Réservé aux plus jeunes, le ballet? Pas du tout! La danse est une source de bienfaits pour le corps et l’esprit, et ce, peu importe l’âge. C’est le temps de laisser ses complexes au vestiaire et d’enfiler ses chaussons!
À 54 ans, Johanne Drouin a décidé de renouer avec le ballet, un style de danse qu’elle pratiquait à l’adolescence. «Après ma ménopause, j’avais besoin de me remettre en forme. Quand j’ai commencé, je ne faisais pas beaucoup d’activité physique. Je marchais pour me rendre au travail, un trajet de moins de 15 minutes.»
Pour Johanne, la danse classique a été une véritable cure de jeunesse. «Ce qui est fabuleux, c’est qu’à 61 ans, je me sens plus en forme qu’à 54 ans ! Je suis plus souple, j’ai un meilleur tonus musculaire et ma coordination s’est améliorée. Ça m’aide aussi sur le plan de l’équilibre et du maintien global du corps.»
Beau temps, mauvais temps, Johanne se rend chaque semaine dans les studios de L’École de danse de Québec (L’EDQ) pour prendre position à la barre et exécuter des mouvements chorégraphiques au son des pièces interprétées par un pianiste sur place. «Ce que j’aime, c’est la beauté des gestes. Pratiquer le ballet me permet d’exprimer toute une gamme d’émotions.» À ses yeux, c’est également une façon de se connecter à la grâce et l’élégance. «J’aime pouvoir m’exprimer dans le cadre précis qu’exige cette discipline, avec un travail sur les ports de bras, la position de la tête et du regard.» Sans compter les bienfaits sur sa concentration et sa mémoire, sollicitées pour se souvenir des différents mouvements. «Et le plus beau, ajoute-t-elle, c’est que je continue de progresser!»
Une discipline qui se démocratise
Johanne Drouin n’est pas la seule à pratiquer le ballet après 50 ans, 60 ans, voire davantage. En effet, plusieurs écoles de danse offrent des cours pour adultes de tout âge. Et si les personnes de 50 ans et plus ont la possibilité de s’intégrer à toutes les classes, selon leur niveau, celles qui le préfèrent peuvent opter pour un cours qui leur est spécialement destiné, mentionne Magalie Audet, coordonnatrice des cours grand public, des activités culturelles et des événements spéciaux à L’EDQ.
«Nous avons créé le cours Ballet bien-être en réponse à une demande de nos participants, dont certains sont âgés de 70 ans, précise Mme Audet. Dans ce cours, on aborde la danse avec un grand respect du corps. On limite les impacts pour protéger les articulations, en tenant compte de la souplesse et de l’endurance de chacun. Ça favorise un travail en douceur.» Bien sûr, les hommes sont également les bienvenus.
Pour s’inscrire à un cours de ballet, il n’est pas nécessaire d’avoir de l’expérience, signale pour sa part Camille Rouleau, fondatrice de Ballet Hop! «Quatre-vingt-dix pour cent de notre programmation s’adresse à des danseurs débutants ou intermédiaires. Nous travaillons aussi avec une équipe multidisciplinaire composée notamment de kinésiologues qui révisent le contenu de nos cours pour s’assurer qu’ils sont sécuritaires pour tous.» Cela dit, même s’il n’y a pas de prérequis pour s’inscrire, mieux vaut demander l’avis d’un professionnel de la santé avant de se lancer.
Faire fi de ses complexes
Ballet Hop! propose une approche sans pression, avec des cours accessibles et bienveillants, explique Camille Rouleau: «Plusieurs personnes pensent qu’il faut être très mince pour pratiquer le ballet et, si elles n’ont pas ce genre de corps, elles ont l’impression que ça ne s’adresse pas à elles. Les gens qui avancent en âge ont aussi la même impression.» Or, selon Mme Rouleau, la seule condition à respecter pour danser, c’est d’en avoir envie. Un point de vue que partage Magalie Audet : «C’est possible de s’y mettre de façon décomplexée, pour apprendre quelque chose de nouveau et avoir du plaisir. L’objectif n’est pas de chercher la perfection!»
À ce propos, les cours pour débutants sont tout indiqués, puisqu’ils permettent de s’initier au langage du ballet. «On y apprend les mouvements de base, les principales positions, ainsi que des exercices comme les pliés et les tendus», précise Mme Audet. Pendant une heure et demie, les danseurs prennent le temps de s’échauffer, pratiquent les mouvements à la barre et au centre de la salle. Au besoin, les enseignants proposent des ajustements aux mouvements.
Plusieurs novices se demandent aussi comment s’habiller, a constaté Camille Rouleau. «L’objectif, c’est d’être bien, dit-elle. On choisit donc des vêtements dans lesquels on se sent à l’aise. Certaines personnes décident d’enfiler collant et maillot, parce ça leur permet de vivre le rêve du ballet à 100%. On peut même porter un tutu si ça nous plaît!» Sa seule recommandation: le port de chaussons antidérapants.
Se connecter à soi-même
L’intérêt du ballet classique, c’est qu’il s’agit d’un exercice complet. «Il sollicite tous les muscles, particulièrement ceux des jambes, mais aussi ceux des bras, souligne Magalie Audet. Et comme on travaille l’alignement, les muscles dorsaux et les abdominaux s’en trouvent renforcés.» Une meilleure musculature aide évidemment à prévenir les blessures pendant la pratique, mais aussi dans les autres sphères de la vie. «En plus d’améliorer la souplesse et la mobilité, le ballet permet de se reconnecter à soi, en prenant conscience de ses mouvements et de sa posture», ajoute Mme Audet.
Autre avantage: le ballet a un aspect thérapeutique. «Le bénéfice sur l’humeur est décuplé, car danser en groupe a un impact sur les neurotransmetteurs du bonheur», affirme Camille Rouleau. À ce sujet, elle cite une étude qui a démontré que le cerveau produit plus d’endorphines chez les personnes qui pratiquent avec d’autres danseurs plutôt que seules. «Sans compter que danser permet de changer le regard qu’on porte sur son corps et de gagner en confiance», fait valoir Mme Rouleau.
Si l’envie de bouger au rythme de la musique, d’exprimer ses émotions et d’améliorer sa forme physique se fait sentir, le ballet s’avère une option fort intéressante. À quand une version de Casse-Noisette interprétée par des danseurs de 50 ans et plus?
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