Voyage en Catalogne

Voyage en Catalogne

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: iStockphoto.com

La côte catalane 

Non loin de la frontière française, les Pyrénées ont donné rendez-vous à la Méditerranée dans un endroit des plus charmants : au cap de Creus, sur une côte parsemée de petits villages blancs et de châteaux médiévaux, perchés sur les hauteurs. Une côte qui ondule en cachant des dizaines de criques baignées de soleil, des vignobles en terrasse qui défient la gravité et, au milieu de tout cela, de bons vivants qui prennent toujours le temps de savourer un verre de rouge à l’ombre des pins géants. Ce sont les fiers Catalans et leur belle Costa Brava, qui savent si bien conjuguer le plaisir de vivre à tous les temps de l’année ou presque.

Par ici, la mer et les montagnes semblent s’encourager à offrir le meilleur d’elles-mêmes. Au pied des falaises, des eaux émeraude cachent de belles réserves marines, très appréciées des baigneurs. Et sur la côte, un long chemin de ronde permet aux randonneurs de marcher d’une crique à l’autre en faisant escale sur la plage de Sa Riera, par exemple, au pied du village de Begur. Comme bien d’autres, Begur fait partie de ces villages haut perchés, où l’on domine la mer, les caps voisins et un chapelet de châteaux qui, à l’époque médiévale, se transmettaient des signaux pour se protéger de l’ennemi. La Costa Brava propose aussi de beaux hôtels qui surplombent la mer, de petits ports de pêche et des villages à la fois tout blancs et fleuris, tels que Cadaqués, qui a inspiré deux grands peintres espagnols: Pablo Picasso et Salvador Dali. 

C’est justement à Cadaqués que Picasso et Dali se sont rencontrés. À l’époque, le premier séjournait chez son ami le peintre Pitxot, tandis que le jeune Dali passait ses étés dans la maison familiale. Par la suite, Picasso laissera davantage son empreinte à Barcelone (un musée lui est consacré) mais Dali, en revanche, marquera profondément la région. Aujourd’hui, des milliers de visiteurs y viennent spécialement pour lui, la curiosité les poussant à aller visiter sa maison (à Port Lligat) ou le château Pubol, qu’il avait offert à Gala, sa muse et compagne pendant de nombreuses années.

Dali et Figuères

Mais c’est surtout à Figuères que Dali a offert un héritage inestimable: le Théâtre- Musée Dali, l’un des rares musées à avoir été conçu par l’artiste lui-même, et à son image, de surcroît! Comme l’expliquent les guides: «Dali décrivait sa vie comme un carnaval permanent, et il souhaitait réaliser ici la plus grande oeuvre surréaliste du monde…»

C’est précisément pour se mettre en scène lui-même qu’il aurait choisi cet ancien théâtre classique du XIXe siècle, où il venait jadis voir des spectacles. Dès les premières minutes, on se retrouve au milieu d’un amphithéâtre encerclé par des balcons où trônent de nombreuses statuettes semblables à celles des Oscars. Les autres salles présentent des peintures, des films et des installations impressionnantes de Dali, autant d’oeuvres truffées de symboles et d’évocations surréalistes. Le musée a été inauguré en 1974, et Dali a continué d’y ajouter de nouveaux éléments jusqu’à la fin de sa vie, en 1989, allant jusqu’à y placer son propre mausolée; une autre belle preuve de son sens du spectacle. 

À Figuères, Dali a également laissé sa marque au restaurant de l’Hôtel Duran, où il venait souvent en compagnie de ses amis pour y retrouver la cuisine traditionnelle catalane et les saveurs de son enfance. On raconte aussi qu’en fier Catalan qu’il était, le peintre appréciait les vignobles de la région, et qu’il avait un penchant tout particulier pour le cava rosé du vignoble Perelada, qu’il offrait à tous ses invités. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui poursuivent la tradition en venant trinquer à la mémoire de ce grand personnage. 

Barcelone, la belle épicurienne

Heureusement, les plaisirs ne s’arrêtent pas aux portes de Barcelone, bien au contraire. D’abord, la ville est probablement l’une des rares métropoles du monde où l’on peut se rendre à la plage en métro. Comme les «locaux» le savent si bien, c’est un réel bonheur de pouvoir aller «se tremper» les pieds dans le sable sur la plage de Barceloneta, en dégustant une sangria, un plat de calmars ou encore des tapas, qui font partie de la culture catalane. Non loin de là, une brise rafraîchissante souffle sur le port et ses bateaux, un autre endroit où l’on flâne volontiers au milieu des marchands ambulants et des amuseurs publics.

