Avec ce quatrième roman épais comme ça, l’autrice d’Un parfum de cèdre nous entraîne à une époque marquée par les changements. Place aux surprises!
Du côté anglo, Fayne a rapidement séduit un très vaste lectorat. Et sans être devin, on est à peu près sûr que ce nouveau roman de la Montréalaise Ann-Marie MacDonald va remporter autant de succès de notre côté. Il compte 800 pages? Tant mieux. On adooore les pavés, qui nous donnent tout le temps qu’il faut pour entrer dans l’histoire, s’en imprégner et suivre l’évolution de leurs personnages. Un vrai bonheur, surtout lorsqu’ils sont aussi colorés, vifs et attachants que la jeune Charlotte Bell!
«Avoir une héroïne comme Charlotte, qui est douée pour les études, a une grande curiosité intellectuelle et sait beaucoup de choses, m’a toutefois demandé énormément de travail, avoue d’emblée Ann-Marie MacDonald. Il a fallu que j’apprenne ce qu’elle savait déjà et ensuite que j’apprenne ce qu’elle souhaiterait apprendre parce que je n’ai pas toutes ces connaissances en tête!»
Mais le jeu en valait la chandelle. Ou plutôt les chandelles, car dans le dernier quart du XIXe siècle, époque où débute son récit, peu de gens s’éclairaient autrement…
Une jeune fille allumée
Charlotte a toujours vécu à Fayne, un domaine isolé couvert de lande ayant la particularité de se trouver pile-poil entre l’Écosse et l’Angleterre. À cause de la mystérieuse maladie dont elle souffrirait, elle a grandi aux côtés de son père, qui l’a initiée à l’art du débat, à l’ornithologie, à la philo, au latin, au grec et à plein d’autres matières. Seul problème, l’élève a commencé à dépasser le maître.
Le jour de son 12e anniversaire, Charlotte va donc recevoir en cadeau un précepteur… qui sera plus ou moins disposé à lui enseigner parce qu’elle est née fille. Qu’à cela ne tienne. Pour elle, ce sera quand même le début d’une nouvelle vie. Et quelle vie!
«Dès que vous voyez le vieux manoir baronnial où elle habite, dès que vous voyez l’escalier de marbre avec le portrait de sa mère morte, vous savez dans quel genre de monde vous vous trouvez, souligne Ann-Marie MacDonald. Vous êtes dans un monde gothique, vous êtes dans un monde victorien. Je me suis amusée à le recréer, tout en utilisant des “matériaux” modernes pour aborder les questions de genre, de sexualité, de droits des femmes, de droits de la planète, de droits des animaux, etc. Ce sont des préoccupations qui nous accompagnent depuis des siècles. On ne les a pas inventées, elles sont simplement plus urgentes aujourd’hui. Du coup, elles donnent des contours plus nets et plus contemporains à l’histoire.» Laquelle est à découvrir sans faute.
Fayne – L’histoire fantastique de C. Bell, Éditions Flammarion Québec (800 p., 39,95$ ou 28,99$ en version numérique).
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