La Toscane: des plaisirs pour tous les sens

La Toscane: des plaisirs pour tous les sens

Par Nathalie De Grandmont

Crédit photo: iStockphoto.com

Il y a quelques années, le roman et le film Sous le soleil de Toscane en ont fait rêver plusieurs. Dans cette histoire, une romancière américaine (Frances Mayes) s’éprend d’un coin de la Toscane et y achète une propriété. Certes, on n’a pas tous la possibilité d’en faire autant. Mais y louer une maison pour une semaine ou deux est peut-être envisageable! Ce type de séjour est parfait pour découvrir les beautés et les saveurs de la région au rythme de sa population. De telles vacances nous donnent aussi le sentiment de participer à une tranche de la vie locale, même s’agit d’une courte période. Puis, en plus d’économiser au rayon de l’hébergement, on peut cuisiner soi-même quelques gueuletons mémorables grâce aux charcuteries, pâtes fraîches, tomates, champignons et bons vins dénichés dans les nombreux commerces gourmands des environs. 

Comme la Toscane compte beaucoup d’attraits relativement rapprochés, on peut choisir de s’installer dans la région du Chianti (au centre) ou dans le Val d’Orcia (au sud-est), puis rayonner à partir de l’un ou l’autre. Pour ma part, le hasard m’a conduite dans le petit village de Castiglion Fibocchi, où ma famille et moi avons loué la maison familiale des Bianchi, remplie des souvenirs d’enfance de nos hôtes, Gianni et Marusca. 

Comme bien des maisons en Toscane, la leur domine un vignoble que Renato, le père de Gianni, exploite encore pour son plaisir. À notre arrivée, une bouteille de sa dernière cuvée nous attendait sur la table. Ça commençait bien la semaine! Nous étions au début d’octobre, et tout le village s’affairait aux vendanges. Le matin, on voyait passer les cueilleurs et autres employés en route vers les champs. En fin de journée, on les croisait à la charcuterie ou à la trattoria du village, où ils racontaient aux autres que la récolte s’annonçait prometteuse. Au fil des jours, on a de plus appris à composer avec les heures animées et celles de la sieste, et on a ajouté de nouveaux mots à notre vocabulaire italien, au point de finir par saluer avec une assurance certaine les commerçants et les gens du coin. 

Chaque matin, nous avons partagé les inquiétudes et les excitations des viticulteurs du village, en souhaitant comme eux que le soleil de Toscane soit au rendez-vous. Et même si notre participation aux travaux a été plutôt symbolique, nous avons eu le privilège de célébrer la fin des vendanges en compagnie de Gianni, Marusca, leurs parents et leurs filles. Un souper typiquement toscan et enjoué, au cours duquel toutes sortes de sujets ont été abordés, que ce soit en italien, en anglais et parfois en français. 

C’est ce soir-là, je crois, que Marusca nous a indiqué que, au printemps aussi la campagne du Val d’Orcia nous aurait réservé de belles surprises, avec l’éclosion des champs de fleurs, de même qu’à la fin d’août, quand les tournesols répandent leur manteau d’or partout. 

Plaisirs pour tous les sens

Même si on adore son pied-à-terre, on ne doit pas se priver du bonheur d’aller explorer la région! À elle seule, la Toscane réunit une demi-douzaine de sites classés au Patrimoine mondial de l`Unesco. Parmi ceux-ci figurent plusieurs villes d’art, de même que le village de San Gimignano et, justement, la campagne du Val d’Orcia, moins connue mais tout aussi spectaculaire que celle du Chianti. 

En roulant sur les routes panoramiques, on est à la fois surpris et apaisé par l’harmonie qui se dégage du paysage. Harmonie des couleurs, des proportions, des formes… 

Au loin s’étirent les magnifiques lignes des cyprès, celles des vignobles bien quadrillés et ordonnés, sans parler de l’incroyable palette de verts rehaussés par l’orangé des maisons de brique et leurs toits de tuile. 

Les matins d’automne, les collines et les vignobles se laissent deviner derrière des nuages de brume. Quelques heures plus tard, le soleil perce ce voile et fait reluire l’argenté des oliviers, les rangées de cyprès et les villages de pierre perchés sur la crête des montagnes. 

San Gimignano et le terreau des grands vins

Comme Florence et Sienne se sont âprement disputées au Moyen Âge, leurs luttes légendaires ont provoqué la naissance d’une foule de ces villages fortifiés qui ponctuent aujourd’hui la campagne toscane. Parfois, certains d’entre eux, cachés entre deux nuages, semblent presque inatteignables. Finalement on y monte par de longues routes en lacets, qui réservent des vues spectaculaires. C’est ainsi que l’on atteint San Gimignano, qui est considéré comme l’un des plus beaux villages de la Toscane grâce au caractère original de ses tours médiévales. 

Après avoir été très convoité (en témoigne sa triple muraille), San Gimignano connut une période florissante au Moyen Âge, raison suffisante pour que les riches familles s’y fassent construire des palais à la hauteur de leur fortune! Aux yeux de plusieurs experts, San Gimignano aurait été le «Manhattan du Moyen Âge». Heureusement, le village a pu conserver 14 de ses 72 tours maisons médiévales, qui aujourd’hui dominent un labyrinthe de ruelles, ainsi qu’une triple muraille, la Piazza de la Cisterna et la Piazza del Duomo, encerclée par la collégiale et le Palazzo del Popolo. Tout en haut du village, le Musée du vin nous invite à déguster un verre de Vernaccia di San Gimignano (un vin blanc sec, l’AOC du lieu), en admirant la campagne tout autour… La dolce vita dans ce qu’elle a de plus magique!

