Né à Chicoutimi, Jean-Paul Simard s’installe à Montréal dans les années 1960 avec l’intention de poursuivre des études à l’université. Le besoin «d’assumer pleinement ma gaiétude», chose qu’il ne se sentait pas libre de faire dans sa municipalité natale, le pousse d’abord à ce changement d’horizon. Après des cours en littérature et en science politique, ce jeune esprit curieux de tout est attiré par des programmes en horticulture et en ornementation. Il devient ainsi jardinier professionnel pour la Ville, jusqu’à sa retraite en 2013.
Retraite oisive, non merci!
À l’âge de 65 ans, après avoir connu une carrière des plus florissantes, notre pro du jardinage se sent mûr pour la retraite. Sauf que… «je n’avais pas envie de rester chez moi à ne rien faire». Après tout, se raisonne-t-il, on a droit à l’épanouissement de soi, peu importe notre âge. Préposé aux bénéficiaires au CHSLD Émilie-Gamelin dans son jeune temps, il retourne à cet endroit comme bénévole. Le côté social lui manquant cruellement, il choisit toutefois d’explorer d’autres avenues. «À un moment donné, j’ai appris par la revue Fugues l’existence de l’ARC (Aînés et retraités de la communauté).» Fondée par Renaud Paré en 2000 et première du genre à voir le jour dans la métropole, l’association regroupe des gais de 50 ans et plus à la retraite. Sa mission? Organiser des activités pour contrer l’isolement. «Ça me parlait. J’ai donc décidé de m’engager au sein de cet organisme.»
Aussitôt dit, aussitôt fait. En plus d’être éditeur du journal électronique l’ARC hebdo, «un titre que je me suis donné» (rires), Jean-Paul Simard devient responsable de deux activités: la marche du mercredi et le brunch du dimanche. «Dans le premier cas, une cinquantaine d’entre nous se donnent rendez-vous au métro Mont-Royal, puis marchent jusqu’au lac aux Castors, sur la montagne. On apporte notre lunch pour manger sur place. Le brunch du dimanche, lui, se déroule au restaurant La Station des Sports, sur la rue Sainte-Catherine.» Ici aussi, plus d’une cinquantaine de personnes y participent chaque semaine. Ces rencontres régulières les aident à former des liens. «On est toujours contents de se voir. On est devenus une bien grande famille!» (rires)
Jean-Paul Simard
Vieillir dans la solidarité
En plus de s’attacher à elle, l’organisateur bénévole apprend les histoires de sa «famille». «En marchant, c’est inévitable, on finit par se connaître!» Les brunchs dominicaux lui fournissent aussi l’occasion de découvrir des choses émouvantes. «Les premiers temps, j’avais pris l’habitude de m’asseoir avec des gens différents. Chacun me racontait sa vie. Beaucoup d’entre eux avaient vécu leur sexualité dans l’ombre. Aujourd’hui, ils sont seuls au monde.» La réalité des personnes gaies vieillissant dans l’isolement le touche particulièrement. «Étant donné que je me suis accepté comme gai il y a longtemps, j’ai moi-même été en mesure de vivre ma véritable nature au grand jour. D’autres n’ont pas eu cette chance. Certains se sont fait dire par leur prêtre: « Marie-toi, ça va passer. » Sans exemple gai pour les guider, ils étaient perdus.»
Au sein de cette famille qui lui est chère, Jean-Paul Simard a trouvé une façon de combattre la solitude, en plus de tisser des relations solidaires avec les autres membres. «Le côté extraordinaire d’ARC, c’est de faire en sorte qu’on s’accepte profondément. Ça nous fait un groupe auquel on appartient. On s’épaule devant la maladie, on fait nos deuils et on apprend à rire ensemble. Et ça, c’est un cadeau de la vie des plus précieux.» Pour plus d’info: arcmontreal.org.
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