Les rendements réalisés en 2024 ont agréablement surpris certaines personnes ayant investi à la Bourse. Voici quelques pistes de réflexion à considérer pour répéter l’exploit cette année.
Les experts invités
- Sébastien Mc Mahon, stratège en chef pour IA Groupe financier
- Martin Lalonde, président et gestionnaire de portefeuille de Rivemont
- Jean-François Vinet, conseiller en placements et planificateur financier affilié à Gestion de capital Assante ltée
Les projections de rendement les plus optimistes pour 2024 ont été grandement dépassées. Elles étaient nettement en dessous du rendement réel qui a été enregistré durant l’année. «Nous ne devrions toutefois pas nous en étonner, puisque les marchés ont le chic pour compliquer et invalider toute tentative de prévision de l’année qui s’en vient. Les marchés ne suivent pas un calendrier dicté par les prévisions ; c’est pourquoi nous préférons nous concentrer sur les tendances», souligne ainsi d’entrée de jeu l’équipe de la stratégie de placement de la firme IG Gestion de patrimoine dans le rapport Perspectives des marchés 2025.
Pas question, donc, de jouer aux devinettes, ni même d’essayer de prédire ce que feront les marchés. Pour nous conseiller sur le sujet, trois experts présentent quelques-unes des tendances fortes à placer sur notre radar pour faire prospérer nos placements en 2025.
1. Surpondérer les actions
Malgré les rendements exceptionnels générés sur les marchés en 2024, surpondérer les actions en 2025 demeure un bon réflexe à adopter. « Les perspectives de croissance économique restent solides, soutenues par des politiques fiscales favorables et des investissements continus dans les infrastructures vertes et les technologies d’intelligence artificielle », explique d’emblée Sébastien Mc Mahon.
D’autres raisons soutiennent d’ailleurs cette tendance. « Les entreprises américaines, en particulier dans les secteurs technologiques et de la consommation, continuent de montrer des bénéfices robustes et une résilience face aux incertitudes économiques. Enfin, les valorisations des actions, bien que plus élevées aux États-Unis, sont justifiées par des fondamentaux solides et des perspectives de croissance à long terme », rappelle-t-il.
2. Considérer les microcapitalisations canadiennes
Martin Lalonde est, de son côté, à la recherche de petites pépites sous-évaluées par le marché. « Alors que le S&P 500 se négocie à près de 28 fois les bénéfices des 12 derniers mois, des opportunités se cachent pourtant dans un segment de marché souvent négligé : les microcapitalisations canadiennes », explique-t-il. Ces entreprises, dont la capitalisation boursière est de moins de 300 millions de dollars, sont bien souvent cotées sur la Bourse de croissance TSX.
Cet indice a connu un déclin de plus de 80 % depuis le sommet qu’il a atteint en 2007. Sa forte exposition aux secteurs cycliques, comme les matériaux (45 %) et l’énergie (15 %), lui joue des tours. Il se compose aussi d’un grand nombre de petites entreprises spécialisées dans l’exploration des ressources naturelles, dites plus spéculatives. L’indice dans son ensemble reste donc peu profitable.
Mais faut-il écarter toutes les micro-capitalisations pour autant? «Absolument pas! répond M. Lalonde. Elles comptent environ 35 % de sociétés dans des secteurs industriels, de la santé et des technologies, en émergence et souvent rentables. Cependant, une recherche plus approfondie en amont s’impose pour l’investisseur avant de miser sur ces opportunités : plusieurs de ces très petites entreprises sont rarement suivies par les analystes ou les grands médias financiers. »
Le faible volume d’échanges réalisés sur certains de ces titres décourage aussi les investisseurs institutionnels. Mais la tendance semble vouloir s’in- verser. « Des firmes américaines de capital-investissement ont commencé à cibler ce marché, rachetant et privatisant certaines entreprises de qualité, pourtant négligées par les investisseurs. Ces acquisitions, accompagnées de primes moyennes de 63 %, ont stimulé l’intérêt pour ce segment », souligne Martin Lalonde.