Le terreau de grands vins 

Plusieurs autres beaux villages perchés sont aussi le terreau de grands vins (des appellations contrôlées). À Montalcino, par exemple, le glacier local propose même un gelato parfumé au fameux Brunello di Montalcino! Si bonne soit-elle, la version glacée ne rend pas vraiment justice à ce prestigieux vin charnu, qui doit être vieilli en fût au moins cinq ans. Pour cette raison, il serait sacrilège de quitter Montalcino sans avoir visité, en plus de son château, un de ses grands vignobles comme la Fattoria dei Barbi. 

Quant au village de Montepulciano, il nous offre son Vino nobile. À déguster après avoir visité les caves souterraines de la maison Ercolani ou après avoir grimpé les ruelles jusqu’à la Piazza Grande (une navette permet aussi d’y accéder). 

Surprises dans le Chianti

Comme la Toscane possède une dizaine d’appellations contrôlées (DOCG), il semble presque impossible d’y rouler sans apercevoir une route des vins. Joli problème de choix! Outre les routes du Vernaccia et des vins mentionnés plus haut, il y a celle du Chianti Classico, qui annonce ses couleurs au moyen de son fameux coq noir. Comme celles du Val d’Orcia, les routes du Chianti grimpent en lacets, mais en serpentant dans un paysage plus vert encore, à travers des forêts, des vignobles et des collines qui ondulent à perte de vue. 

Saviez-vous qu’on trouve un petit coin du Québec, au milieu de ce terroir? Il s’agit du vignoble Le Miccine, situé entre Radda et Gaiole in Chianti. Le coq et le fleurdelisé nous y accueillent en tandem, puisque la propriétaire, Paula Papini-Cook, est une jeune viticultrice d’à peine 30 ans, originaire de Saint-Bruno-de- Montarville. Après avoir suivi une double formation en viticulture et en oenologie, Paula a eu un coup de coeur pour la patrie de ses grands-parents. Depuis quatre ans, elle tient donc les rênes de ce domaine de huit hectares. 

Fidèle et très attachée aux traditions de son nouveau chez-soi, Paula y produit surtout du Chianti Classico, fait à partir de cépages de Sangiovese. Son Chianti Classico régulier est généralement conservé un peu plus d’an dans les fûts de chêne, tandis que son Chianti Classico Riserva y développe ses arômes pendant au moins deux ans, après avoir été préparé avec les raisins des meilleures parcelles. 

Pendant les mois d’été puis durant la période cruciale des vendanges, il n’est pas rare que maman Rita vienne prêter main-forte à sa fille, en déployant une énergie égale à celle de Paula. Visiblement, mère et fille sont de véritables complices et des passionnées qui savent de plus transmettre leur amour du vin, et en français, par-dessus le marché ! Même le coq noir du Chianti semble s’en réjouir! 

Puis vient un jour où le voyage se termine. Il est alors facile de penser que, avec l’abondance d’oeuvres d’art, de couleurs et de saveurs que déploie la Toscane, il faudra revenir plusieurs fois pour continuer d’en explorer toute la beauté…

Toscane, mode d’emploi

S’y rendre. 

Rome, la principale porte d’entrée en Italie, est desservie toute l’année par plusieurs vols réguliers d’Air France, auxquels s’ajoutent des vols nolisés d’Air Transat d’avril à octobre.

Pour l’arrivée à Rome. 

L’Hôtel Mediterraneo, de la chaîne italienne Bettoja. Très élégant, typiquement italien dans sa décoration et son style, et bien situé, tout près de la gare, ce qui est très pratique quand on vient de l’aéroport. www.romehotelmediterraneo.it

Circuler en Toscane. 

L’idéal: prendre le train entre les principales villes d’art, puis louer une voiture pour explorer la campagne et les routes des vins. Les autoroutes sont payantes mais pratiques pour se rendre à Florence, Pise et Lucques. Pour le reste, les petites routes nationales (en bleu) suffisent. À retenir: dans les villes comme dans les villages fortifiés, il est impératif d’utiliser les stationnements situés dans les zones permises (bien lire les panneaux).

Pour louer une habitation. 

Plusieurs agences et sites Internet permettent de louer des appartements ou des maisons de campagne. Dans notre cas, c’est via le site AirBnb que nous avons trouvé «notre» maison (la résidence de vacances Cappanelle) qui comptait 3 chambres, 2 salles de bains, un vaste salon et une cuisine bien équipés (y compris avec le wifi !).Comme il s’agit seulement de leur deuxième été comme hôtes, Gianni et Marusca proposent encore des prix très raisonnables. En intersaison, les tarifs sont d’environ 650 euros et plus par semaine (pour 4 à 6 personnes.). Petit plus: Marusca s’exprime bien en français. www.cappanelle.it

Adresses gourmandes.

Les caves souterraines de la maison Ercolani. À l’entrée de Montepulciano, sur la rue principale.Très belles caves qu’on peut visiter gratuitement. Il y a aussi sur place un restaurant et un vignoble où l’accueil, les nombreux produits à goûter et les prix sont excellents. www.ercolanimontepulciano.it 

La Fattoria dei Barbi. Dès la sortie de Montalcino, suivre la route qui mène vers l’Abbaye de Sant’Antimo. Un peu cher mais une maison reconnue… www.fattoriadeibarbi.it

Vignoble Le Miccine.  Le Chianti Classico Riserva de la Québécoise Paula Papini-Cook est vendu à la SAQ, mais ses autres vins s’achètent uniquement sur place. Visite, dégustations et même possibilité de louer un studio ou des appartements dans la villa (pour 2 à 8 personnes.). www.lemiccine.com 

Autres sites pour se préparer. 

www.turismo.intoscana.it

www.ialiantourism.com


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