Vienne, la capitale de l’Autriche, compte à elle seule près de 200 musées. Un bain de culture à la fois riche et fascinant! Et pour découvrir aussi le pays de Sissi d’en haut, on commence notre escapade en plein air, au coeur des Alpes.
À quatre heures de train de Vienne se trouve la ville olympique d’Innsbruck (1964 et 1976). Située à l’est de l’Autriche, la cité est calée dans une vallée, accentuant l’effet d’immensité créé par les montagnes alignées telle une muraille jusqu’à l’horizon. Peu importe comment, à Innsbruck, il faut prendre de la hauteur: au sommet d’une tour, d’une montagne, d’un bâtiment. Les vues à couper le souffle se multiplient.
Le coeur de la ville n’est pas en reste, vivant et animé par une petite communauté d’amateurs de plein air. Pour visiter, on se procure la Innsbruck Card au centre touristique: elle donne accès à tous les transports en commun, un laissez-passer pour le téléphérique Nordkette, qui permet la plus haute ascension des Alpes, et une entrée dans chaque musée ou attraction de la ville (39, 48 ou 55 euros pour 24, 48 ou 72 heures).
Au plus haut
Pour une vue imprenable sur les montagnes et la ville, on se munit de bonnes chaussures et on s’assure d’avoir un bon cardio. La Stadtturm, la tour de la ville, est accessible avec la carte d’accès mentionnée ci-dessus. On y emprunte un escalier en colimaçon interminable, construit au XVe siècle. Une fois au sommet, le monde nous appartient! La carte donne également accès au Musée d’art populaire tyrolien, au Musée des cloches, au palais impérial et à l’église impériale, entre autres. Le Zoo alpin est également accessible par téléphérique. Il s’agit du plus haut musée d’Europe en termes d’altitude. Deux mille animaux alpins de 150 espèces différentes y vivent. Le Monde du cristal de Swarovski et sa navette font également partie des accès gratuits obtenus ainsi.
Les friands de ski trouveront largement leur compte dans le paradis hivernal d’Innsbruck, mais les plus casaniers pourront aussi tirer leur épingle du jeu grâce au vaste réseau de téléphériques permettant de se retrouver au sommet d’une montagne en quelques minutes ou de faire escale à l’un des paliers et n’accomplir alors qu’une partie du trajet à pied. Plusieurs événements typiques, principalement musicaux, donnent en plus le ton à l’immersion culturelle. Lors de notre visite, par exemple, un groupe de musique folklorique agrémentait le lunch, une soupe chaude au coeur d’une tempête de neige. Magique!
L’art, un mode de vie
Après ce grand bol d’air, on revient sur Vienne pour une virée artistique dense et rafraîchissante. Le transport en train pour retourner dans la capitale est simple, les wagons sont propres, neufs et sécuritaires. Si les trajets interurbains entre certaines villes d’Europe peuvent parfois rendre craintif, les déplacements en Autriche sont confortables et rassurants.
À Vienne, on se sent rapidement chez soi. Les rues sont nettoyées quotidiennement, et la majorité des quartiers inspirent confiance instantanément. Le quartier des musées fascine par sa diversité et sa grandeur. L’art y est florissant, se présentant sous toutes les dimensions: la tradition impériale est aussi tangible que la créativité contemporaine et l’intérêt marqué pour le design. Le style de l’architecte Otto Wagner transparaît dans bon nombre d’édifices. On le reconnaît surtout pour son aptitude à mêler esthétique et fonctionnalité.
Marcher dans Vienne est, en soi, une expérience artistique. Un grand pacifisme imprègne toute la ville. On trouve d’ailleurs, à même les bureaux du président, une série d’appartements pour des particuliers, afin de démontrer la proximité entre les institutions politiques et les citoyens. En plein quartier des musées se trouve le Welt Museum, le musée d’ethnologie de Vienne, ouvert en 1928. Fermé durant trois ans pour une reconstruction complète, l’établissement accueille le public dans ses quatorze galeries permanentes depuis la fin de 2017. Une coiffe mexicaine aztèque datant du début du XVIe siècle ouvre l’exposition de façon spectaculaire. Au rez-de- chaussée, d’autres expositions plus contemporaines changent ponctuellement.
Collectionner tout, tout, tout!
Au XIXe siècle, les collections se sont imposées comme nouveau centre d’intérêt à Vienne. Des particuliers possèdent encore aujourd’hui des collections d’art impressionnantes, souvent léguées, et certains ouvrent leur demeure aux visiteurs friands de visites plus personnelles. Les collections ne sont parfois destinées qu’aux amis, ou accumulées au contraire pour être montrées dans les écoles d’art ou lors d’expositions.
Les habitués de la SAQ auront une belle surprise également: maintes collections de vin sont ouvertes au public pour des dégustations privées. Le Palais Coburg, un château au coeur de la ville, renferme un restaurant deux fois étoilé Michelin, Silvio Nickol Gourmet. On y trouve également l’un des trois celliers les plus importants au monde.
Si on voyage en groupe, on peut demander une visite des lieux. C’est dans les caves du Palais Coburg que l’on trouve la plus vieille bouteille de vin «buvable», datant de 1727.
Mais on ne pourra poser que les yeux sur les bouteilles les plus rares, à moins d’un portefeuille tout aussi rare: la plus dispendieuse se détaille à 170 000 euros!
Le lunetier Robert La Roche est installé à Vienne, où il accumule des montures de lunettes depuis plus de 50 ans.
