L’explosion des frais vétérinaires et l’inflation des dernières années gonflent la facture des propriétaires d’animaux de compagnie. Avant d’adopter un chat ou un chien, une réflexion s’impose.
Au printemps, Nadine Colalillo a fait l’acquisition d’un caniche pure race auprès d’un éleveur reconnu. En excluant le montant de 2800$ déboursé à l’achat, la famille d’accueil de Gaston a dépensé plus de 3500$ en frais divers.
«La première année, c’est beaucoup plus dispendieux, mais plusieurs de ces coûts ne se répéteront pas», souligne sa maîtresse.
La plateforme HelloSafe estime que la dépense annuelle moyenne pour un chien a augmenté de 23,3% depuis trois ans. Elle est passée de 2450 $ en 2021 à 3020 $ en 2024. Et il n’y a pas que les honoraires des vétérinaires qui grimpent, le prix de la nourriture et des accessoires a aussi monté en flèche. Malgré tout, les propriétaires sont prêts à investir de plus en plus d’argent pour assurer le bien-être de leur boule de poils favorite.
Cela va de pair avec l’offre de services et la qualité des soins, qui sont de plus en plus à la fine pointe de la recherche médicale. «Il est aujourd’hui possible d’offrir des traitements de dialyse ou de chimiothérapie, d’effectuer une greffe rénale, de remplacer une hanche. On doit présenter toutes les alternatives et leurs coûts», remarque Michel Pépin, médecin vétérinaire et porte-parole de l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ) en pratique des petits animaux.
Petit rappel: malgré tout le bonheur que nous procure ce compagnon fidèle, il s’agit d’un engagement à long terme. Un chat peut facilement vivre une quinzaine d’années, un chien plus d’une décennie. Non seulement faut-il budgéter les dépenses courantes pour notre animal, mais on voudra aussi prévoir un fonds d’urgence ou l’achat d’une assurance si un problème de santé ou un malheureux accident survient. «C’est le côté imprévisible qui va prendre les propriétaires au dépourvu, alors que la facture atteint parfois 4000$ ou 5000$», affirme le Dr Michel Pépin.
Bien sûr, un chien sera généralement plus onéreux à l’achat et à entretenir qu’un chat. Le montant de la facture dépendra aussi de la race, de la taille de l’animal et de son âge. «Pourquoi ne pas se payer une consultation en famille avec un vétérinaire ou un technicien en santé animale afin d’évaluer ses besoins et de discuter de son style de vie, de son budget pour les prochaines années et ainsi choisir l’animal qui convient le mieux?» suggère notre expert.
«On peut également se fixer un montant limite qu’on ne veut pas dépasser pour les soins de santé de son animal pour éviter d’être pris dans une spirale d’endettement si survient un accident ou une maladie imprévue», conseille Sylvie De Bellefeuille, avocate chez Option consommateurs.
L’AMVQ publie en ligne des fiches de ces frais sur une base annuelle (voir tableau , page suivante). Ce sont des approximations et non des prix moyens. «Le coût de la nourriture, par exemple, a beaucoup augmenté. Dans ce cas, il ne s’agit pas de produits très haut de gamme ou d’une nourriture gériatrique ou pour un animal diabétique, mais bien pour un animal en santé», précise le Dr Michel Pépin. On tiendra également compte de l’âge du chien ou du chat sans oublier la taille, qui peut faire une différence notable pour Fido, alors qu’il sera primordial de savoir si Duchesse va dehors ou vit seulement à l’intérieur.
Frais au moment d’adopter
• Les coûts d’adoption vont varier d’un refuge ou d’un organisme à l’autre. Un chien sera plus dispendieux qu’un chat et plus ils sont jeunes, plus ce sera onéreux, pensons à un chaton ou à un chiot. Ces frais incluent souvent la stérilisation et les vaccins de base comme la rage ou un traitement contre les parasites. Il est ici question d’une dépense de quelques centaines de dollars.
• Le coût d’acquisition d’un chiot ou d’un chaton de race sera très variable et peut grimper jusqu’à 4000$, voire plus. Les félins sont un peu moins dispendieux, mais un chaton sibérien pourrait revenir à plus de 2000$, par exemple.
• La vaccination de base et la prévention contre les parasites, si elle n’est pas incluse dans les frais d’adoption, devront se faire chez le vétérinaire. Pour un chaton, il faudra compter entre 270$ et 440$ selon son mode de vie. Pour un chiot, ce prix oscillera entre 472$ et 506$ selon la taille de la race (estimations de l’AMVQ). Quant à la micropuce, on déboursera entre 50$ et 90$ pour l’implanter sous la peau de son animal.
