Avec l’évolution rapide des technologies, les fraudes ciblant les aînés se multiplient à une vitesse alarmante. La fraude est d’ailleurs le principal crime commis envers les aînés au Canada.
Désormais, les arnaqueurs exploitent de nouveaux outils technologiques pour rendre leurs manœuvres plus crédibles et difficiles à détecter. Qu’il s’agisse d’appels téléphoniques frauduleux utilisant des systèmes de simulation vocale ou d’escroqueries en ligne sophistiquées, les arnaques deviennent de plus en plus complexes. Malgré les alertes et les mises en garde, ces fraudes continuent de prospérer à l’ère de la technologie.
En tant qu’experte dans le domaine des fraudes technologiques, je tenterai de fournir des pistes de réponses à la question suivante: pourquoi les fraudes envers les aînés se multiplient-elles alors qu’elles sont fortement médiatisées? Et comment peuvent-ils s’en protéger?
Fraudes technologiques aux grands-parents
Bien que les fraudes touchent diverses tranches de la population, certaines visent particulièrement les aînés en raison de leur vulnérabilité. Par exemple, la fraude aux grands-parents, où un fraudeur prétend être un proche en difficulté, exploite la confiance des aînés et les pousse à envoyer de l’argent dans l’urgence. Le Centre antifraude du Canada (CAFC) a ainsi répertorié 2 494 victimes de ce stratagème, pour une perte globale de 9,4 millions de dollars.
La fraude sentimentale est aussi un piège courant, où des escrocs établissent des relations en ligne sur une longue période avant de soutirer de l’argent sous prétexte de difficultés financières ou d’urgences personnelles. Ce type de fraude s’est intensifié avec les technologies modernes, représentant le troisième type de fraude ayant causé les pertes financières les plus importantes pour les Canadiens en 2023, selon la Gendarmerie royale du Canada. En 2022, ces pertes se sont élevées plus de 59 millions de dollars aux Canadiens selon les chiffres du CAFC.
Photos volées et identités fictives
Les plateformes de rencontre et les réseaux sociaux permettent aux fraudeurs de créer des profils convaincants à partir de photos volées et d’identités fictives. L’intelligence artificielle et les logiciels de manipulation d’images rendent ces arnaques encore plus réalistes, renforçant la confiance des victimes et rendant la détection de ces fraudes plus difficile.
Récemment, des mises en garde ont été émises pour alerter la population canadienne des fraudes sentimentales où les escrocs manipulent les victimes pour les convaincre d’investir dans des cryptomonnaies frauduleuses.
L’hameçonnage, devenu plus sophistiqué par les nouvelles technologies, est également une fraude courante auprès des aînés, le CAFC ayant répertorié une perte d’environ 58 millions de dollars en 2022.
Les escrocs leur envoient des courriels ou des textos en se faisant passer pour des entreprises ou des institutions financières. Ils les incitent à cliquer sur des liens frauduleux ou à divulguer des informations personnelles. L’utilisation de l’intelligence artificielle et de systèmes automatisés permet à ces fraudeurs de cibler les victimes à grande échelle et de créer un sentiment d’urgence qui pousse les aînés à agir sans réfléchir.
Pourquoi les fraudes ciblant les aînés se multiplient
Les fraudes visant les aînés augmentent pour plusieurs raisons. Les aînés, souvent plus disponibles et isolés socialement, sont plus enclins à répondre aux appels, courriels ou textos d’inconnus. Leur solitude rend les interactions frauduleuses plus crédibles, et leurs épargnes accessibles en font des cibles attrayantes.
Bien que beaucoup d’aînés soient connectés, une grande majorité ne se sent pas à l’aise avec la technologie, ce qui les expose davantage aux arnaques en ligne. Selon une étude, alors que 67% des aînés naviguent régulièrement sur Internet seulement 26% se sentent très confiants dans l’utilisation des ordinateurs et des téléphones intelligents.
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation, ces efforts n’empêchent pas toujours les aînés de tomber dans le piège, car les fraudeurs exploitent habilement leur manque de familiarité avec les technologies numériques. Ils adaptent constamment leurs méthodes pour contourner les avertissements. De plus, l’impact émotionnel d’une escroquerie bien ficelée peut prendre le dessus sur la prudence, rendant les avertissements moins efficaces dans ces situations.
Stratégies à employer pour se protéger
Pour se protéger des fraudes, les aînés doivent adopter plusieurs mesures essentielles. Il est primordial de ne jamais partager de données personnelles, comme un NIP ou un mot de passe, que ce soit par téléphone, courriel ou texto. Il est également important de ne pas répondre à des offres non sollicitées, qu’elles aient été reçues via courriel, texto ou par téléphone.
Si une action est nécessaire, il est préférable de taper soi-même l’adresse web de son institution financière plutôt que de cliquer sur un lien fourni. De plus, il ne faut jamais prendre de décisions hâtives. Si un enfant ou un petit-enfant prétend être en situation d’urgence et demande de l’aide financière, il est conseillé de poser des questions personnelles pour vérifier son identité. Enfin, se fier à son intuition reste essentiel : si quelque chose paraît suspect, il vaut mieux se faire confiance et prendre des précautions supplémentaires.
À l’heure où la technologie progresse rapidement, les fraudeurs n’ont jamais été aussi bien équipés pour cibler les aînés. Bien que ces derniers soient de plus en plus connectés, leur moindre familiarité avec les outils numériques les rend particulièrement vulnérables. Les escroqueries, qu’elles soient amoureuses, par hameçonnage ou via des appels frauduleux, exploitent leur confiance et leur isolement. Face à cette menace, il est crucial d’informer et d’éduquer les aînés pour qu’ils se protègent contre ces arnaques sophistiquées.
Vigilance collective
Mais la prévention ne suffit pas: la vigilance collective est nécessaire. En soutenant nos aînés, nous pouvons contribuer à réduire ces fraudes et mieux protéger cette population vulnérable. La vigilance collective passe par l’engagement de la communauté à surveiller, alerter et protéger les individus les plus à risque.
Cela se fait notamment par le truchement d’actions concrètes visant à sensibiliser régulièrement les aînés, mais aussi en encourageant leurs proches à rester attentifs aux signes de fraudes potentielles.
Il serait bon d’impliquer davantage les acteurs locaux, comme les institutions financières ou les centres communautaires, pour offrir des formations continues et des rappels sur les fraudes courantes.
En définitive, c’est en combinant prévention, éducation et solidarité que nous pourrons véritablement limiter l’impact de ces fraudes et offrir aux aînés la protection qu’ils méritent dans un monde de plus en plus numérique.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.
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