La planification de la retraite concerne d’abord les individus, non les couples, répètent avec justesse les spécialistes de la question. La raison est simple: au Québec, près d’un mariage sur deux se termine par un divorce dans les 30 premières années du mariage, selon Statistique Canada. Et cette donnée ne tient pas compte des unions de fait qui aboutissent vraisemblablement à des résultats similaires.
Et puis, même si le couple ne se sépare pas, il y a de fortes «chances» que la femme doive vivre seule pendant plusieurs années. En effet, les Québécoises vivent en moyenne 6 ans plus longtemps que les hommes. Or, cette période d’esseulement risque de survenir après qu’elles ont quitté le marché du travail, au moment où leurs revenus sont en déclin.
Vous êtes une femme? Vous avez alors tout intérêt à planifier tôt votre retraite, à plus forte raison si vous êtes seule, parce que vous arriverez au bâton avec deux prises contre vous.
- Votre espérance de vie supérieure à celle des hommes se traduira par un besoin d’argent supplémentaire, car vous pourriez devoir supporter longtemps les dépenses de votre ménage une fois que vous aurez cessé de travailler.
- Si vous avez laissé votre emploi pour élever vos enfants, vous avez arrêté de cotiser à votre fonds de pension (si vous faites partie de la minorité qui en a un). Résultat: votre rente de retraite sera diminuée.
Certes, vous pouvez recommencer à travailler pour améliorer vos revenus de retraite. Mais est-ce une perspective qui vous enchante? Les retours au travail se font souvent dans des emplois précaires et des postes temporaires. Souvent mal rémunérés, ils sont majoritairement le lot des femmes.
Un nouvel environnement financier
Le nouvel environnement financier
La plupart du temps, les personnes qui planifient leur retraite se préoccupent d’abord de leurs revenus futurs, ce qui est tout à fait normal. Elles en connaissent la provenance, savent s’ils sont indexés au coût de la vie, quand elles commenceront à les recevoir, etc. De ce côté, la situation est habituellement sous contrôle.
Au chapitre des dépenses, c’est une autre histoire. En effet, pendant que vous étiez sur le marché du travail, vous avez été habituée à dresser votre budget en commençant par évaluer vos revenus. Or, une fois à la retraite, vous devrez mettre la priorité sur les dépenses, car les rentrées d’argent risquent d’être limitées. La façon la plus simple d’apprivoiser votre nouvel environnement financier consiste à comparer les dépenses de votre dernière année sur le marché du travail avec celles de votre première année à la retraite. Pour ce faire, utilisez une grille budgétaire.
Que faire?
Après quelques mois de nouvelles habitudes budgétaires, vous vivrez sûrement l’une ou l’autre des deux situations suivantes:
- Certains mois se soldent par une perte. À cause du chauffage, notamment, les mois d’hiver peuvent être plus coûteux que ceux du printemps et de l’été. C’est normal, mais assurez-vous que vos mois excédentaires contrebalancent les pertes et que, à la fin de l’année, votre budget demeure équilibré.
- Il y a un surplus à la fin de l’année. Vous devez «l’approprier» en le transférant dans un compte d’épargne ou dans un certificat de placement garanti, par exemple. Cela fait, recommencez la nouvelle année financière avec, dans votre compte bancaire courant, uniquement le montant déjà prévu au budget. N’oubliez pas que les surplus budgétaires ne doivent pas servir à financer vos projets de retraite. De l’argent doit déjà être programmé à cette fin. Voyez plutôt les surplus comme une récompense à vos efforts d’épargne. Vous pouvez les employer à rembourser une dette par anticipation ou à vous acheter une gâterie.
De nombreuses personnes éprouvent des difficultés à gérer leur budget à l’aide d’un seul compte bancaire. Si c’est votre cas, n’hésitez pas à ouvrir un deuxième compte. Vous pourriez utiliser le premier pour régler les dépenses fixes (hypothèque, électricité, chauffage, assurances, taxes, etc.) et le second pour payer les dépenses variables, comme les frais de santé, les loisirs et les fournitures. Cela vous coûtera plus cher en frais bancaires, mais c’est peut-être le compromis à accepter pour maîtriser votre budget.
Exploitez toutes les sources de revenus
Exploitez toutes les sources de revenus
Contrôler ses dépenses est une excellente habitude à prendre, mais il ne faut pas laisser filer des revenus. Voyons ceux auxquels les femmes seules peuvent avoir droit selon différentes situations.
Vous devenez veuve. Vous êtes peut-être admissible à une rente de conjoint survivant du Régime de rentes du Québec (RRQ). Nous disons «peut-être», car pour y avoir droit, votre conjoint doit avoir cotisé au RRQ pendant le tiers de la période où il pouvait le faire, pour un minimum de trois ans. S’il compte 10 ans ou plus de contribution, vous êtes assurée de recevoir la rente de conjoint survivant. Le montant de cette rente varie selon les sommes que votre conjoint a payées au RRQ lorsqu’il travaillait, votre âge en tant que veuve, le fait que vous soyez invalide ou non, et que vous ayez des enfants à charge ou non. Jusqu’au 31 décembre 2008, la rente maximale que verse le RRQ pour les veuves âgées de 45 à 64 ans, par exemple, est de 745,77$ par mois. À partir de 65 ans, la rente de conjoint survivant baisse considérablement (maximum: 530,75$ par mois). Cette réduction est toutefois compensée par la Pension de la sécurité de la vieillesse que verse le fédéral à compter de cet âge.
