Ça fait des années que l’on entend dire que consommer un tout petit peu d’alcool sur une base régulière s’avère un atout pour la santé. Des dizaines d’études sérieuses arrivent à ces conclusions, sauf une voix discordante ici et là de temps à autre, ce qui est normal dans le monde de la recherche où l’on trouve tout et son contraire… Les mythes au sujet de l’alcool sont tenaces!
Or, voici qu’Éduc’Alcool, un organisme québécois qui incite les gens à boire modérément depuis 15 ans, ajoute sa voix au concert de ceux qui chantent les vertus santé de l’alcool! Éduc’Alcool documente le lien entre alcool et santé dans son dépliant Les effets de la consommation modérée et régulière d’alcool, paru en avril 2005.
En prenant soin d’apporter toutes les nuances qui s’imposent, Éduc’Alcool soutient que deux consommations par jour tout au plus gardent le cœur en santé. «Avec toutes les études animales et épidémiologiques dont nous disposons actuellement, il est clair que la molécule d’alcool a un effet sur le système cardiovasculaire, soutient Louise Nadeau, professeure de psychologie à l’Université de Montréal et chercheuse émérite dans le monde de la dépendance à l’alcool. Si bien qu’une chose est désormais certaine: dans une société comme la nôtre, les abstinents vivent moins longtemps que les gens qui boivent modérément.» Une consommation équivaut à un verre de vin, à une bière, ou alors à un cocktail fait avec une once de gin, de vodka, etc.
Éduc’Alcool écrit encore que, s’il n’y a aucune évidence d’effet protecteur chez les jeunes, à partir de la ménopause, chez les femmes, et de la quarantaine, chez les hommes, la consommation modérée et régulière d’alcool a généralement des effets bénéfiques pour la santé. L’effet protecteur augmente avec l’âge et l’accroissement des risques de maladies, devenant encore plus évident chez les personnes de plus de 60 ans. Mais à une déclaration semblable, Éduc’Alcool s’empresse d’ajouter: ne commencez pas à boire juste pour des motifs de santé. «L’alcool n’est pas un médicament», précise Hubert Sacy, directeur général d’Éduc’Alcool.
Les effets protecteurs
L’effet protecteur d’une consommation modérée régulière d’alcool se construit à long terme. Elle augmente le taux de bon cholestérol qui, lui, retire le mauvais cholestérol des vaisseaux sanguins. L’alcool inhibe aussi la formation de caillots sanguins tout autant que de calculs biliaires. En gardant les vaisseaux propres, il est possible que l’alcool protège aussi des accidents vasculaires cérébraux et des maladies artérielles périphériques, lesquelles compromettent la circulation sanguine des bras et des jambes, avec perte de sensations et affaiblissement des muscles. L’alcool bu modérément soustrait 30% des risques d’être atteint d’une maladie cardiovasculaire. Ceux qui boivent modérément courent aussi 30% moins de risque que les abstinents de développer un diabète de type 2: l’alcool contribue à mieux contrôler le niveau de glucose dans le sang.
L’alcool à dose modérée aide également à relaxer, réduit le stress, améliore l’humeur et la sociabilité. Éduc’Alcool estime que cela peut avoir un impact sur la cohésion sociale et la créativité. Enfin, on attribue à l’alcool une protection contre l’arthrite, les pierres aux reins, les infections comme la grippe, et les rhumatismes chez les femmes.
Comment profiter des effets bénéfiques de l’alcool
Pour profiter de l’ensemble de ces effets bénéfiques, il faut boire régulièrement, c’est-à-dire un petit peu tous les jours, soit une ou deux consommations, essentiellement autour des repas. C’est une tout autre histoire de boire à jeun en se levant le matin! On parle de 9 à 11 consommations par semaine pour les femmes, de 14 à 17 pour les hommes. Prendre 10 consommations au cours du souper du samedi soir n’a rien à voir avec le fait d’en prendre 1 ou 2 tous les jours. Dépasser le nombre des consommations annule tous les effets bénéfiques et peut même nuire à la santé. Qu’on se le tienne pour dit!
Tous les alcools sont désormais placés sur un pied d’égalité, même si plusieurs attribuent au vin rouge des effets protecteurs additionnels (notamment des antioxydants). Dans son tout dernier dépliant, Éduc’Alcool attribue des effets protecteurs au vin, au cidre, à la bière, à la vodka, au gin et aux autres spiritueux.
Un revers à la médaille?
Il n’est ni dans le mandat ni dans les habitudes d’Éduc’Alcool d’occulter une partie de la réalité. L’organisme tient à préciser que si l’on sait hors de tout doute qu’une consommation exagérée d’alcool nuit à la santé, les risques d’une consommation régulière modérée sont par contre bien moins connus. Y a-t-il un lien entre faible consommation d’alcool et cancer du sein ou cancer colorectal, comme certains l’ont affirmé? Selon Éduc’Alcool, rien ne le prouve encore. Il se pourrait que boire de l’alcool sur une base quotidienne, même en petite quantité, nuise au foie. «La probabilité d’être atteint d’une maladie du foie serait plus élevée chez les buveurs quotidiens que chez les gens qui consomment peu souvent mais en grande quantité», écrit Éduc’Alcool.
Par ailleurs, les personnes malades, sous médication ou affublées d’une histoire familiale de dépendance à l’alcool, les femmes enceintes ou désirant le devenir ne devraient même pas boire deux consommations par jour. Il est très important de ne pas mélanger certains types de médicaments avec de l’alcool. Le mieux: en discuter avec le médecin ou le pharmacien.
1 consommation, c’est…
Bière ou cidre à 5% d’alcool: 12 oz (340 ml)
Vin à 12% ou 13% d’alcool: 5 oz (145 ml)
Vin fortifié à 18% ou 20% d’alcool: 3 oz (85 ml)
Vodka, gin et autres spiritueux à 40% d’alcool: 1,5 oz (43 ml)
À propos d’Éduc’Alcool
L’existence d’Éduc’Alcool a des retombées positives: c’est au Québec que se trouve le plus grand pourcentage de buveurs au Canada, et c’est ici aussi où se concentre le plus petit pourcentage d’abus d’alcool! «Éduc’Alcool a un impact sur le bien boire!», conclut Michel Germain.
Ressources
www.educalcool.qc.ca
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