• La stérilisation est parfois incluse dans les frais d’adoption, sinon c’est un coût à prévoir. Pour un chat, les frais d’intervention de base seront autour de 300$ à 400$ et ce sera plus dispendieux dans le cas d’une femelle. Même chose dans le cas d’un chien, où il faudra compter environ 500$ à 600$.
Coûts des soins de santé
• Le coût des soins vétérinaires va différer selon le type d’établissement et la région (en ville ou à la campagne). Un centre d’urgence ou un hôpital vétérinaire sera beaucoup plus dispendieux qu’une clinique de quartier, bien souvent fermée la fin de semaine. On doit compter entre 80$ et 125$ pour une consultation vétérinaire. Pour une consultation d’urgence (soirs et fins de semaine), la note s’élève à 248$ environ.
• La consultation annuelle permet de donner les vaccins et de détecter d’éventuels problèmes de santé. La vaccination dépend du mode de vie de l’animal et son prix varie entre 30$ et 45$. Le vaccin contre la rage a maintenant un rappel aux trois ans. Le vaccin contre la toux du chenil sera nécessaire pour les chiens qui socialisent ou vont en pension.
• Pour avoir l’esprit tranquille, on peut contracter une assurance contre les maladies et les accidents. Il n’y a cependant pas de limite dans ce domaine. Les primes mensuelles peuvent osciller entre 30$ par mois à plus de 200$. «Dans le cas d’un chien, on pourrait vouloir couvrir les frais liés à une fracture de la hanche, un corps étranger avalé par notre animal ou s’il attrape un virus», illustre le Dr Michel Pépin.
Dans le cas d’un chat, ce sera moins dispendieux, mais en vieillissant, certains chats vont souffrir de diabète, développer un cancer, etc. Les primes vont varier grandement selon l’âge, la race de l’animal et le montant de franchise. Desjardins, Sonnet, Costco, CAA ainsi que Petsecure et Trupanion offrent de telles assurances. « On veut bien se renseigner sur ce qui est inclus ou exclu », rappelle notre experte d’Option consommateurs. Le mot d’ordre : magasiner!
Nourriture et accessoires
• Le coût de la nourriture sera très variable selon la qualité choisie, le type d’animal, son poids, son pelage, son mode de vie. Pensons à des croquettes humides ou sèches, pâtées, alimentation crue, os de collagène, viande séchée, friandises, etc. Mieux vaut demander un avis à son vétérinaire.
• Il faudra aussi acheter de nombreux accessoires comme: gamelle, bol d’eau, bac à litière pour le chat, cage pour le chien, panier, laisse, collier, harnais, vêtement pour l’hiver, etc. L’AMVQ estime à 290$ le coût d’achat de ces éléments de base pour un chat et à 450$ celui pour un chien de grande race.
• Et que dire des jouets qui nous font de l’œil en ligne ou dans les animaleries? L’arbre à chat, la canne à pêche, le tunnel, la balle, les toutous, les objets à mâcher, etc. «Parfois, on achète des jouets à la mode ou coûteux alors que notre animal va s’amuser davantage avec la boîte de carton dans laquelle ils sont emballés», souligne Mᵉ Sylvie De Bellefeuille.
Toilettage et entretien
• Le toilettage n’est pas toujours un luxe. Il permet de garder le pelage en bonne santé et de prévenir les nœuds et les infections cutanées. Il peut s’agir d’une douche, d’un rasage, de couper, tondre et brosser les poils et aussi de couper les griffes. Les prix oscillent entre 35$ et 60$ de l’heure et seront fonction des services requis, de la race, du poids et de l’état des poils.
• Certains font toiletter leur animal tous les mois et d’autres vont le faire eux-mêmes. Il faut alors débourser pour des brosses, peignes, démêlant et coupe-griffes (environ 70$). En plus d’avoir un shampoing et un revitalisant (environ 50$) et parfois un baume pour les pattes (environ 30$).
Éducation et comportement
• Il sera avisé de suivre des cours de dressage ou de suivre une formation quand on adopte un animal de compagnie pour la première fois. «Les abandons de chats ou de chiens sont souvent liés à des comportements nuisibles. Pensons à un chat qui fait ses besoins dans le lit de ses maîtres ou à un chien agressif», mentionne le Dr Michel Pépin. Ces cours d’éducation pour un chiot, par exemple, peuvent coûter 320$ la première année, estime l’AMVQ.
Frais de gardiennage
• Si on songe à partir en vacances sans pitou ou minou, il faudra planifier de le faire garder. Cela peut représenter quelques centaines de dollars par année.