Entre nous: 107 ans

Entre nous: 107 ans

Par Aline Pinxteren

Crédit photo: Laurence Labat; maquillage-coiffure: Sylvy Plourde.

Née deux jours après le naufrage du Titanic, Yvette Barrie a fêté ses 107 printemps deux jours après l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le lien? Ténu mais présent. Au lendemain d’un lundi soir passé devant les tristes images de ce magnifique édifice en flammes, l’enregistrement de l’entrevue donnée par la centenaire à Hugo Lavoie à Gravel le matin quelques semaines auparavant a surgi sur mon fil Facebook. Et le chiffre m’a sauté aux yeux: 107 années, c’est le temps qu’il aura fallu pour bâtir la cathédrale, d’où d’ailleurs l’expression française «On ne va pas attendre 107 ans» pour marquer son impatience ou son agacement.

107 ans à construire, 800 ans à incarner le cœur de Paris… et moins de 3 heures pour (presque) redevenir poussière. Pourquoi sa destruction a-t-elle touché tant de gens partout dans le monde? Peut-être parce qu’elle faisait partie de nos vies depuis si longtemps qu’on pensait qu’elle serait toujours là. Un peu comme ceux qu’on aime. En ces temps de polémiques souvent gratuites, Notre-Dame comme Yvette remettent les idées en place. Et remettent l’humain à sa juste place. 

D’une voix enjouée, Yvette rappelle «de mettre de l’amour dans notre vie». De l’amour plutôt que des choses. De «faire du mieux qu’on peut avec ce qu’on a». La centenaire confie espérer mourir entourée de sa fille, chez qui elle vit, de son gendre et de ses deux petits-fils parce qu’ils la rendent heureuse. Et souligne l’importance d’aider les autres, plutôt que d’être toujours en demande, comme on se sent valorisé quand on aide. 

Certains de ses mots restent particulièrement en tête: «Je ne pense jamais à hier ni à demain, parce que je ne vivrais pas aujourd’hui. Ça ne donne rien de pleurer sur ce qui est fait.» Pleurer les années gâchées, les amours perdues ou un monument détruit ne les fera pas revenir. Un autre printemps offre ses promesses en cet instant même, des liens se tissent souvent alors qu’on ne les espérait plus et une flèche ponctuera bientôt à nouveau Notre-Dame. On ne va pas attendre 107 ans pour savourer le moment présent!

On jase-tu?

Toute notre équipe se joint à moi pour vous remercier chaleureusement, vous tous qui avez organisé ou participé aux dizaines d’événements On jase-tu? ce samedi 4 mai. S’entraider est une véritable force, comme le disait Yvette (ci-dessus). Ensemble, nous avons permis à tous ceux qui sentent seuls de l’être un peu moins. Et nous n’attendrons pas 107 ans non plus pour recommencer!

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