Grimper jusqu’au camp de base de l’Everest

Grimper jusqu’au camp de base de l’Everest

Par Christine Fortier

Crédit photo: Collaboration spéciale

En novembre dernier, Rosanne Alexandre s’est offert un voyage en haute altitude pour célébrer ses 50 ans. En réalisant ce rêve qu’elle croyait inatteignable, la randonneuse a appris à profiter du moment présent plutôt que de viser la performance.

Même si Rosanne s’adonne à la randonnée depuis quelques années et que l’idée de se rendre au camp de base de l’Everest lui trottait souvent dans la tête, elle ne s’y attardait jamais sérieusement. «J’étais certaine que c’était inaccessible financièrement. Et puis, un jour, j’ai reçu une publicité d’agence de voyage dans ma boîte de courriels et je suis allée voir, par curiosité. C’est à ce moment-là que j’ai constaté que l’expédition était plus abordable que je le croyais.»

La passionnée de randonnée a parlé de son projet à une amie, qui a elle aussi décidé d’embarquer dans l’aventure. «Comme nos anniversaires ont lieu durant la même semaine au mois d’août, on s’est dit que ça pourrait être le fun de les célébrer au camp de base de l’Everest.» Après quelques recherches, les copines ont toutefois découvert que l’été était la saison de la mousson au Népal. «Fêter nos anniversaires sous la pluie devenait moins intéressant, alors on s’est dit qu’on attendrait à l’automne pour profiter de notre cadeau. Dans mon cas, c’était celui de mes 50 ans.»

Préparation physique et psychologique

Rosanne avait 48 ans lorsqu’elle a décidé de marcher jusqu’au camp de base de l’Everest, situé à 5364 mètres d’altitude, au pied du glacier du Khumbu, au Népal. Pendant les deux années qui ont précédé son départ, elle a fait plusieurs randonnées avec son amie. «J’ai aussi un travail qui me permet de marcher beaucoup et je me suis remise à la course à pied pour améliorer mon cardio.»

En suivant différents groupes Facebook axés sur le camp de base de l’Everest, Rosanne s’est rendu compte que son projet comportait aussi des enjeux psychiques. À ce propos, le psychologue qu’elle a consulté l’a outillée pour lui éviter de subir une grande dé- ception si jamais elle n’atteignait pas son but. «Il faut être à l’écoute de notre corps quand on va là-bas. Avant, j’étais beaucoup dans la performance en randonnée et il m’est arrivé de me blesser. Je voulais toujours améliorer mon temps de parcours, je portais une montre d’entraînement et j’enregistrais mes statistiques. Aujourd’hui, je n’utilise plus de montre, j’essaie de profiter du moment présent et d’être moins dans la performance.»

En ce qui concerne l’organisation de l’expédition, Rosanne a eu recours à une agence de voyages népalaise. « J’ai demandé aux gens d’un groupe de randonnée sur Facebook de me référer des agences que j’ai contactées avant de faire mon choix. Ensuite, mon amie et moi avons établi notre circuit en fonction du temps qu’on avait pour atteindre notre destination.»

Du rêve à la réalité

«Durant l’ascension, on est euphoriques parce qu’on se dirige vers notre but, mais ce qui m’a le plus marquée, c’est la façon dont mon corps s’adaptait à l’altitude. Dans les films, on voit que la montée devient de plus en plus ardue à chaque pas. Et c’est vraiment comme ça que ça se passe!»

Le périple de Rosanne a duré une quinzaine de jours, soit 9 consacrés à l’ascension, 6 à la descente (incluant deux journées de repos). Le lendemain de son arrivée au camp de base, elle s’est levée très tôt pour se rendre sur le belvédère Kala Patthar, situé à 5643 mètres d’altitude et d’où on peut observer le lever du soleil sur l’Everest.

Sans la présence de son guide, elle croit qu’elle aurait abandonné. «Il faisait vraiment froid et je ne pensais pas y arriver. Mon guide, lui, savait que c’était possible, car durant l’ascension, il avait analysé mon rythme. Quand il m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’on arriverait à temps pour le lever du soleil, ça m’a incitée à poursuivre.»

Rosanne n’a pas l’impression d’avoir affronté de grands obstacles en réalisant son rêve, mais durant la descente, elle a eu ce qu’on appelle la toux du Khumbu, fréquente dans cette région à cause de l’air sec. Elle se souvient aussi de ses nuits d’insomnie. «L’altitude fait en sorte qu’on dort mal, qu’on se réveille souvent. En plus, comme on doit boire beaucoup d’eau, on a toujours envie d’uriner. Et la nuit, ce n’est pas le gros luxe dans les tea houses [NDLR: gîtes le long du parcours]: comme les toilettes sont à l’extérieur, il faut s’habiller chaque fois qu’on y va. À la fin, je n’en pouvais plus d’entrer et de sortir de mon sac de couchage!»

Cela dit, si l’expérience était à refaire, Rosanne n’hésiterait pas une seconde. Pour le moment, elle a d’autres projets en tête, dont une randonnée au Yukon avec son amoureux cet été. «Mon chum aimerait vivre l’expérience au Népal, alors il se peut que j’y retourne, mais en choisissant un autre circuit.»

Une autre leçon que Rosanne a apprise lors de son ascension jusqu’au camp de base de l’Everest est qu’il n’y a pas d’âge pour le faire. «J’y ai vu des personnes de 80 ans. Oui, il faut être en forme, mais ce n’est pas un sentier technique. Si quelqu’un a l’habitude de faire de la randonnée sur une base régulière, je pense qu’il peut réussir. L’enjeu majeur, c’est l’altitude. Est-ce que notre corps va s’y adapter? On ne peut pas le savoir tant qu’on n’est pas sur les lieux.»

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