Assurance voyage: trop, c’est comme pas assez!

Assurance voyage: trop, c’est comme pas assez!

Par Sophie Stival

Crédit photo: iStock

Pour voyager l’esprit tranquille, mieux vaut être suffisamment protégé en cas de pépin. Cela dit, il ne faut pas non plus trop s’assurer, un réflexe plus courant qu’on pense! Voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

Quand il est question d’assurance, des agents de voyages rappellent l’importance d’en posséder une en ces temps de pandémie. Cependant, la question se pose: sommes-nous trop assurés? Pour en avoir le cœur net, un inventaire de nos protections s’impose avant de quitter le pays.

Les protections liées à la carte de crédit...

La première chose à faire est d’appeler l’émetteur de notre carte de crédit afin de comprendre l’étendue de la couverture offerte en voyage. Les quatre principales protections sont les soins médicaux d’urgence, l’assurance annulation ou interruption de voyage, l’assurance décès ou mutilation accidentels et l’assurance bagages. Il est parfois possible d’en ajouter, en option, moyennant un coût additionnel. «Vu les frais exorbitants qu’on paie notamment aux États-Unis pour y être soigné, la protection soins médicaux d’urgence s’avère incontournable et la plus populaire», remarque Josiane Cousineau, vice-présidente marketing et relations publiques à la Croix Bleue du Québec.

Autres détails à vérifier: notre carte de crédit propose-t-elle une couverture à tous les membres de la famille ou seulement au détenteur? Quelle est la durée du séjour (certaines cartes offrent une protection de 15 jours, parfois moins, notamment pour les 65 ans et plus)? Si le voyage n’est pas entièrement payé avec notre carte de crédit, jusqu’où s’étend la couverture? Et mieux vaut s’assurer que notre carte de crédit n’expire pas avant ou pendant l’escapade!

… et à celles des assurances collectives au travail

L’assurance voyage fait souvent partie des assurances collectives de notre employeur. Se renseigner sur ce qui est couvert est donc une bonne idée. Le conjoint et les enfants à charge sont-ils également assurés ou est-ce que seul le bénéficiaire est protégé? Parfois, l’assurance annulation n’est pas offerte. Si les protections sont insuffisantes, il vaudra alors mieux ajouter une assurance complémentaire. À considérer: l’achat d’une assurance annuelle, une option plus économique pour les globetrotteurs et les snowbirds.

Comprendre la protection et les exclusions

Au moment de magasiner en ligne ou d’appeler des fournisseurs d’assurance voyage, plusieurs informations devraient être confirmées, comme la destination, l’identité des compagnons de voyage, les dates de départ et de retour, etc. À mentionner également: les activités à haut risque de blessure prévues durant les vacances (parachutisme, ski hors-piste, alpinisme, sports de vitesse ou avec contacts). Une certification pourrait être exigée pour les activités de plongée sous-marine.

Quant aux conditions médicales préexistantes, mieux vaut clarifier avec l’assureur la définition exacte de ces termes et les restrictions qui s’appliquent. Par exemple, dans le cas d’une douleur à l’épaule ayant fait l’objet d’une consultation médicale avant le voyage, qui s’aggraverait pendant le séjour à l’étranger et nécessiterait une deuxième consultation, celle-ci ne serait pas couverte, car la douleur était préexistante. Même chose dans le cas d’une pneumonie déjà présente avant le départ.

Remplir formulaire de santé est souvent exigé par l’assureur, notamment pour les 75 ans et plus. Il faut y déclarer toute maladie chronique, comme le diabète, l’hypertension, le cancer. Une période de stabilité (par exemple entre trois et six mois, selon l’âge) dans la posologie et la prise des médicaments pourrait aussi être demandée par la compagnie d’assurance. «Ça ne freine pas nécessairement l’accès à l’assurance, rappelle Josiane Cousineau. On va alors proposer une solution d’assurance personnalisée.» Certaines maladies pulmonaires ou respiratoires sont parfois considérées à haut risque. En cas de doute, mieux vaut ne rien omettre dans notre déclaration. Il faut aussi se renseigner à propos de notre couverture en cas d’évacuation médicale, sans oublier la protection pour le rapatriement advenant un décès.

Séjour allongé, protection prolongée?

L’un ne va pas toujours avec l’autre, les assureurs appliquant parfois une durée maximale pour la protection offerte. Le mieux est de confirmer avant de partir si un renouvellement ou une prolongation de la police est possible en cas de vacances qui s’étirent. «À la Croix Bleue du Québec, si on dépasse le délai prévu, ça rend la couverture nulle et sans effet, même si on réclame pour des dommages subis durant les premiers jours du voyage», met en garde Josiane Cousineau. Selon l’experte, le client doit absolument contacter l’assureur pour prolonger la protection et le faire dans le délai de préavis imposé par ce dernier. Cette politique existe d’ailleurs chez la plupart des assureurs, dit-elle.

Qu’en est-il du coût?

Étant donné qu’il varie d’un assureur à l’autre, mieux vaut magasiner notre assurance en utilisant, par exemple, un comparateur en ligne comme ClicAssure, avec lequel il est possible de confirmer la limite de la couverture et l’indemnité maximale. «À la Croix Bleue du Québec, la tarification de l’assurance voyage ne tient pas compte du pays visité, note Josiane Cousineau. Les trois critères qui vont influencer la prime sont l’âge, la durée du voyage et les conditions de santé de la personne.»

