De plus en plus de labels cherchent à présenter un visage écologique et sans danger pour la santé. Une excellente nouvelle pour l’environnement et pour notre bien-être, surtout que la beauté éthique suscite un réel engouement auprès d’un nombre grandissant de consommatrices québécoises. D’après un rapport du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations sur l’industrie des cosmétiques publié en 2014, les produits «verts» (naturels, biologiques, sans cruauté, etc.) occupent une part de marché en croissance exponentielle. Cependant, plusieurs petits pots qui se disent socialement responsables ne le sont pas toujours. D’où l’importance de lire tous les ingrédients, de connaître le lexique et de traquer les certifications avant d’acheter. Des spécialistes en beauté écoresponsable nous aident à nous repérer à travers les différentes appellations.
Naturel
«Quand un ingrédient est qualifié de naturel sur une étiquette, c’est qu’il provient d’une source végétale, animale ou minérale, et non d’une filière pétrochimique», décode Jean-Éric Marie, fondateur et président de la marque de soins capillaires Mistik. Cependant, rien n’empêche un produit composé d’ingrédients naturels de contenir aussi des éléments de synthèse, comme des agents de conservation chimiques, des colorants chimiques ou des arômes artificiels.
Biologique
«Les cosmétiques biologiques contiennent généralement pas moins de 95 % d’ingrédients naturels, au sein desquels il y a un certain pourcentage – habituellement un minimum de 10 % – d’ingrédients non transformés issus de l’agriculture biologique, c’est-à-dire cultivés sans pesticides, hormones, antibiotiques ou semences OGM», explique Jean-Éric Marie. À noter que très souvent, «les produits naturels affichent le pourcentage d’ingrédients biologiques qu’ils contiennent», précisent Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay, fondatrices de The Natural Curator (thenaturalcurator.com).
Équitable
Se dit d’un produit qui contient un certain seuil de pourcentage d’ingrédients provenant du commerce équitable. «Ce mode de commerce prévient l’exploitation humaine et procure des conditions financières, de vie et de travail décentes aux producteurs de karité, de cacao ou d’argan, par exemple, dans les pays pauvres ou en voie de développement», indique Jean-Éric Marie. «Souvent, les profits générés par la vente d’ingrédients fabriqués dans des conditions justes permettent aux coopératives d’offrir des soins de santé et de l’éducation à toute la communauté», ajoutent Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay.
Écoresponsable
«Un label écoresponsable ou éthique prend en considération l’impact environnemental du mieux possible dans la conception de ses produits (production locale, développement durable), jusqu’à la disposition de ces derniers (recyclage des contenants et des emballages)», définit Jean-Éric Marie. Chez Yves Rocher, par exemple, l’équipe d’experts en recherche et innovation, écoconception et développement durable a fait le choix de diminuer la consommation de ressources non renouvelables en réduisant le poids des emballages et en incorporant des matières premières recyclées. Résultat: le poids moyen des emballages en plastique de la marque française a baissé de 8 % depuis 2010. Et l’insertion de plastique recyclé dans ses flacons a fait économiser plus de 140 tonnes de plastique vierge en 2015.
Local
«La beauté locale n’a pas encore de définition précise. Il s’agit d’un concept assez flou pour le moment», observe Alain Renaud, fondateur et propriétaire de la marque de produits corporels certifiés biologiques Druide. Ce qu’on sait: de plus en plus de labels d’ici, qui fabriquent de beaux et bons cosmétiques, incitent à faire des achats responsables. «Chez Mistik, on utilise des plantes locales pour produire nos soins capillaires, car cela fait tout simplement beaucoup de sens, confie Jean-Éric Marie. Les plantes cueillies au Québec sont plus fraîches et donc, par conséquent, plus riches en teneur de molécules actives. Elles ont aussi de facto une meilleure empreinte carbone, puisqu’elles ont passé moins de temps en transport.»
Végétalien
Pour qu’un produit soit végan, il ne doit pas contenir d’ingrédients provenant des animaux ni avoir été testé sur ces derniers.
