Ce matin du premier décembre, nous passons la frontière mexicaine en prenant le Free Trade International Bridge. Ici, ce n’est pas le froid qui nous pousse, mais l’impatience de laisser le pays du président Bush pour celui de Felipe Calderón. Nous avions prévu tous les papiers nécessaires afin de faciliter la tâche des douaniers, c’est-à-dire: notre passeport en règle, la preuve d’assurance de la camionnette, des photocopies en plusieurs exemplaires de notre passeport, permis de conduire, immatriculation et carte de crédit. Il faut dire que parler espagnol facilite grandement la communication avec les autorités qui, de leur côté, s’efforcent de parler anglais. Il ne faut compter qu’une heure, temps d’attente inclus, pour retrouver le Mexique tel que nous le connaissons, c’est-à-dire dans la poussière avec ses petits vendeurs à chaque coin de rue, mais affichant un sourire grand comme le monde chaque fois que nous rencontrons leur regard. Et que dire de cette générosité qui les caractérise!
Nous avons choisi la route la plus courte pour nous rendre sur la Costa Esmeralda et retrouver un camping sur le golfe du Mexique que nous aimons particulièrement, le Neptuno. Mais avant de jouir de quelques jours de repos, il nous faut goûter à près de deux cents kilomètres de route truffés de pièges: des trous profonds, des topes ou dos d’âne, des déviations pour réparations – qui n’existent même pas –, asphalte enlevé, mais non remplacé, ce qui a par contre l’avantage de diminuer la profondeur des trous. À tout cela, il faut ajouter la circulation lourde des camions à double remorque et qui n’en finissent plus de processionner, car ils manquent souvent de puissance, particulièrement dans les côtes. Il faut tout de même souligner que, règle générale, les routes mexicaines feraient pâlir de jalousie nos Québécois.
Bon, maintenant, apprécions cette mer qui s’amuse à lécher nos pieds, nous offrant un spectacle sans cesse renouvelé. Assis sur un tronc d’arbre, Raymond et moi flirtons avec la philosophie. Rien de plus facile que de s’y abandonner quand le bruit des vagues enterre celui de la vie quotidienne. Mais, il faut tout de même manger. Bien sûr, il y a des petites tiendas qui offrent de l’alimentation, mais pourquoi ne pas se rendre jusqu’à Martinez de la Torre à soixante kilomètres du camping? Nous privilégions donc un Chedraui, grande surface appartenant aux Mexicains. Vous allez dire que nous sommes un peu fous? Vous avez raison. Nous partons sans carte routière, c’est juste à côté et nous nous souvenons tant bien que mal de l’endroit pour y avoir déjà été. Seigneur! Nous nous rendons bien au village, mais ignorons les indications pourtant bien visibles pour nous rendre à notre fameux Chedraui. Nous voilà donc dans le centre-ville à l’heure de pointe et l’orage qui menace, que dis-je, qui éclate. En l’espace de quinze minutes, le centre-ville est submergé et tout le monde patauge. La belle Mexicaine a de l’eau par-dessus ses souliers, l’homme d’affaires tente de se protéger en utilisant une pile de dossiers pendant que sa chemise blanche lui colle à la peau, le commis se tient sur le portail de sa boutique et regardent la circulation et ce curieux zoo. Depuis longtemps, nous nous posions une question: pourquoi les trottoirs sont-ils si hauts au Mexique? Et pourquoi y a-t-il tant de marchands de souliers? Vous avez la réponse en même temps que nous. Mais rassurez-vous, nous avons réussi à trouver notre grande surface en demandant notre chemin aux Mexicains, toujours aussi affables, et nous avons rempli notre frigo à pleine capacité.
En route vers le Guatemala
Après quatre jours en bord de mer, il est temps de continuer la route et cette fois, nous utilisons le système autoroutier. On le dit cher, mais étant donné que nous sauvons en temps, en arrêts inutiles ou en topes, la dépense en vaut le coût. Pour une auto ou une camionnette comme la nôtre, cela coûte un peso du kilomètre, soit environ dix cents canadiens. Certaines autoroutes ressemblent aux nôtres, par contre d’autres diffèrent, sans compter qu’il faut s’habituer à la manière de conduire des Mexicains. Ces grandes routes payantes se résument quelques fois en routes ordinaires munies de larges accotements. Nous circulons à cheval sur la ligne délimitant la voie et l’accotement, ce qui permet à celui qui nous suit de dépasser. Imaginez que l’auto qui s’en vient en sens inverse fasse le même manège, vous circulez maintenant à quatre sur une route conçue pour deux, et ce, pour le plus grand bonheur de l’utilisateur payeur. L’avantage de ces routes est aussi qu’elles nous permettent de grimper jusqu’à 2578 mètres, de manière sécuritaire.
Depuis deux jours, nous rencontrons sur la route des camions hurlant, klaxonnant et transportant de jeunes adultes qui courent avec un flambeau. Ici, la dévotion à la Virgen de la Guadalupe frôle la folie. Souvent pieds nus, les 12-30 ans dépensent leur énergie à courir dans les montagnes jusqu’à San Cristobal de las Casas. Tous se retrouvent au sanctuaire de la Guadalupe, en scandant Maria, Maria. Ils sont fatigués et sales, mais ils se sont rendus au bout de leur pèlerinage. Cette fête a lieu le 12 décembre et est la plus importante de l’année pour les Mexicains.
Cette pause à San Cristobal de las Casas nous permet de faire le point sur la continuation du voyage, de faire du lèche-vitrine pour admirer les bijoux d’ambre, de faire vérifier les freins et de communiquer avec des amis à Mixco, en banlieue de Guatemala City.
Nous terminons notre course mexicaine à Cuauthémoc, car demain matin, nous traversons la frontière du Guatemala, à La Mesilla.
Pour en savoir davantage sur Lina et Raymond, consultez notre article Qui sont nos caravaniers?
mise à jour le 2007-12-20