Alors que la rentrée s’amorce, on a souvent envie de rafraîchir sa garde-robe. Le désir de se refaire une beauté représente la base de nombreuses campagnes de marketing à succès.
Toutefois, avant de courir chez H&M, il est bon de réfléchir à la façon de compléter sa garde-robe de manière durable tout en limitant son empreinte carbone.
Pour ce faire, il faut s’interroger sur ses besoins et prendre son temps pour acheter chaque pièce afin de savoir comment et où elle a été fabriquée – ce qui va à l’encontre de la fast fashion, ou mode éphémère, qui domine aujourd’hui les tendances mondiales en matière de consommation.
Voici quatre conseils qui peuvent vous aider à composer une garde-robe plus durable.
L’éphémère n’est pas durable
La mode éphémère fait référence à la production et à la distribution rapides de vêtements dans le but de refléter les dernières tendances. Depuis le début des années 1990, les améliorations technologiques, la baisse des coûts de production et la rationalisation des chaînes d’approvisionnement ont considérablement raccourci les cycles de la mode. De nos jours, les vêtements peuvent être fabriqués et vendus à bas prix quelques semaines seulement après leur conception.
Il y a encore quelques décennies, l’industrie occidentale de la mode proposait deux saisons : automne/hiver et printemps/été. Aujourd’hui, certains détaillants présentent des dizaines de petites saisons par an. Ce renouvellement constant des tendances pousse les consommateurs à renouveler fréquemment leur garde-robe et encourage le tout-jetable.
Bien que plus avantageuse pour le portefeuille, la mode éphémère a des conséquences multiples. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, le secteur des vêtements et des textiles, dominé par ce mouvement, est responsable de 2 à 8 % de l’ensemble des émissions mondiales de carbone et de 9 % de la pollution annuelle des océans par les microfibres.
En outre, la mode éphémère utilise environ 215 000 milliards de litres d’eau par an, soit l’équivalent de 86 millions de piscines olympiques. De plus, les travailleurs sont souvent exploités dans des conditions inhumaines pour un salaire dérisoire, tandis que les actionnaires empochent des bénéfices faramineux.
En réponse à ces critiques, un nombre croissant de distributeurs de mode éphémère, tels que H&M et Zara, disent prendre des mesures pour réduire leur empreinte écologique. Ces entreprises déclarent, par exemple, avoir remplacé les fibres synthétiques et le polyester, fabriqués à partir de pétrole, par des fibres naturelles et recyclées.
Toutefois, la forte présence de l’écoblanchiment dans l’industrie de la mode permet difficilement de savoir si ces affirmations sont fondées.
Des achats durables?
Comment peut-on espérer faire des achats durables compte tenu de ces préoccupations ?
La première étape, et à bien des égards la plus importante, consiste à s’engager à ralentir sa consommation en adoptant la mode durable et en faisant des achats éthiques afin de freiner la surproduction et la surconsommation.
1. Acheter moins, acheter mieux: du point de vue de la durabilité, il est préférable de renoncer à se procurer de nouveaux articles ou d’opter pour des vêtements de seconde main plutôt que d’acheter du neuf, mais ces solutions ne sont pas toujours possibles. On conseille par conséquent d’acheter moins d’articles, de sélectionner de la bonne qualité et des marques soucieuses du développement durable. En choisissant ses biens et les boutiques que l’on fréquente, on peut contribuer à limiter les effets négatifs de ses vêtements sur l’environnement et la société.
Cependant, la plupart des détaillants de mode ne contrôlent pas l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et ne peuvent pas garantir la durabilité de leurs vêtements. C’est pourquoi les consommateurs doivent faire preuve de vigilance pour faire des choix éclairés.
Le recyclage et la location sont des formules intéressantes, mais le recyclage des textiles peut être coûteux et avoir un impact sur l’environnement, tant en termes de matériaux que d’empreinte carbone.
Si vous optez pour la location de vêtements, évitez les services en ligne qui reposent sur la livraison. De même, si vous devez acheter en ligne, tenez-vous loin des sites de mode éphémère comme Temu et privilégiez les achats directs auprès de fabricants en qui vous avez confiance.
2. Réparer, réutiliser et recycler: prolonger la durée de vie des vêtements en les portant plusieurs années et en les réparant si nécessaire, au lieu de les jeter, peut être un excellent moyen de réduire l’empreinte écologique de sa garde-robe. Payer pour faire rapiécer un jean par un professionnel sera probablement beaucoup moins cher que de l’acheter neuf et permettra une économie d’argent sur le long terme.
Patagonia, un détaillant californien d’articles de plein air, encourage les consommateurs à «réparer, réutiliser et recycler» leurs vêtements. Ils prêchent par l’exemple en utilisant depuis 1993 des matériaux fabriqués, entre autres, à partir de bouteilles recyclées.
Le gouvernement français a récemment mis en place un programme national visant à subventionner les réparations de vêtements et de chaussures dans le but de réduire la quantité de vêtements jetés. On peut vérifier si des programmes similaires existent chez soi et, si ce n’est pas le cas, lancer une pétition demandant leur instauration.
3. Miser sur les fibres naturelles: opter pour des fibres naturelles telles que le coton, le lin, la soie, le chanvre et le bambou biologiques. Idéalement, les vêtements sont durables, fabriqués localement et à partir de matériaux naturels issus du commerce équitable et de sources durables.
Si les fibres naturelles sont idéales au quotidien, les matériaux synthétiques de haute performance sont essentiels pour le sport ou les vêtements de plein air imperméables qui doivent résister aux éléments. Pour ces besoins, on recommande des matériaux recyclés et issus d’autres procédés de fabrication « circulaire ».
4. Choisir des pièces simples et intemporelles: les vêtements, tels que les jeans, doivent être portés le plus longtemps possible et être fabriqués avec des matériaux sûrs, recyclés ou renouvelables. La conception doit également être minimale. Par exemple, les jeans délavés nécessitent plusieurs produits chimiques toxiques pour leur donner une apparence usée.
Renoncez aux tendances en constante évolution – comme les modes éphémères Regencycore ou Barbiecore – et complétez votre garde-robe petit à petit. Assurez-vous que chaque article que vous achetez vous convient et correspond à votre style de vie.
Dans le monde actuel avec la mode éphémère qui se renouvelle rapidement, on peut facilement se sentir dépassé ou découragé par le manque d’options durables. Pourtant, il est possible d’enrichir sa garde-robe en s’interrogeant sur ses besoins et en prenant le temps de choisir chaque vêtement en tenant compte de la manière et de l’endroit où il a été fabriqué.
Avec le temps, vous en viendrez peut-être même à apprécier une garde-robe petite et bien pensée, composée de pièces intemporelles que vous pourrez porter pendant des années, et pas seulement quelques semaines.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.
Excellent et informatif, ce sont les mots qui ont bondi dans ma tête. Plus de chroniques comme celle-ci. En autre, j’aimerais que l’on parle plus des maladies invisibles dont je souffre afin de s’outiller face e.x. : fibromyalgie, douleurs chronique, pour en nommer que deux. Les problèmes avec la vessie, l’estomac et ostéoarthrite en autre. MERCI pour vos belles chroniques.