Face au port, Christophe Colomb lui-même nous invite du haut d’une colonne à entrer dans la ville en empruntant la célèbre Rambla (on dit aussi «les Ramblas» si l’on considère la suite de boulevards qui la composent). Bordée de palmiers, de kiosques et de petits cafés, cette promenade piétonne est la star de la ville, vivante, vibrante et assaillie presque jour et nuit. Le soir, elle devient le point de ralliement de tous les noctambules et, souvent, le point d’orgue des soirées festives. Le jour, elle forme un véritable trait d’union entre les différents quartiers, nous offrant le refuge de ses palmiers pour aller du port jusqu’à la place de la Catalogne (au centre-ville), où elle rejoint ensuite l’élégant Passeig de Gracia, les Champs-Élysées des Barcelonais. 

À mi-parcours des Ramblas, un petit détour s’impose pour aller se perdre dans le quartier gothique, où l’on croise les vestiges de la toute première ville, Barcino, fondée par les Romains il y a 2 000 ans. Outre l’aqueduc qui en marque l’entrée, plusieurs bâtiments de ce quartier possèdent encore des fondations romaines, tandis qu’en surface certains arborent des cicatrices de la guerre civile espagnole (sur la place Saint-Felip Nori, notamment). Mais ce quartier témoigne surtout du premier âge d’or de Barcelone (du XIIIe au XVe siècle) avec son labyrinthe de ruelles médiévales, dont certaines ont conservé les anciens panneaux de circulation destinés aux charrettes de cette époque. Le quartier tout entier s’articule autour de la cathédrale, dont le jardin est gardé par treize oies. Cette tradition honore le souvenir d’Eulalie, une jeune gardienne d’oies devenue martyre, sainte et patronne de la ville. Sur le parterre du cloître, on remarque des médaillons qui illustrent les différents métiers du Moyen Âge, un hommage tout à fait mérité à ses ouvriers, puisque cette cathédrale est considérée comme un chef-d’oeuvre de l’art gothique catalan. Aujourd’hui, dans le quartier, les clochers des églises côtoient de nombreux drapeaux ornés d’une étoile sur fond bleu: le symbole qui incarne le rêve de liberté et d’indépendance de nombreux Catalans. 

L’avant-gardisme de Barcelone

Ironiquement, malgré la richesse de son passé, Barcelone est aujourd’hui réputée pour son avant-gardisme. À la fin du XIXe siècle, toute la Catalogne fut emportée par une vague de nationalisme qui provoqua une véritable renaissance artistique. C’est à Barcelone que cette renaissance s’est exprimée avec le plus d’éclat, propulsée par le talent de nombreux artistes et architectes audacieux. À ce moment naissaient de nouveaux quartiers bourgeois (comme celui d’Eixample), où les riches propriétaires n’hésitaient pas à se faire construire des demeures uniques qui ne passeraient pas inaperçues. Aujourd’hui, on le constate aisément lorsque, par exemple, on déambule sur le Passeig de Gràcia.

Mais d’abord, quelle élégance que ces lampadaires Art nouveau et ces bancs, recouverts de tessons de céramique! Puis, de chaque côté du boulevard, se succèdent plusieurs résidences extravagantes comme celles qui constituent la «Pomme de la discorde», la Casa Lleó Morera, la Casa Amatller et la Casa Batlló, capables de provoquer de véritables attroupements en raison de leurs formes étonnantes. À quelques coins de rue de là surgit plus exubérante encore : la Casa Mila, alias «La Pedrera», réalisée par Antonio Gaudi. Sa façade ondulée lui vaut d’être comparée à un «poème de pierres». Tout en haut, sa terrasse dénivelée réserve encore plus de surprises, avec des arcs paraboliques et des cheminées aux formes étranges, également recouvertes de tessons de céramique. Une exposition présentée à l’intérieur de la Pedrera nous permet de comprendre à quel point Gaudi s’inspirait de la nature, s’amusant à donner aux matériaux des formes végétales ou la courbe de coquillages. Fascinant! 

