Grandeurs et splendeurs de la Basse-Terre
Département français d’outre-mer, la Guadeloupe est un archipel qui englobe les Saintes (plutôt balnéaires), Marie-Galante et la Désirade (plutôt agricoles) ainsi que l’île principale. Il est posé sur l’arc des Petites Antilles, entre Antigua et la Dominique. À vol d’oiseau, son île principale ressemble à un papillon, divisée qu’elle en deux boucles qui se rejoignent au milieu, soit près de la capitale Pointe-à-Pitre. Du côté est, les principales plages et stations balnéaires ceinturent les terres plates de la Grande-Terre, tandis que du côté ouest, sur la Basse-Terre, la Guadeloupe nous révèle son côté plus sauvage, plus nature. Une nature abondante et généreuse, aussi bien sur terre que sous l’eau. Celle qu’on surnomme «l’île aux belles eaux» en déploie justement de toutes sortes: des eaux turquoise et poissonneuses des Caraïbes à leurs consoeurs déchaînées de l’Atlantique, sans oublier les centaines de rivières et cascades qui parsèment la Basse-Terre.
Ironie du sort ou manifestation du sens de l’humour créole, il n’y a rien de très bas dans cette Basse-Terre… Les routes ne cessent d’y onduler à travers une enfilade de montagnes (ou «mornes») recouvertes en grande partie par les forêts tropicales du Parc national de la Guadeloupe. Et au milieu de tout cela émerge la vénérable Soufrière: un volcan encore actif et très surveillé qui, à 1 487 mètres d’altitude, est le plus haut sommet des Antilles.
La Soufrière
Bien sûr, la Soufrière nourrit les légendes populaires et conserve une grande part de mystère, d’autant que son sommet disparaît souvent dans une auréole de nuages. Par contre, lorsqu’elle se dévoile tout entière contre un ciel d’azur, elle devient ensorcelante à souhait, conviant les randonneurs à venir découvrir toutes ses humeurs: de sa base jusqu’à sa «forêt de nuages» (à plus de 1 000 mètres d’altitude) en passant par ses «forêts de pluie» (entre 500 et 1 000 mètres d’altitude). Comme la Soufrière laisse encore échapper des vapeurs d’eau et de gaz, ceux qui veulent s’y aventurer ont tout intérêt à être bien renseignés ou accompagnés de guides expérimentés, comme le sont Martine Vilagines et André Exartier.
Ces métropolitains arrivés de France il y a plus de 30 ans sont devenus de véritables amoureux de la montagne guadeloupéenne, où ils ont installé leur gîte Tigligli – plus précisément sur les hauteurs de Bouillante. Construites comme de typiques maisons créoles, leurs trois maisonnettes sont alimentées à l’énergie solaire. Tout autour se promènent allègrement des chèvres, des poules, plusieurs oiseaux et parfois même le fameux tigligli (un faucon crécerelle) devenu l’emblème des lieux. Évidemment, André nous en parle avec passion, tout en nous montrant l’arbre à pain, les ananas, les orchidées et combien d’autres fleurs et arbres tropicaux qui abondent sur le terrain. Pendant ce temps, sa femme Martine, guide de montagne, en fait autant avec les randonneurs. Grâce à ses joëlettes (sorte de pousse-pousse chinois), elle peut emmener en montagne des personnes à mobilité réduite. Comme l’explique André: «Il faut passablement de temps – 4 à 6 heures de marche – et aussi de l’énergie pour atteindre le sommet de la Soufrière.» Heureusement, il existe une foule d’autres sentiers (ou «traces», comme on les appelle ici) plus courts et plus faciles, notamment autour de la base du volcan, où coulent des sources d’eaux chaudes.
Grâce au volcan et à tous ces mornes, la nature guadeloupéenne nous encercle en permanence ou presque, qu‘elle soit à l’état sauvage (60% de la Basse-Terre est couverte de forêts tropicales) ou plus organisée. Déjà, lorsqu’on arrive de la capitale, il suffit d’emprunter la route de la Traversée pour serpenter à travers le Parc national de la Guadeloupe. Pendant quelques heures, on roule au milieu d’un tunnel de végétation luxuriante, où l’on peut s’arrêter pour admirer le col des Mamelles, visiter le jardin zoologique du Parc des Mamelles ou aller se tremper les pieds dans la cascade des Écrevisses.