Bien sûr, tout voyage dans un pays considéré à risque par le gouvernement du Canada exige de se renseigner au préalable auprès de l’assureur et de voir s’il y a des exclusions. Il suffit de penser au niveau d’alerte 3 (évitez tout voyage non essentiel) et au niveau 4 (évitez tout voyage).

Des recours possibles

De nombreux voyageurs, particulièrement durant la pandémie, ont fait des réclamations auprès des assureurs pour toutes sortes de raisons. Pensons à ceux qui ont voulu annuler leur voyage et qui ont reçu des crédits au lieu d’un remboursement. L’apparition du variant Omicron a également semé la confusion alors que plusieurs ont souhaité annuler leurs vacances et se faire indemniser. Bon nombre de ces réclamations ont été refusées. À cet égard, une exclusion au contrat est souvent invoquée.

En cas de doute de la part du client, il est possible de demander une révision de dossier à l’interne. Des documents ou des informations supplémentaires pourraient contribuer à casser la décision. Si l’assuré a obtenu une «lettre de position finale» de la part de l’assureur qui refuse toujours de l’indemniser, il peut alors se tourner vers l’Ombudsman des assurances de personnes (OAP). Cet organisme sans but lucratif, indépendant et impartial, vient en aide à tous les consommateurs au Canada.

«On propose un service alternatif de résolution de conflit en assurance de personnes et la démarche est gratuite, explique Me Stéphanie Robillard, première ombudsman adjointe à l’OAP. C’est un recours possible avant de se tourner vers les tribunaux ou de s’adresser au régulateur provincial, comme l’Autorité des marchés financiers au Québec. On ne donne pas d’avis juridique, on offre plutôt de l’assistance aux consommateurs. Nos experts vont les guider dans leur processus de plainte, en plus de répondre à leurs questions.»

En dernier lieu, si la plainte est fondée, un conciliateur pourrait communiquer avec l’assureur et entamer une discussion afin de régler le différend. Les assureurs vont souvent accepter les suggestions des conciliateurs et, ultimement, la demande d’indemnisation.

COVID-19: attention!

Une assurance COVID est-elle toujours conseillée? «Avant de contracter une assurance qui couvre la COVID-19, demandez à votre représentant si cette protection n’est pas déjà incluse dans votre assurance de soins médicaux d’urgence», suggère Josiane Cousineau, vice-présidente marketing et relations publiques à la Croix Bleue du Québec. Mieux vaut également confirmer le montant spécifique de la protection pour la COVID-19 et s’informer des modalités d’annulation en cas de maladie avant le départ ou, par exemple, si une quarantaine à l’étranger sera obligatoire advenant un résultat positif.

Par ailleurs, une recrudescence des cas de COVID-19 dans le pays visité pourrait rendre plus difficile l’accès à des soins médicaux d’urgence à l’étranger. «À cet égard, même si votre assurance couvre les soins d’urgence nécessaires, vous pourriez ne pas y avoir accès comme vous le souhaitez. C’est un autre élément à considérer avant de partir», souligne l’Autorité des marchés financiers sur son site Internet.

À ne pas confondre: l’assurance soins médicaux d’urgence et l’assurance annulation. Pour cette dernière, il faut souvent ajouter une protection supplémentaire concernant la COVID-19. Par exemple, on s’enquiert auprès de notre assureur des conditions de remboursement si on a déjà payé une partie ou la totalité de notre voyage et qu’on doit l’annuler en raison du coronavirus. «La COVID-19 n’est plus une situation inconnue comme en mars 2020, précise Josiane Cousineau. On sait qu’il y a une pandémie et ça devient une exclusion à la Croix Bleue du Québec. On peut alors se protéger en ajoutant un avenant (la «protection optionnelle: pandémie») à notre assurance annulation.»

Assurance auto en voyage

Plusieurs ignorent que leur carte de crédit, notamment celles qui accordent des récompenses voyage, offre une protection contre les collisions et les dommages lors de la location d’une voiture. La couverture varie d’une compagnie à l’autre et d’un pays à l’autre, mais protège généralement le titulaire de la carte de crédit si le véhicule loué est volé ou endommagé. On se renseigne sur la durée, le montant de la protection et les exclusions comme le type de véhicule assurable. Cette protection ne s’applique qu’à la voiture elle-même et pas aux dommages subis par les autres véhicules ou personnes.

Rappel : la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indemnise les résidents québécois pour des dommages corporels subis n’importe où dans le monde (peu importe la partie responsable), mais il en va autrement si la personne assurée blesse quelqu’un d’autre. Aux États-Unis, les poursuites sont monnaie courante et coûtent parfois une fortune. La protection en responsabilité civile liée à l’assurance automobile ne suffit pas toujours à couvrir les dommages corporels, matériels et même moraux causés à autrui. Avant de prendre la route, il est recommandé de l’augmenter à deux millions de dollars, voire plus dans le cas de ceux qui voyagent plusieurs fois par année.

Protéger ses bagages

L’assurance bagages protège les risques de vol. Le voyageur doit d’abord vérifier si sa carte de carte de crédit ou ses assurances collectives offrent des garanties. En assurance habitation, la protection contre le vol peut couvrir certains objets. Il est possible de souscrire une assurance supplémentaire en cas de protection insuffisante. Cette couverture, souvent complémentaire à l’assurance voyage, comprend le remboursement de la valeur des biens personnels pour un montant maximum ou un pourcentage par catégorie d’articles (variable d’un assureur à l’autre).

Des compensations peuvent être accordées pour remplacer des documents importants comme le passeport ou le permis de conduire. En cas de réclamation, mieux vaut avoir des documents ou preuves à présenter à l’assureur comme des factures, des photos, etc.

 

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