Il a vendu plus de quatre millions de montures dans sa carrière. Aujourd’hui, il conserve à la maison les lunettes de ses propres collections, de même que des lunettes portées par des vedettes dans des films, des lunettes aux formes inusitées ou d’autres propres à une époque spécifique. Il est notamment le créateur des lunettes portées par Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally. Il ne s’agit là que d’une des très nombreuses collections privées que renferme la capitale autrichienne.
Musées à volonté
Des musées plus conventionnels s’étalent également dans les rues. Le massif Palais du Belvédère renferme notamment
Le baiser de Gustav Klimt, oeuvre majeure du début du XXe siècle. Le Musée Leopold possède l’une des plus importantes collections de modernisme autrichien dans le monde. Plus de 5 000 pièces rassemblées par Rudolf et Elisabeth Leopold durant plus de cinq décennies ont été installées dans ce musée en 1994. On y trouve la plus grande collection d’oeuvres du protégé de Klimt, Egon Schiele. Décédé à seulement 28 ans de la grippe espagnole, ce dernier a été très prolifique dans le peu de temps que la vie lui a accordé. Il a notamment fait le portrait de Gustav Klimt sur son lit de mort et une panoplie d’autoportraits.
L’impressionnante Death and Life de Klimt se trouve également au Musée Leopold. Le Musée des globes, le seul au monde, renferme quant à lui 700 globes terrestres d’une grande rareté. Le premier globe terrestre dessinant l’Amérique s’y trouve, de même que toute une série de représentations de la Terre permettant de voir l’évolution de la perception du monde avec le temps.
Entre deux musées, on visite les restaurants autrichiens, réputés pour leurs plaisirs culinaires riches en crème, panure et lard. Les saucisses grand format vendues dans les rues sont un véritable régal. On déguste également les fameux schnitzel, des escalopes de viande panées, au menu partout. Impossible de ne pas goûter aussi la sachertorte, ce gâteau viennois incontournable composé de chocolat moelleux et de confiture d’abricots!
Les meilleurs gâteaux de Vienne
Sur un coin de la rue Schleifmühlgasse, près du marché extérieur à Vienne, se trouve le café Vollpension, un endroit où l’on déguste cafés et boissons dans un décor chaleureux. La raison pour laquelle les gens s’y déplacent en si grand nombre, ce sont les gâteaux confectionnés sur place par des retraités. Ouvert depuis presque trois ans, le commerce était, à l’origine, un pop-up café, qui ouvrait de temps en temps. Aujourd’hui, c’est plein à craquer, 365 jours par année. «L’idée vient d’un groupe de quatre entrepreneurs qui voulaient lutter contre l’isolement des retraités, explique la gérante Nikola Otto. Leur objectif était aussi que ces derniers puissent gagner des sous, car les pensions de vieillesse ne sont pas tout à fait au point en Autriche, et certains aînés souffrent de maigres revenus.» Dans le but de mélanger les générations pour mieux les rapprocher, au café Vollpension, les aînés cuisinent des gâteaux devant les clients, derrière un grand comptoir.
«Les caissiers et les serveurs sont des gens de tous les âges, mais on s’assure que chaque client rencontre les cuisiniers aînés, car ils doivent aller au comptoir pour choisir leur morceau de gâteau en discutant avec eux.» Si l’allemand est leur langue principale à tous, l’entreprise veille toutefois à ce qu’ils parlent aussi anglais, pour pouvoir discuter avec les touristes. «Plusieurs parlent également d’autres langues, c’est très enrichissant.» Les travailleurs aînés travaillent entre 10 et 20 heures par semaine, et la plupart sont vraiment en forme. Quelques-uns ont plus de 70 ans, mais la majorité est au début de la retraite. «On s’est rendu compte que les gens qui cessent de travailler et ont fini d’élever leurs enfants souffrent souvent de solitude. Ici, ils sont tellement occupés que, quand ils rentrent dans leur maison vide en fin de journée, ils sont bien contents d’être seuls!» ajoute Nikola Otto en riant. Comment fait-on pour devenir cuisinier au Vollpension? «Comme partout ailleurs!» Les candidats amènent un CV et une lettre de motivation. Ils passent ensuite une journée complète à cuisiner avec les autres pour voir si leurs aptitudes culinaires sont réelles… Parce que les recettes offertes aux clients sont celles des aînés, de véritables recettes de grands-parents! Près de 50 000 morceaux de gâteau sont servis chaque année, une deuxième succursale ouvrira à Vienne cette année et, comme l’Autriche au complet est intéressée par ce concept d’entreprise sociale, Vollpension aimerait se franchiser dans un avenir rapproché. Au Canada aussi, svp!
En pratique
Y aller
Le vol vers l’Autriche n’est pas direct à partir de Montréal: on transite normalement par la Suisse ou l’Allemagne. Ce pays constitue d’ailleurs une excellente destination intermédiaire si on souhaite partir plus longtemps.
Se loger
La monnaie de l’Autriche est l’euro, et le coût de la vie, similaire à celui en France. Le prix des hôtels est très élevé, mais on peut facilement économiser sur les repas si on sait fouiner!
Se déplacer
Le réseau ferroviaire, ÖBB, est extrêmement efficace, tout comme les bus. La carte de transports Vorteilscard, pour les 60 ans et plus, permet de faire de grandes économies.
Le bon moment
Toutes les périodes de l’année sont bonnes pour visiter l’Autriche. Les skieurs préféreront voyager de novembre à mars. Vienne est magnifique au printemps et à l’automne. Et les amateurs de randonnées seront heureux de parcourir les Alpes entre juin et septembre.
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