Gaudi est certainement l’artiste qui a offert à Barcelone son caractère si distinctif, d’autant qu’il ne se trouve pas moins d’une douzaine de ses créations un peu partout dans la ville. En route pour les découvrir, on admire les lampadaires de la place Royale, la fontaine du parc Ciutadella, l’étonnant parc Güell qui nous invite à flâner sur son banc-balustrade de céramique, tout en admirant la ville au coucher du soleil. Et, enfin, que serait Barcelone sans sa fameuse Sagrada Familia? Cette étonnante basilique inachevée, classée au Patrimoine de l’Unesco, est devenue l’emblème de la ville et le lieu le plus visité de toute l’Espagne (d’où la nécessité de se procurer des billets à l’avance). Ici encore, Gaudi s’est inspiré de la nature, nous donnant l’impression, sous ses arches entremêlées, d’être dans une forêt ou une sorte de termitière géante. Résultat: nous voilà à la fois admiratifs et médusés, arrivant difficilement à comprendre tout le mystère que suscite cette Sagrada Familia…

Curieusement, on pourrait en dire autant de Barcelone elle-même. Bien qu’elle ait suffisamment de musées et d’attraits pour nous tenir très occupés, elle semble tout aussi douée pour nous inviter à faire l’école buissonnière! Souvent, elle nous chuchote à l’oreille qu’il serait agréable de troquer les visites culturelles pour un après-midi à la mer ou la dégustation d’un long apéro et de tapas… Parfois elle nous vante les plaisirs d’une promenade sur les Ramblas, dans la douceur de la nuit. Bref, avec le climat méditerranéen comme complice, cette belle épicurienne n’a pas de peine à nous envelopper dans sa douceur de vivre.

Gérone

La situation stratégique de la Costa Brava n’allait pas échapper aux Romains. Déjà, à l’époque (il y a 2 000 ans), ils voyaient en elle l’ultime carrefour à contrôler pour tracer leur voie à travers les montagnes. C’est pour cette raison qu’ils fondèrent des villes comme Barcelone et Gérone.

Aujourd’hui, les vieux remparts romains de Gérone n’ont plus rien de menaçant, bien au contraire. Dominée par les clochers de sa cathédrale, la vieille ville apparaît des plus invitantes, surtout à l’heure où ses églises et ses maisons multicolores se reflètent dans la rivière Onyar. Une fois le pont franchi, surprise: une vieille tradition médiévale nous incite à embrasser la patronne de la ville – une lionne de pierre – sur les fesses…

Une fois ce rituel accompli, la vieille ville de Gérone nous livre plein de secrets : ses premiers murs romains, encore visibles à la base des remparts, ses nombreuses arches médiévales, ses ruelles étroites, ses bains arabes construits au XIIe siècle, sans oublier sa cathédrale et son cloître.

Informations pratiques

S’y rendre 

De mai à octobre, Vacances Transat propose quatre vols directs hebdomadaires entre Montréal et Barcelone, plus des forfaits ville et excursions à Barcelone (incluant le vol, les transferts, 3 visites guidées et 7 nuits d’hébergement). Grâce à ses vols multidestinations, on peut également revenir de Toulouse, par exemple, d’autant qu’un nouveau train rapide relie maintenant cette ville à Barcelone en quelques heures. www.vacancestransat.comwww.raileurope.com

Bon à savoir 

Des navettes rapides et fréquentes desservent l’aéroport de Barcelone, à partir du centre-ville. Intéressant: toutes les stations de métro sont munies d’ascenseurs. 

À voir aussi 

Le musée Picasso (pour découvrir la genèse de son talent et ses oeuvres de jeunesse), le palais de la Musique (un autre monument moderniste étonnant), les nombreuses boutiques du quartier El Born. L’Office de tourisme propose aussi des visites guidées détaillées du quartier gothique, qui permettent de voir l’intérieur de plusieurs bâtiments. 

Suggestion d’hébergement

L’Hôtel Condado, Carrer Aribau 201, Barcelone. Bon rapport qualité-prix, bien situé. www.condadohotel.com 

Adresses gourmandes 

  • Hôtel et restaurant Duran, carrer de Lasauca 5, à Figuères. Une des tables que Dali fréquentait assidument. www.hotelduran.com 
  • Vignoble Perelada. La boutique de ce producteur viticole est située dans le village de Peralada, où l’on peut également visiter le château qui abrite un musée du vin et une bibliothèque ancienne. www.grupperalada.comwww.perelada.com 
  • Marché de la Boqueria. Situé au milieu des Ramblas, il regroupe des cafés et des restaurants sympathiques, plus une foule d’étals de marchands qui proposent toutes les spécialités locales (charcuteries, jambons, champignons, huiles d’olive, etc.). 
  • Restaurant Attic, La Rambla, 120. Des plats variés, et le plaisir de manger en terrasse au-dessus des Ramblas. www.atticrestaurant.eswww.costabrava.org
  • www.begur.cat/turisme/frwww.girona.cat/turismewww.barcelonaturisme.com
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