Le 1er février débute le Défi 28 jours sans alcool. Y participer est un bon prétexte pour réfléchir à notre propre consommation. Le Dr John Sader, omnipraticien spécialisé dans les troubles de dépendance, fait la lumière sur la question.
Avec l’âge, on supporte moins bien l’alcool, et ses effets sont accrus. Pourquoi? Parce que le corps le métabolise moins bien et que la proportion d’eau dans notre organisme diminue. L’alcool étant dilué dans une moins grande quantité d’eau, c’est comme si chaque consommation en valait 1,2. On a donc les facultés affaiblies plus vite qu’avant avec la même quantité d’alcool.
Ça peut donc causer plus de dommages, voire aggraver des maladies? Exactement, parce que le système est moins solide qu’il ne l’était. Et la personne âgée peut avoir des accidents, même si elle ne conduit pas. Elle peut tomber, se fracturer une hanche, des côtes, etc.
Chez les gens âgés, la dépendance s’installe-t-elle plus rapidement? Oui, à cause des effets du vieillissement et de la dilution dont on a déjà parlé. On appelle ça le «trouble d’utilisation de l’alcool», car consommer plus ne rend pas nécessairement alcoolique, mais ça entraîne plus de conséquences négatives. Les personnes âgées sont davantage affectées pour toutes sortes de raisons, mais surtout parce que leur réseau social diminue. Il y a alors plus de solitude et certaines se tournent vers l’alcool pour se consoler, être accompagnées. Ce qui était une consommation raisonnable peut très rapidement devenir problématique.
Il y a aussi l’interaction avec les médicaments, souvent plus nombreux quand on avance en âge… Exactement. Chez quelqu’un qui boit régulièrement, certains médicaments sont métabolisés beaucoup plus vite et deviennent donc moins efficaces. Le médecin doit alors ajuster les dosages, mais souvent, il ne sait pas que la personne boit trop. Il y a aussi des interactions néfastes. Par exemple, les somnifères interagissent très mal avec l’alcool. C’est comme si on avait consommé beaucoup d’alcool et pris plusieurs somnifères. Alors les gens se lèvent la nuit, ils sont étourdis, ils font des baisses de pression, ils tombent, etc.
Le Défi 28 jours, c’est pour qui? Pour les gens qui boivent un peu trop, qui se posent des questions par rapport à ça ou qui veulent voir s’ils peuvent se passer d’alcool pendant un mois. C’est aussi pour ceux qui veulent appuyer un mouvement, recueillir des fonds pour la Fondation Jean Lapointe et aider les jeunes.
Y a-t-il des contrindications à entreprendre ce Défi? Dans le cas de quelqu’un qui consomme beaucoup, un sevrage rapide – s’il n’est pas fait sous la supervision d’un médecin – provoque des tremblements, des pertes d’équilibre, des chutes. Et si on souffre déjà d’hypertension, on peut alors avoir des hausses de pression fatales, un infarctus, un AVC, un delirium tremens, des convulsions, etc. Une personne âgée qui prend plus de six consommations par jour devrait consulter son médecin et faire un minisevrage avant de commencer le Défi.
Comment fait-on pour boire moins? Plutôt que de penser qu’on enlève quelque chose, je préfère dire qu’il faut investir dans d’autres activités pour se faire du bien. Remplacer le plaisir de l’alcool par celui de la musique, de la peinture, des amitiés, des sorties. Et aussi apprendre à gérer nos émotions autrement, particulièrement si on a recours à l’alcool pour se dégêner ou se libérer de notre anxiété. En buvant, on corrige juste l’émotion, pas la situation.
Comment aborder la question avec un parent âgé qui boit trop, sans le braquer contre nous? Ça dépend de la personnalité de chacun, mais la majorité des gens qui boivent trop sont souffrants. Ils ne savent pas comment faire autrement. Ils font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont à ce stade de leur vie. Plutôt que de leur rentrer dedans, il faut les approcher avec douceur et empathie, les amener à jaser de ce qui se passe, de ce qui a fait que leur consommation a changé. Ensuite, on peut leur proposer d’autres solutions, les faire rencontrer un psychologue ou un médecin pour s’assurer que ce soit fait de façon sécuritaire.
Défi 28 jours sans alcool
Le Défi, c’est d’abord un moyen de se faire du bien à soi-même. Mais si on s’inscrit sur le site defi28jours.com et qu’on verse 28 $ (minimum) à la Fondation Jean Lapointe, on fait aussi du bien aux jeunes! Si l’objectif de 500 000 $ de cette 6e édition est atteint, l’organisme pourra assurer ses activités de prévention de la toxicomanie auprès de quelque 80 000 ados à travers la province. Et comme trois versions du Défi sont proposées cette année – formule bronze (pas d’alcool du lundi au jeudi), argent (weekends sans alcool), et or (28 jours de sobriété totale) –, tout le monde peut tenter l’expérience!
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