intérêt court sur la moitié de la dette restante, soit 1185 $, ce qui n’est pas la bonne réponse. «Si vous faites un achat de 100 $ et que vous effectuez ensuite un paiement de 99 $, vous ne payez pas les intérêts sur le 1 $ restant, mais plutôt sur la totalité de votre achat de 100 $», explique Johanne Le Blanc.
Les intérêts sont donc calculés sur le total des achats, même si on en rembourse la majeure partie! «À l’expiration de la période de grâce, l’intérêt sera comptabilisé sur l’ensemble de la somme indiquée au relevé si la totalité du solde dû n’est pas acquittée», confirme à son tour Katie Lefebvre, propriétaire de Budget Express, un logiciel spécialisé en finance personnelle. On bénéficie généralement de 21 jours à partir du dernier jour de la période de facturation pour régler la note.
Un règlement partiel entraîne donc le calcul d’un intérêt quotidien rétroactif à compter du jour où les achats sont effectués. Et il n’y a aucune période de grâce pour les avances de fonds: les intérêts courent aussitôt le retrait effectué. La leçon qu’on en retire? Qu’il est préférable de payer intégralement le solde mensuel de notre carte de crédit avant la date d’échéance exigée.
2) Éviter les dépenses à l’aveuglette
Johanne Le Blanc l’explique sans équivoque: «La carte de crédit n’est pas une liquidité disponible, c’est un emprunt!» Dépenser sans compter à partir de celle-ci, sans déterminer de combien l’on dispose réellement, augmente le risque de se retrouver en mauvaise posture financière. «La plupart de nos revenus et de nos dépenses sont prévisibles. Il faut bâtir un budget mensuel pour l’année qui vient et s’y tenir», ajoute Mme Le Blanc.
Une bonne pratique est d’utiliser une carte de crédit comme outil de paiement, et non comme moyen de financement. Il est nécessaire de prévoir nos achats en amont avant de les effectuer par l’entremise d’une carte de crédit. «La gestion budgétaire est indissociable d’une utilisation des cartes de crédit. L’un ne va pas sans l’autre», dit Katie Lefebvre.
Si l’on prévoit acheter de nouveaux pneus d’hiver dans quatre ans, par exemple, l’idéal est de mettre de côté, durant 48 mois, une somme périodique suffisante à l’épargne pour détenir le montant requis à l’échéance. «On paie ensuite la dépense en magasin par le biais de notre carte de crédit, et on utilise l’argent mis de côté à cette fin pour régler l’intégralité du montant dû avant la fin de la période de grâce», recommande Mme Lefebvre. Et nous ne sommes pas dans l’obligation d’attendre la fin du mois avant de faire les paiements requis. «On peut les effectuer au fur et à mesure que les dépenses s’accumulent au compte durant la période», suggère l’experte.
3) Considérer l’augmentation du paiement minimum
Le 1er août dernier, le montant exigé à titre de versement minimal périodique sur les cartes de crédit a été rehaussé à 3,5 % du solde, soit un demi-point de pourcentage de plus que le taux précédent. Et ce montant est appelé à augmenter graduellement le 1er août de chaque année jusqu’à atteindre 5 % du solde en 2025. D’ailleurs, tous les contrats conclus depuis le 1er août 2019 doivent déjà prévoir un versement minimal ne pouvant être inférieur à 5 % du solde.
«Cet ajustement vise à prévenir les problèmes d’endettement. Le consommateur rembourse davantage le solde dû chaque mois et se retrouve ainsi à payer moins de frais de crédit», résume Katie Lefebvre. Pour ceux et celles qui traînent malheureusement un certain passif à cet égard, mieux vaut prévoir d’ajuster à la hausse le budget consacré à ce versement mensuel.
4) Utiliser une carte de crédit à taux réduit
Si le solde de notre carte de crédit actuelle nous étouffe, l’obtention d’une marge de crédit ou d’un prêt personnel pour consolider cette dette sont deux moyens à privilégier si on veut sortir la tête de l’eau. Mais encore faut-il pouvoir se qualifier à l’un ou l’autre de ces produits auprès de notre banquier.
Une autre option est de déplacer le solde dû vers une autre carte de crédit dont le taux d’intérêt est moindre. Ce transfert de solde permet de payer la dette d’un seul coup et d’entamer le remboursement sur l’autre carte, plus avantageuse. Bien souvent, cette dernière vous offrira même un répit : un taux d’intérêt promotionnel très bas, variant entre 0 % et 4 %, pourrait vous être octroyé pendant une période de 3 à 10 mois après l’activation de la carte.
Plusieurs modalités encadrent cependant cette pratique. Par exemple, des frais uniques de transaction (1 % du total transféré, à titre d’exemple) sont parfois exigibles. Rien pour annuler l’avantage financier de la transaction (19,99 % comparativement à un taux promotionnel de 0 % pendant un certain nombre de mois), mais mieux vaut être aux aguets avant de procéder.
