Les Pouilles ou la suave Italie de l’entre-deux-mers

Les Pouilles ou la suave Italie de l’entre-deux-mers

Par Gary Lawrence

Crédit photo: iStock

D’oliviers millénaires en plages invitantes, de villages de pêcheurs en villes fortifiées, les Pouilles se déploient tout en langueur et en splendeurs, entre les mers Ionienne et Adriatique. Morceaux choisis dans le «talon de la botte» de l’Italie.

Alberobello la féerique

En découvrant le fascinant (et très fréquenté) village d’Alberobello, encensé par l’UNESCO, on croirait débarquer dans une sorte de décor de conte fantastique. Partout s’agglutinent les trulli, de petites habitations circulaires en pierre blanche aux toits coniques, pareilles à des bonnets de lutin. Au 15e siècle, on pouvait rapidement démonter et remonter ces habitations en pierre sèche en cas d’inspection, pour déjouer une taxe imposée sur toute nouvelle construction.

De nos jours, certains de ces 1500 trulli sont habités, mais plusieurs abritent des hôtels, des boutiques, des bars et des restos. On y déguste un primitivo ou un negroamaro (les vins locaux) ou des orecchiette (pâtes apuliennes en forme d’oreille), ou on y passe la nuit en rêvant à des contes de fées.

Ostuni la blanche

Est-ce une kasbah arabe, une cité grecque ou un village andalou? Un peu de tout ça, mais surtout une ravissante ville italienne construite en étages sur trois collines. Surnommée «la ville blanche», Ostuni éblouit de toutes parts, qu’on parcoure ses ruelles tortueuses et ses passages dérobés ou qu’on l’admire de loin, éclatante de blancheur sur fond de mer Adriatique.

Le soir, Ostuni s’habille de lumière, d’abord sous le couchant, puis à la lueur de ses réverbères, tandis que ses terrasses s’emplissent de gourmets en quête de pâtes aux oursins ou de pieuvre grillée. Peu importe l’heure du jour ou de la nuit, Ostuni incite à l’exploration sans fin et procure une exaltation de tous les instants.

Otrante la dorée

Quand on entre dans la cathédrale d’Otrante, le sol de la nef recouvert de mosaïques du 12e siècle est saisissant, mais pas autant que la chapelle des Martyrs. Celle-ci fait réaliser pourquoi cette ville est si fortifiée: les crânes bien visibles de 813 chrétiens décapités par les Ottomans rappellent que, pendant des siècles, l’ennemi rôdait le long des côtes.

Aujourd’hui, Otrante évoque surtout la joliesse, avec ses hauts remparts ocre doux qui ceinturent son centre historique, son imposant Castello Aragonese et les fresques médiévales de sa petite Chiesa di San Pietro. Et par beau temps, du haut de ses murailles, ce n’est plus l’ennemi qu’on voit poindre au loin mais bien les hauts sommets d’Albanie, de l’autre côté de la mer Adriatique.

Gallipoli, la belle cité

Idéalement, il faut arriver à Gallipoli en fin de journée, quand les Apuliens commencent à déambuler sur le lungomare, la promenade de bord de mer qui est ici juchée sur des remparts. À mesure que le soleil poursuit sa chute vers la mer, l’atmosphère se détend et les enfants s’amusent, tandis que les parents abusent gentiment du Spritz. Puis, les ruelles s’illuminent et le ballet des serveurs s’entame entre les cuisines des restaurants et les tables montées en terrasse, sous l’air du large.

Surnommée Kalè Polis (« la belle cité ») par les Grecs, Gallipoli semble parfois flotter sur les eaux lumineusement turquoise de la mer Ionienne. Au-delà de sa forteresse angevine, entourée de bateaux de pêcheurs qui dodelinent à ses pieds, son centro storico n’est que douceur, tout comme l’est son art de vivre. Tard en soirée, la ville se vide en partie lorsque ses habitants (et les visiteurs) gagnent les plages avoisinantes, qui se transforment en boîtes de nuit en plein air.

Lecce, la Florence du Sud

Réputée pour ses sculptures en papier mâché et pour ses pasticciotti, de décadentes pâtisseries fourrées à la crème pâtissière, Lecce est encore plus connue pour son lacis de ruelles et de placettes qui forme la trame de la vieille ville.

Véritable perle baroque, la «Florence du Sud» brille encore plus par son incroyable ensemble de palais, de places, de cours intérieures et sa quarantaine d’églises, dont la sublimissime Chiesa Santa Croce. La façade finement ciselée de ce chef-d’œuvre arbore un étrange bestiaire fantasmagorique et représente la quintessence du baroque leccese. La grâce de cette ville tient pour beaucoup à la finesse de la pierra leccese, un calcaire tendre simple à sculpter et qui tend à blondir avec le temps.

Le soir, Lecce se transforme en immense promenoir théâtral à la faveur du subtil éclairage des façades. Et que ce soit au pied du campanile de la piazza del Duomo ou près des ruines de l’amphithéâtre romain, on sent toute la vitalité de cette ville exubérante, aux murs gorgés de lumière et à l’âme millénaire.

Matera la patriarche

Même si elle se trouve en Basilicate voisine, elle est si proche – et si exceptionnelle – qu’on ne saurait l’esquiver: inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, Matera est l’une des plus anciennes villes de l’humanité. Au paléolithique (il y a 10 000 ans et plus), hommes et femmes trouvaient déjà refuge dans les innombrables sassi (cavités naturelles) de ses deux vallées, toujours habitées aujourd’hui.

Désormais grouillante de vie, constellée de musées, d’églises rupestres et d’une véritable cathédrale souterraine – la citerne de Palombaro Lungo –, Matera fait replonger si loin dans l’histoire qu’elle a servi de lieu de tournage à la Passion du Christ de Mel Gibson. Plus récemment, elle a aussi tenu la vedette dans la scène d’ouverture du dernier James Bond. Mais si Mourir peut attendre, ce n’est certainement pas le cas d’une visite de Matera.

À vélo

Qu’on soit assisté ou pas, un séjour à vélo dans les Pouilles est tout à fait envisageable pour quiconque est moyennement en forme. Le relief relativement plat (hormis sur la côte Adriatique), les routes secondaires et les chemins de traverse peu fréquentés, le climat, le cadre naturel et bâti, les hébergements douillets et l’épatante restauration en font une région particulièrement agréable à parcourir sur deux roues.

Un bon plan, testé et approuvé: l’itinéraire Pouilles – de Matera à Lecce, qui s’étire sur 425 km en étapes de 50 à 75 km/jour d’Ekilib

Pour s’y rendre

Air Transat relie Montréal à Rome plusieurs fois par semaine, du printemps à l’automne, avec connexion pour Bari ou Brindisi grâce à Connectair. Air France fait de même durant toute l’année via Paris. 

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