Lorsque votre conjoint meurt, vous pouvez réclamer du RRQ une prestation de décès. Ce montant forfaitaire de 2 500$ vous sera accordé si votre conjoint a suffisamment contribué au RRQ (le tiers de la période cotisable, minimum de trois ans). Le versement de cette prestation n’est pas automatique; vous devez la demander à la Régie avec la preuve du paiement des frais funéraires dans les 60 jours suivant le décès. Après cette période, si aucune demande n’a été présentée, la prestation de décès peut être payée aux héritiers dans un délai de 5 ans suivant la date du décès.
Si vous avez des enfants de moins de 18 ans, ceux-ci ont le droit de recevoir une rente d’orphelin. Ici aussi, votre conjoint doit avoir suffisamment cotisé au RRQ (le tiers de la période cotisable, minimum de trois ans). Pour 2008, la rente d’orphelin s’établit à 66,29$ par mois pour chaque enfant admissible. Elle cesse d’être versée lorsque l’enfant atteint 18 ans.
Votre conjoint a-t-il participé à un régime complémentaire de retraite (RCR) lorsqu’il travaillait? S’il est mort avant de prendre sa retraite, vous recevrez une prestation de décès de son RCR, à moins que vous y ayez renoncé. Ce montant, forfaitaire ou sous forme de rente, doit être au moins égal à la valeur des droits que votre conjoint a accumulés dans le RCR depuis le 1er janvier 1990, y compris la part de l’employeur. Pour ce qui est des droits accumulés avant le 1er janvier 1990, la prestation de décès doit être au moins égale aux cotisations de votre conjoint, plus les intérêts courus jusqu’à la date de paiement de la prestation. Le RCR n’est pas tenu d’inclure la part de l’employeur. Si le décès est survenu alors que votre conjoint était à la retraite, vous recevrez une rente à vie équivalant à au moins 60% de celle qu’il touchait de son vivant.
Par ailleurs, si votre conjoint décède des suites d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle, la CSST vous indemnisera. S’il meurt à la suite d’un accident automobile, la SAAQ vous paiera une indemnité.
Enfin, n’oubliez pas le gouvernement fédéral. En effet, le programme de la sécurité de la vieillesse prévoit le versement d’une allocation au survivant aux personnes âgées de 60 à 64 ans dont le conjoint vient de mourir. Cependant, pour y avoir droit, vos revenus doivent être inférieurs à 20 520$ (valable en juin 2008; ce seuil est rajusté aux quatre mois). L’allocation au survivant n’est pas imposable. Cependant, vous devez l’inscrire dans votre déclaration de revenus.
Vous êtes divorcée. Vous n’aurez pas droit à grand-chose de votre ex-conjoint. Il y a toutefois des exceptions en ce qui concerne le RRQ et les RCR. En effet, les gains acquis au RRQ par vous et votre ex seront divisés à parts égales au moment du divorce, ce qui peut avoir une incidence sur votre rente du RRQ. Par exemple, si votre ex-conjoint a cotisé beaucoup au RRQ et vous peu, votre rente de retraite sera bonifiée. Quant aux RCR, sachez qu’ils font partie du patrimoine familial. Lorsque vous divorcez, vous devez en tenir compte quand vous partagerez les biens. N’attendez pas la retraite pour demander le partage. Il est préférable d’effectuer cette démarche le plus tôt possible après la rupture. Par ailleurs, un divorce annule tout legs testamentaire que votre ex aurait prévu pour vous dans son testament. Il révoque également votre désignation à titre de bénéficiaire, même irrévocable, dans sa police d’assurance vie.
Vous êtes célibataire. Vous pouvez commencer à toucher vos revenus dès que vous y êtes admissible. Si vous avez participé à un RCR au travail, vérifiez avec votre employeur à quel âge vous pouvez demander votre rente de retraite. Pour le RRQ, vous avez le droit de recevoir vos prestations de retraite dès 60 ans si vous avez cotisé suffisamment au régime et cessé de travailler complètement ou partiellement. Dans ce dernier cas, votre salaire doit être réduit d’au moins 20%.
La règle du 70%
La règle du 70%
Les spécialistes de la planification de la retraite disent qu’une personne a besoin, en gros, de 70% de ses revenus annuels bruts moyens des trois dernières années de travail afin de conserver son niveau de vie à la retraite. Donc, pour un revenu brut de 30 000$, par exemple, c’est 21 000$ qu’il vous faudrait à la retraite.
Cette règle du 70% n’est pas coulée dans le béton. En effet, si votre revenu annuel brut est de moins de 30 000$ et que vous prévoyez payer un loyer, vous aurez sûrement besoin de plus de 70% de votre revenu pour garder le même niveau de vie. Par contre, si vous avez gagné des revenus plus élevés que la moyenne, par exemple 60 000$ par année ou davantage, vous pourriez vivre confortablement avec 60 ou 65%.
Pourquoi 70% et non pas 100%? Parce que, en général, les dépenses liées au travail vont diminuer ou être éliminées une fois que vous serez retraitée. Vous ne cotiserez plus au Régime de rentes du Québec (RRQ) ou à la caisse de retraite de votre employeur, vous paierez moins d’impôt et vos charges familiales devraient diminuer. Par contre, il vous en coûtera plus cher en activités sociales et récréatives, en frais de voyage et en soins de santé.
Retraite: les bonnes sources d’information
Depuis des années, les groupes de protection des consommateurs, comme les associations coopératives d’économie familiale (ACEF), offrent des cours sur le budget. Vous y apprenez comment utiliser les grilles budgétaires, planifier les dépenses, vous approprier les surplus, etc. C’est simple et efficace, en plus d’être une bonne occasion de faire des rencontres intéressantes. Les cours s’étalent habituellement sur deux ou trois semaines, à raison de un cours par semaine. Prévoyez des frais.
Mise à jour: septembre 2008
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