3. Investir dans le secteur de la santé
Le vieillissement de la population est une tendance susceptible de favoriser les titres des entreprises qui œuvrent dans l’industrie de la santé. « Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, le quart des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2031 et près du tiers, en 2061. Ce vieillissement démographique s’explique notamment par la forte dénatalité qui a succédé au baby-boom, ainsi que par une hausse de l’espérance de vie. Or, les besoins médicaux augmentent généralement avec l’âge », explique notre troisième expert, Jean-François Vinet.
La demande pour des soins de santé demeure donc en forte croissance. Et l’offre se développe ! « Il s’agit d’un secteur en constante évolution. Des entreprises innovent et trouvent de nouveaux remèdes, des technologies sont conçues pour faciliter les interventions médicales – des caméras chirurgicales miniatures, à titre d’exemple – et l’intelligence artificielle pourrait aussi éventuellement améliorer l’efficacité du travail des professionnels de la santé », dit-il.
Le domaine de la santé est considéré comme un secteur plutôt défensif en matière d’investissements. « Même en cas de ralentissement économique, les patients n’ont pas trop le choix, ils doivent suivre leur traitement et se faire soigner, explique M. Vinet. En revanche, avec le vieillissement de la population et l’utilisation de nouvelles technologies, il pourrait éventuellement être plutôt considéré comme un secteur en croissance. »
4. Maintenir une saine diversification en portefeuille
Selon Sébastien Mc Mahon, un portefeuille diversifié dans différentes classes d’actifs, régions géographiques et divers secteurs d’activité devrait être bien positionné pour croître au cours de l’année 2025.
« Bien que nous soyons optimistes quant aux perspectives boursières, nous anticipons néanmoins une année mouvementée sur le plan des politiques commerciales, ce qui brouille les perspectives pour certains secteurs ou régions enclins à plus de volatilité », dit-il.
Ainsi, étant donné la valorisation attrayante des places boursières mondiales hors États-Unis et des vents de dos dont profite le marché américain, une saine diversification géographique semble porteuse pour l’année 2025. « Et la montée des taux d’intérêt au cours des dernières années a amélioré les perspectives pour les obligations, qui devraient offrir des gains de diversification par rapport aux actions », complète le stratège.
Comment réagir face aux décisions de Donald Trump
Le 1er février dernier, Donald Trump a signé un décret imposant des tarifs de douane de 25 % sur les exportations canadiennes vers les États-Unis (à l’exception d’un taux de 10 % sur le pétrole), créant ainsi un climat d’incertitude économique des deux côtés de la frontière. Au moment de rédiger ces lignes, le président américain venait d’annoncer un sursis d’un mois avant l’application de cette tarification.
Alors, devrions-nous ajuster notre tir en conséquence? « Les menaces liées à l’imposition de tarifs douaniers sont bien réelles. Or, une fois en vigueur, ces derniers risquent de créer de l’inflation aux États-Unis. Est-ce vraiment une solution avantageuse pour les consommateurs américains ? Avant de prendre des décisions hâtives basées sur l’émotion, prenons plutôt simplement le temps de faire le point avec notre conseiller », recommande Jean-François Vinet.
Que faire, alors? «En règle générale, si on détient des fonds communs de placement équilibrés, le gestionnaire de fonds va s’occuper de l’aspect tactique du portefeuille et les ajustements requis seront faits au moment opportun. En revanche, si l’on détient un portefeuille 100 % canadien, sans exposition aux États-Unis ou à l’international, c’est peut-être le moment d’améliorer la diversification géographique de nos actifs pour réduire le risque de marché », rappelle M. Vinet.
Martin Lalonde rappelle lui aussi que l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis apporte quelques certitudes, dont le protectionnisme économique pour favoriser la production sur le territoire américain, et plusieurs inconnues, dont l’augmentation des inégalités au sein des classes sociales américaines, avec un risque accru de désordre social. Tenir compte des changements géopolitiques dans la construction d’un portefeuille d’investissement tombe sous le sens.
«Par conséquent, nous n’hésitons pas à inclure en portefeuille des entreprises américaines provenant des secteurs financier, industriel et technologique. Elles devraient s’avérer être les grandes gagnantes de cette nouvelle réalité économique. Nous demeurons sous-investis dans les économies européenne, canadienne et émergentes, et ce, tant que la tendance actuelle reste inchangée», résume-t-il.