Comme chez l’humain, le processus de vieillissement chez l’animal est incontournable. Il n’est toutefois pas identique d’un animal à l’autre. De nombreux facteurs influent sur la longévité de nos petits compagnons à quatre pattes: la génétique, la race, le poids, l’hygiène de vie et la qualité des soins qui leur sont prodigués tout au long de leur vie.
La bonne nouvelle: grâce aux progrès réalisés dans les domaines de la médecine vétérinaire, du dépistage et de la nutrition, la longévité des animaux s’est nettement accrue. On peut donc espérer vivre de plus en plus longtemps avec nos fidèles amis.
Règle générale, les races de chats et de chiens de petite taille (yorkshire, poméranien, shih tzu) vivent cependant plus longtemps que ceux de taille moyenne ou grande (berger allemand, bouvier, labrador) et de taille géante (terre-neuve, danois, saint-bernard, lévrier irlandais). En moyenne, les chats et les chiens de petite taille vivent de 14 à 16 ans, les chiens de taille moyenne, de 11 à 12 ans et les chiens de grande taille, de 8 à 9 ans.
Des signes à surveiller
À l’instar des humains, les signes de vieillesse apparaissent progressivement chez les animaux. Les systèmes digestif, urinaire, cardiaque, nerveux, reproducteur et locomoteur ralentissent et s’affaiblissent peu à peu. Si certains signes sont évidents, tels que l’apparition de poils blancs près du museau et sur la tête, ou encore d’un pelage plus sec, plus terne et moins fourni, d’autres le sont moins. Par conséquent, vous devez être attentif non seulement aux indices physiques chez votre animal, mais aussi aux changements dans son comportement, sa routine et ses habitudes. Toute modification peut cacher un trouble plus ou moins sérieux.
Histoire de vous faciliter la tâche, voici quelques problèmes fréquemment rencontrés chez l’animal vieillissant.
- Diminution de la vue (cataracte) et de l’ouïe. Il ne vous accueille plus à votre arrivée ou ne répond pas à un ordre. Il se cogne aux meubles.
- Changement des habitudes alimentaires (augmentation ou diminution de l’appétit).
- Perte ou gain de poids. L’obésité est fréquente chez l’animal âgé, car il est moins actif.
- Affaiblissement de la masse musculaire.
- Baisse du niveau d’énergie. Il court moins, se fatigue plus vite, reste couché plus longtemps.
- Augmentation du niveau d’énergie. Cela peut indiquer un hyperthyroïdisme.
- Douleur chronique due à un problème musculaire, à l’arthrose ou à une raideur au dos. Il éprouve de la difficulté à monter ou descendre les escaliers, à se lever, à sauter. Il boite. Il refuse souvent les caresses ou les brossages en raison de la douleur qu’elles provoquent.
- Confusion ou désorientation. Il fixe un point sur le mur pendant de longues minutes. Il demande à sortir et veut tout de suite rentrer. Il se perd sur un trajet qui lui était familier.
- Changement de personnalité: manque d’interaction avec l’entourage ou agressivité soudaine. Un animal qui souffre peut devenir agressif lorsqu’on veut le toucher parce qu’il anticipe la douleur.
- Cycle de sommeil différent. Il somnole le jour et ne dort pas la nuit.
- Perte de mémoire. Il oublie les règles apprises.
- Anxiété. Il a peur de rester seul. Il se met à craindre certaines personnes ou certains bruits.
On peut diagnostiquer chez l’animal vieillissant les mêmes détériorations que chez l’humain. Les plus fréquentes : les maladies cardiaques et rénales, l’ostéo- arthrose, le diabète (surtout chez les chats), l’anémie, les maladies hépatiques, l’incontinence urinaire, les problèmes cutanés, l’hyperthyroïdisme (surtout chez les chats), l’hypothyroïdisme (surtout chez les chiens), les maladies pulmonaires, les cancers et les problèmes dentaires (gingivites). Surveillez notamment l’apparition de kystes ou de bosses, car les tumeurs sont fréquentes chez les animaux âgés. Remarquez si votre animal boit et urine plus souvent, s’il s’échappe dans la maison, s’il demande fréquemment la porte ou s’il maigrit malgré un plus grand appétit. Cela peut signifier un diabète ou un problème de la thyroïde. Soyez également à l’affût d’une toux, d’un essoufflement ou d’une difficulté respiratoire. Ne négligez aucun changement.