L’Agence de la consommation en matière financière du Canada propose d’ailleurs un outil de comparaison de cartes de crédit très utile, sur le site du gouvernement du Canada. L’un des filtres de recherche permet justement d’indiquer le taux d’intérêt maximum sur les transferts de solde que l’on accepte d’assumer sur la carte de crédit recherchée.
5) Profiter des avantages offerts
Plusieurs cartes de crédit offrent gratuitement différents types de garantie prolongée. D’autres fournissent une assurance voyage ou un service d’assistance routière, à titre d’exemple. Prenons le temps de nous informer sur les avantages qui accompagnent les cartes que l’on détient. Dans le contexte actuel teinté par la hausse généralisée des coûts, rien ne sert de débourser pour une protection indépendante… si votre carte de crédit vous l’offre déjà d’emblée!
6) Choisir un programme de récompenses avantageux
Il ne faut pas négliger non plus la générosité des programmes de récompenses associés aux cartes de crédit. Plusieurs variables entrent cependant dans l’équation. Par exemple, certaines cartes de crédit exigent le paiement de frais annuels. Et le jeu en vaut parfois la chandelle : un rabais-voyage, le remboursement du coût du stationnement à l’aéroport ou une généreuse prime de bienvenue permettent souvent de rentabiliser rapidement la cotisation annuelle. Règle générale, elles contribuent aussi à l’accumulation plus rapide de vos points de récompenses.
Jean-Maximilien Voisine, président fondateur de Milesopedia et expert en programmes de fidélité, recommande de bien analyser nos dépenses et d’identifier nos désirs pour faire un choix éclairé. «Tout le monde a des objectifs et des niveaux de vie différents. Certaines personnes souhaitent voyager alors que d’autres fréquentent davantage les restaurants. C’est pourquoi une carte de crédit sera peut-être adaptée pour un consommateur, mais pas pour l’autre», dit-il.
Il est donc bénéfique d’utiliser un comparateur afin de dénicher l’offre la mieux adaptée à notre situation. Une panoplie de filtres — revenu annuel, dépenses mensuelles portées au compte, caractéristique principale de la carte recherchée, etc. — permettent de personnaliser notre recherche. Que l’on souhaite mettre la main sur une carte de crédit dotée d’un programme de remises en argent ou de récompenses, axée sur le voyage ou assujettie d’un faible taux d’intérêt, l’algorithme est d’une efficacité redoutable pour vous simplifier la vie.
7) Maximiser les bénéfices obtenus
Que l’on accumule des points pour s’offrir éventuellement une récompense ou qu’une remise en argent nous soit accordée selon le type de magasin fréquenté, le constat est le même : ça peut être payant! Soyons astucieux. «Il est possible de payer nos taxes municipales par le biais d’une carte de crédit, de gagner tous les privilèges liés à cette transaction et de rembourser ensuite dans son intégralité notre compte», souligne Katie Lefebvre.
Les consommateurs qui bénéficient d’une remise en argent de 4 % en épicerie peuvent profiter de l’occasion pour y acheter des cartes-cadeaux, qu’ils utilisent ensuite pour leurs achats courants dans les commerces sélectionnés. Voilà comment faire d’une pierre deux coups : multiplier les remises obtenues et faciliter le respect du budget. Et si faire preuve de créativité était le secret, en 2023, pour avoir plus d’argent dans nos poches ?
Les indispensables d’un bon dossier de crédit
• Le calculateur de l’Office de la protection du consommateur, pour calculer le montant minimum à verser sur notre carte de crédit.
• Les outils de comparaison de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (canada.ca, section Argent et finances – Calculatrices et outils financiers) et de Milesopedia pour comparer les cartes de crédit et trouver celle qui correspond à nos besoins.
Moi et ma conjointe mettons tout sur notre carte de crédit. Mais une chose est super importante pour nous deux: nous ne devons pas dépasser notre capacité pour payer. Donc chaque lundi matin, je paie comptant le solde de notre carte de crédit.
Nous sommes sûrs qu’à la fin du mois, celle-ci est payée à 100%.
C’est certain, si nous ne pouvions pas nous contrôler sur le crédit, elle serait coupée sur-le-champ.
Ma carte de crédit me rapporte près de 1000$ dollars chaque année. Bien sûr je règle ma carte au complet chaque mois et je l’utilise au maximum pour accumuler des points bonis que j’utilise pour payer des billets d’avion ou de l’hébergement. Elle me coûte 130$ par année mais faites le compte. Je sais que je suis privilégié et que si j’en profite autant c’est parce que plusieurs n’arrivent pas à régler leurs cartes et doivent payer des frais mais dois-je me sentir coupable pour autant?