La question qui tue
« L’humour est un antalgique, on l’utilise quand on a mal. » Par cette simple phrase, Jean-Louis Fournier nous livre le ressort d’une partie de son œuvre. Ce dernier récit, sous forme de petits tableaux, on le lit vite; mais il nous reste longtemps dans l’esprit et le cœur. Après nous avoir tellement émus — et amusés — en nous parlant de ses fils handicapés puis de la mort de sa conjointe, l’auteur, avec son esprit caustique mais non sans une infinie tendresse, nous livre toute la peine que sa fille tant aimée, son « chef-d’œuvre », lui cause par sa dérive mystique.
Jean-Louis Fournier, La Servante du Seigneur, Éditions Stock, 150 p.
La nuit en vérité
Entre solitude et rage
Quand on s’appelle Enzo Popov, qu’on a 12 ans, qu’on souffre d’obésité, que notre mère, par amour, ne nous achète que des vêtements noirs — parce que ça mincit —, mais qu’elle ne veut pas être appelée maman en public — parce que ça la vieillit : après tout, elle n’a pas encore 30 ans — on est bien mal barré pour affronter l’existence. Alors il arrive à Enzo de penser « à la mort, qui ne l’attire pas, et à la vie, dans laquelle il ne sait où se mettre ». Son angoisse, « il la porte comme une seconde peau », particulièrement à l’école, où c’est le martyre. On voudrait pouvoir les aider, tant ils sont attendrissants, même s’ils sont parfois acerbes. On se contente de les aimer.
Véronique Olmi, La nuit en vérité, Éditions Albin Michel, 310 p., 29,95 $
Et mes secrets aussi
Comme un livre ouvert
Les photographies de l’ouvrage le montrent, elle a fréquenté les plus grands et foulé les scènes les plus prestigieuses du monde. Mais au centre de son existence mouvementée, il y a eu surtout « son Loulou », Louis Gasté, l’homme de sa vie — souvent pour le meilleur mais parfois pour le pire. Celle dont le succès Ma cabane au Canada (1949) a contribué à la popularité du Québec auprès des Français, avait promis de ne rien nous cacher : promesse tenue. À 85 ans, Line Renaud reste l’une des plus flamboyantes représentantes de la lutte contre le sida; et elle ne lâche pas la rampe, dont les feux l’éclairent toujours.
Line Renaud (avec Bernard Stora), Et mes secrets aussi, Éditions Robert Laffont, 460 p., 34,95 $
Six mois sans pamplemousse
Compte à rebours
Le couperet vient de tomber : tumeur au cerveau, intraitable. Rébecca n’a plus que six mois à vivre. Pour affronter cette insoutenable réalité, Charlotte, l’amie de toujours, va lui proposer de plonger à fond dans le « programme VIA » : Vie intense accélérée. Destination le Grand Canyon, là où la nature exerce toute sa puissance; car, c’est bien entendu, Rébecca ne va passer le temps qui lui reste « dans les coulisses, en attendant la scène d’adieu ». Un sujet lourd est ici traité de façon légère, sur fond d’humour, de connivence et d’énormément de tendresse. Oui, c’est possible.
Carole Tremblay, Six mois sans pamplemousse, Éditions de la courte échelle, 304 p., 24,95 $
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