Comment l’aider?
Bien entendu, il n’est pas possible d’arrêter l’horloge du temps ni de guérir tous les bobos de Fido et Minette. En revanche, un dépistage précoce et des soins adaptés à leur état peuvent, dans la plupart des cas, ralentir l’évolution de leurs malaises, augmenter leur espérance de vie et améliorer leur confort. Bref, ce n’est pas parce que votre animal est âgé qu’il n’y a rien à faire.
Des visites régulières chez le vétérinaire permettront d’identifier rapidement les problèmes de santé, d’obtenir des soins médicaux adaptés à la condition de votre animal et de recevoir des conseils avisés afin de lui faciliter la vie. Le vétérinaire vous renseignera également sur ses nouveaux besoins nutritionnels. En effet, il est parfois nécessaire d’augmenter certains nutriments et d’en réduire d’autres lorsque l’animal vieillit.
À la maison, vous devrez faire preuve de patience et de tolérance. Il n’est plus le jeune chien fringant qui vous suivait pas à pas. Il a davantage besoin d’attention et de calme. Aussi, vous devrez peut-être modifier son environnement. Par exemple, s’il éprouve de la difficulté à monter ou à descendre les escaliers, installez son coussin au rez-de-chaussée plutôt qu’au sous-sol, à l’abri du bruit et des courants d’air. S’il se cogne aux meubles en raison d’une baisse de vision, déplacez ceux-ci pour créer plus d’espace. Également, vous devrez sans doute adapter les promenades en fonction de ses capacités, en diminuant notamment leur durée et leur cadence. Mais ne les délaissez pas. L’exercice régulier permet d’éviter l’embonpoint, de maintenir la masse musculaire et de garder un minimum de mobilité. S’il a du mal à se retenir, sortez-le souvent. N’attendez pas qu’il demande la porte.
Soigner ou euthanasier?
Tôt ou tard, vous aurez à faire face à ce dilemme. Avec le développement de la science médicale, les vétérinaires ont la possibilité de prolonger l’existence des animaux, tout en leur assurant une qualité de vie acceptable. Mais cela a un coût… parfois très élevé! Jusqu’où êtes-vous prêt à aller?
Établissez le plus objectivement possible vos limites concernant le bien-être de votre animal. Voulez-vous vraiment aller jusqu’au bout malgré sa souffrance et sa piètre qualité de vie? En tant que propriétaire, vous vous devez de prodiguer les meilleurs soins à votre animal âgé, mais pas jusqu’à l’acharnement parce que vous n’êtes pas prêt à le voir partir. Discutez-en avec le vétérinaire. Évaluez l’état de santé de votre animal et voyez les options possibles. Informez-vous sur son espérance de vie. Est-ce qu’un sursis de deux ou trois mois vaut la peine? Parfois, quelques mois de plus permettent d’apprivoiser l’idée de sa mort. Selon les experts, tant et aussi longtemps que la qualité de vie de l’animal est présente et acceptable et que la douleur est maîtrisée, il est raisonnable de poursuivre les soins si on le souhaite.
Au-delà des sentiments, il y a aussi l’inévitable question financière. Êtes-vous prêt à vous endetter pour le faire soigner? Quelles seront les conséquences actuelles et futures pour vous? Par ailleurs, avez-vous le temps et l’énergie nécessaires pour soigner votre animal malade et le conduire régulièrement chez le vétérinaire?
Une analyse détaillée de la situation, en tenant compte des besoins de votre animal et des vôtres, vous permettra de prendre de façon réfléchie la décision de mettre fin à ses souffrances en le faisant euthanasier, ou encore de pousser les soins plus loin. Un choix douloureux et difficile, assurément, mais essentiel.
L’important, c’est d’être en paix avec ce que vous aurez décidé. Chaque cas est unique. Le choix vous appartient, et personne n’a le droit de le juger ni de vous juger. Après tout, votre animal a eu jusqu’à présent une vie heureuse et c’est à vous qu’il le doit. C’est tout ce qui compte.
Merci au Dr Joël Bergeron, vétérinaire et président de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, pour sa collaboration.
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