En montant vers le nord, on découvre un autre beau joyau, qui était devenu le refuge de l’acteur Coluche. Perchée au-dessus des falaises et de la jolie plage de Grande Anse, son ancienne maison est aujourd’hui entourée des palmiers, des orchidées et des impressionnants figuiers du Jardin botanique de Deshaies. Tandis que près de Petit-Bourg, le Domaine de Valhombreuse nous invite à découvrir sa collection d`arbres tropicaux, puis à nous promener dans une forêt plus sauvage que traversent une rivière et une belle cascade.
La Guadeloupe, l’île aux belles eaux…
La nature de Basse-Terre se fait tout aussi belle sous l’eau, notamment autour des îlets Pigeon, en face de la plage de Malendure. Le célèbre Jacques-Yves Cousteau l’avait remarqué, choisissant d’y tourner il y a plusieurs années une petite partie de son film Le Monde du silence. Heureusement, les îlets n’ont jamais perdu leur collier de corail exceptionnel, qui fait désormais partie de la Réserve Cousteau (un hommage mérité). Grâce aux interdictions de pêche et d’ancrage, ces fonds marins abritent une foule de coraux impressionnants, un grand nombre d’espèces de poissons tropicaux et plusieurs tortues. De nombreuses entreprises de Malendure y proposent des baptêmes de plongée et des excursions de snorkelling. Mais on peut aussi profiter du spectacle en restant au sec, grâce au Nautilus, un bateau muni d’une coque à fond de verre. La grande clarté de l’eau et les nombreuses boucles qu’effectue le bateau nous permettent d’admirer des poissons et des coraux de toutes les formes, tout en profitant des explications du guide.
Un peu plus au nord, la réserve du Grand Cul-de-sac marin est un autre lieu de belles découvertes. On y accède par le port de Sainte-Rose, où Nico Excursions propose des excursions en Zodiac. Ici, une barrière de corail forme un demi-cercle de 29 kilomètres (la barrière la plus longue des Caraïbes), au large de la côte. Elle protège des eaux calmes et peu profondes, au milieu desquelles émergent des îlets de coraux juvéniles, encerclés par des plages désertes, qui ruissellent au soleil. Plusieurs îlets abritent également une végétation de mangrove, tels des palétuviers dont les branches servent de pouponnière à des milliers de poissons et d’organismes qui peuvent ainsi naître à l’abri des prédateurs. L’excursion nous offre de nager au milieu de tout cela… Une expérience très originale, qui nous permet d’observer des milliers de petits poissons (dont des bancs de bébés barracudas), des crabes, des concombres et des étoiles de mer qui fourmillent dans des labyrinthes de racines aquatiques. Plus tard, c’est au-dessus d’une épave qu’on nous emmène nager, puis dans une «piscine naturelle», si peu profonde qu’on peut boire un ti-punch au milieu de la mer.
Après ces eaux calmes et turquoise, il faut voir les eaux rageuses de la Pointe-des-Châteaux. Située à l’extrémité est de Grande-Terre, cette pointe est l’endroit le plus visité de l’île, parce que la nature y livre un spectacle unique : la rencontre de la mer des Caraïbes et de l’océan l’Atlantique dans un fracas et un vacarme des plus impressionnants! En un rien de temps, on est hypnotisé et… on pourrait se retrouver à l’eau si on ne se tenait pas à une bonne distance. Comme on se sent petit et vulnérable devant ces immenses vagues qui se brisent avec éclat sur les rochers, parfois même en nous éclaboussant au passage! Certaines vagues viennent néanmoins s’épuiser en douceur sur les rives d’une plage dorée, alors que d’autres frappent un chapelet de rochers volcaniques, derrière lesquels émerge l’île de Marie-Galante. Des sentiers permettent de grimper au sommet de la falaise qui ceinture la baie et offre des vues spectaculaires des deux côtes à la fois.
Saveurs et couleurs antillaises
Entre la montagne et la mer, la Guadeloupe nature propose un entremets important : la douce campagne avec ses champs de canne à sucre, ses spécialités créoles, son rhum et son art de vivre. Comme l’île est francophone et que le contact avec les Antillais est généralement facile et bon enfant, il ne faut pas hésiter à quitter les hôtels pour aller à la rencontre des gens, que ce soit dans les villes ou à la campagne. À Grande-Terre, par exemple, il suffit de tourner le dos aux belles plages de Sainte-Anne pour se retrouver au milieu des Grands Fonds. Ici, au contraire de la Basse-Terre, la route serpente au milieu de mornes inversés, qui semblent s’enfoncer vers un plancher invisible, alors que les maisons s’agrippent à leurs flancs.