Sans cruauté
La mention «sans cruauté» ou cruelty free atteste qu’un produit n’a pas été testé sur les animaux, ni pour les ingrédients qui le composent ni durant sa conception. Elle est représentée de façon officielle par le logo d’un lapin bondissant (le fameux «Leaping Bunny» de Cruelty Free International) et de façon non officielle par l’enseigne d’une tête de lapin aux grandes oreilles (les «Bunny Ears» de PETA, l’association qui milite pour un traitement éthique des animaux). «De moins en moins de produits de beauté sont testés sur les animaux, surtout depuis que l’Union européenne a banni cette pratique, notent Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay. La Chine reste le gros problème, car il est obligatoire là-bas pour certains cosmétiques d’être testés sur les animaux avant d’être mis en marché.» Pour vérifier si un produit est certifié sans cruauté: crueltyfreeinternational.org ou peta.org.
Certifications
Il existe un grand nombre de certifications pour les produits de beauté biologiques, puisqu’il n’y a pas de réglementation législative des cosmétiques bios au Canada. On doit donc s’en remettre à des certificateurs privés. «Les plus sûrs sont Ecocert, Cosmebio, USDA Organic et Soil Association. Ce sont les plus connus et ils ont des critères très stricts», affirment Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay. Info: ecocert.com, cosmebio.org, usda.gov/organic et soilassociation.org.
Étiquette
Avant d’acheter un produit qui se targue d’être écoresponsable, on scrute la liste de ses ingrédients. «Parmi les composants à éviter dans les cosmétiques et les produits d’hygiène, on note les sulfates, les silicones, les parabènes, le méthylisothiazolinone, le phénoxyéthanol, l’alcool benzylique, les PEG et les phtalates, liste Jean-Éric Marie. Ces ingrédients présentent des risques de toxicité ou d’agressivité sur le corps ou sur l’environnement, selon plusieurs études.» Ce risque est différent pour chaque individu et peut se comparer à la consommation de tabac: on ne peut prédire avec exactitude les conséquences de la cigarette sur la santé, mais statistiquement, le risque augmente dès qu’on en consomme. Pour plus d’information sur les ingrédients nocifs: ewg.org/skindeep/, laveritesurlescosmetiques.com et davidsuzuki.org.
Recyclage
«Le contenant et l’emballage d’un produit de beauté biologique sont toujours recyclables, car c’est l’une des conditions pour être ainsi qualifié par le certificateur», révèle Alain Renaud. Dans ce cas, il suffit de nettoyer les tubes et petits pots et de les déposer dans le bac de recyclage. Si les cosmétiques ne sont pas certifiés bios, il faut par contre malheureusement les jeter à la poubelle.
Allergies
Risque-t-on moins de réactions cutanées avec des cosmétiques biologiques? «Sur la question spécifique des allergies, on ne peut pas vraiment pointer du doigt les produits non bios versus ceux certifiés biologiques, déclare Jean-Éric Marie. Par contre, on répertorie plus de cas d’intolérance et d’intoxication chez les gens utilisant des cosmétiques d’origine pétrochimique ou synthétique.»
Gluten
Si on souffre d’une intolérance au gluten, mieux vaut acheter des cosmétiques qui n’en contiennent pas, d’après Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay. «Même s’ils ne composent qu’une infime partie du produit, les ingrédients toxiques, dont le gluten fait partie, s’accumulent dans notre système au fil des applications sur notre peau.»
Vernis à ongles
On a souvent reproché aux vernis et dissolvants d’être très toxiques. «C’est vrai que les produits pour les ongles sont généralement composés d’ingrédients nocifs comme le toluène, le phtalate de dibutyle, le formaldéhyde, la résine de formaldéhyde et le camphre, soulignent Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay. Mais de plus en plus de labels beauté proposent des produits plus naturels exempts de ces cinq ingrédients.»
Prix
Si le prix des cosmétiques écoresponsables est plus élevé, «c’est que cet argent est investi dans les ingrédients naturels ou biologiques et dans la qualité de la fabrication, plutôt que dans de grandes campagnes de publicité conçues pour vous convaincre d’acheter le produit», soutiennent Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay. Il suffit de comparer le prix d’un litre d’huile de coco biologique (qu’on retrouve dans presque tous les produits bios) et celui d’un litre de gaz (qui provient du pétrole, ingrédient de la plupart des produits synthétiques) pour comprendre pourquoi les cosmétiques responsables coûtent plus cher. «Le premier vaut environ 15 à 20 $; le second à peu près 1,50 $», révèle Jean-Éric Marie.
Choix
Karine Lachapelle et Gabrielle Tanguay sont catégoriques: «Le produit de beauté idéal est naturel, biologique ET équitable. C’est une bonne façon de chouchouter notre peau et d’éviter les ingrédients néfastes pour la santé, en plus d’encourager l’agriculture biologique et le commerce équitable.»
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