Non loin d’ici s’étendent de nombreux champs de canne à sucre qui forment presque des tunnels au-dessus de la route à l’approche de la saison des récoltes. Puis on découvre des fermes-auberges comme celle des 3 Fermiers, où se pratique un peu d’élevage, de culture maraîchère et d’agrotourisme. Clothilde et sa mère sont toujours heureuses qu’on s’y arrête pour passer la nuit (elles disposent de 3 chambres) ou pour goûter les spécialités créoles qu’elles ont cuisinées avec les produits de leur jardin : gratin d’aubergine, salade de giraumon râpé et papaye verte, pâté fermier, etc. Bien sûr, tout cela est accompagné d’un excellent planteur maison.
Vous voulez apprendre à cuisiner quelques spécialités créoles? Au restaurant Quatre-Épices, situé au Gosier, Nelly, la propriétaire, est une autre métropolitaine qui a été complètement séduite par la Guadeloupe. Aujourd’hui elle partage sa passion en enseignant l’art de préparer les fameux acras de morue, le court-bouillon de poisson et les «tourments d’amour» (des tartelettes) à la goyave et au coco. Difficile de résister à toutes ces tentations!
Si le rhum et la cuisine créoles piquent sérieusement notre curiosité, rien de plus facile que d’aller faire des provisions directement à la source (plusieurs rhumeries sont ouvertes au public) ou au Marché des épices, à Pointe-à-Pitre, parmi des montagnes de fruits, de légumes, d’épices et de liqueurs de toutes sortes. Un autre beau tourment en perspective! Oui, qu’il s’agisse des plaisirs de la table aux accents colorés des Guadeloupéens ou des merveilles sous-marines aux beautés mystérieuses de la Soufrière, la Guadeloupe nous réconcilie vraiment avec la nature au sens le plus large et le plus noble qui soit. Savoureuse, émouvante, irrésistible: le genre de nature qu’on aime.
Les couleurs de la Guadeloupe
Si l’île de la Guadeloupe a la forme d’un papillon, elle en a aussi les couleurs, notamment pendant la saison du carnaval, qui se déroule chaque année du début janvier jusqu’au mercredi des Cendres. Chaque fin de semaine, les différents villages de l’île organisent des «déboulés», sortes de défilés auxquels participent divers groupes, généralement formés d’habitants d’un même quartier. Tous tentent d’impressionner la foule (et les juges!) avec leurs costumes, leurs chants et leurs chorégraphies, souvent préparés pendant des mois.
On y voit des Guadeloupéens de tous les âges, énergiques, visiblement emballés par les danses et la musique, et magnifiques dans leurs vêtements colorés comme un arc-en-ciel. Plusieurs de ces vêtements ont été taillés dans du madras, l’étoffe traditionnelle combinant généralement du rouge, du jaune, de l’orange et du rose. Robe ou bustier pour les femmes, foulard au cou ou sur la tête pour les hommes, tous les prétextes sont bons pour afficher ces couleurs qui reflètent si bien la culture antillaise.
Informations pratiques
S’y rendre
Du 18 décembre jusqu’au 9 avril, Vacances Transat offre un vol hebdomadaire entre Montréal et Pointe-à-Pitre, avec escale à Fort-de-France, en Martinique. Le reste de l’année, Air Canada y propose un ou deux vols hebdomadaires. www.vacancestransat.com ou www.aircanada.ca
Transport sur place
Comme le système de transport en commun n`est pas bien organisé, il faut acheter ses excursions via les hôtels ou louer une voiture. Assez facile de conduire en général (bonne signalisation), sauf dans la région de Pointe-à-Pitre, un peu plus animée.
Hébergement
À Grande-Terre
Entre Sainte-Anne et Saint-François, le Village Pierre & Vacances fonctionne comme un tout-inclus, avec de l’animation et des formules comportant 1 ou 2 repas par jour. Plusieurs cuisinent dans leurs chambres, qui sont munies de cuisinettes et aussi de vastes balcons.
Face à la plus belle plage de Sainte-Anne, le Club Med La Caravelle plaît aux familles actives. Beaucoup de sports proposés (voile, kayak, plongée, tennis, trapèze, etc.), de même qu’une nourriture d’excellente qualité.
Hébergement à Basse-Terre
Sans être chic, le Langley Resort Fort Royal est confortable, bien situé et convivial. Chambres assez vastes et buffets variés. Plage petite mais l’hôtel propose beaucoup d`excursions.des. www.fortroyal.eu. Gîte Tigligli: rue de Poirier, à Pigeon (Bouillante).
Remerciements au Comité guadeloupéen du tourisme et à ses partenaires.
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