Mireille, 64 ans, s’avoue nerveuse. « C’est une première pour moi depuis mon divorce, il y a cinq ans. Je suis excitée, mais en même temps, j’ai peur quand je pense à mon corps vieillissant, à la grosseur de mon ventre… » Comme Mireille, de nombreux célibataires de longue date éprouvent un mélange d’excitation et d’inquiétude à l’idée d’accueillir un nouveau partenaire sous la couette. Conseils pour s’y préparer.
Révéler à notre partenaire nos craintes et nos appréhensions intimes peut s’avérer un défi de taille. Faut-il procéder avant de faire l’amour ou après? Ou encore garder tout ça pour soi? Selon le sexologue Jérémie Bouvier, «l’important, c’est de créer un espace de communication. Il est préférable d’exprimer ses préoccupations avant, pour que chacun puisse se rassurer mutuellement.» On choisit donc le bon moment pour se parler et on aborde un sujet à la fois.
Accepter les changements corporels
Le miroir nous renvoie parfois des images qui nous déconcertent. On observe des signes de vieillissement: quelques rides ici et là, une taille qui s’épaissit, la cellulite plus apparente, la perte de cheveux, etc. Ces changements, naturels et inévitables, peuvent néanmoins susciter de l’angoisse.
«Le corps que j’ai aujourd’hui n’est pas celui que j’avais à 30 ans et je crains que ça déroute mon nouveau partenaire», confie Alice, 58 ans, qui s’est remise à rencontrer des hommes quelques années après le décès de son mari.
«Chaque âge a sa beauté et ses particularités, rappelle le sexologue Jérémie Bouvier. On doit apprendre à aimer et à accepter notre corps tel qu’il est, tout comme on accepte les changements chez l’autre.» À 60 ans, Bernard, qui a récemment rencontré quelqu’un, le confirme: «Je ne m’attends pas à ce que ma partenaire ait l’allure d’une femme de 20 ans! Ce qui est séduisant pour moi, bien au-delà de l’apparence physique, c’est quelqu’un qui se sent à l’aise dans son corps.»
Comparaisons: un faux pas à éviter
L’ombre de l’ex-partenaire peut parfois planer sur la nouvelle relation, surtout lors des premiers rapprochements intimes. Même en plaisantant, on évite de parler de la taille de l’engin de notre ex ou de ses prouesses au lit! Et on laisse la place à l’exploration. «Ce qui excitait notre ancien conjoint n’est pas forcément ce qui excitera notre nouveau ou nouvelle partenaire, prévient Jérémie Bouvier. C’est pourquoi il est important de parler de ce qu’on aime, de ce qu’on aime moins, de nos zones érogènes, etc.»
On en profite aussi pour demander à notre partenaire si tel geste lui plaît pendant qu’on fait l’amour. «Dans une relation établie de longue date, le consentement est implicite. On connaît bien notre partenaire et les gestes qui vont l’exciter. Mais dans une nouvelle relation, le consentement doit être explicite : “Puis-je te toucher à tel endroit?”, “Te sens-tu à l’aise si je fais tel geste?” Chacun et chacune est libre de mettre fin à une relation sexuelle, peu importe la raison. C’est important de le rappeler», insiste le sexologue.
Cultiver l’ouverture et modifier ses attentes
L’ouverture d’esprit et la patience sont des vertus essentielles pour aborder une nouvelle relation intime. «On ne peut pas s’attendre à ce que tout soit parfait du premier coup, souligne Bernard. Il faut prendre le temps de découvrir l’autre, d’apprendre à connaître ses goûts, ses désirs. On doit aussi se préparer à ce que tout ne se passe pas forcément comme dans nos rêves.»
Et c’est très bien, estime Jérémie Bouvier: «La sexualité change avec l’âge, c’est normal. Nos postures seront peut-être moins acrobatiques qu’elles l’étaient autrefois, mais l’excitation peut aussi passer par l’émotion et l’intimité, et c’est tout aussi agréable.»
Relâcher la pression de performance
Le sexe après 50 ans n’a pas besoin d’être une performance digne d’un film pour adultes! «On vit dans une société bombardée par la sexualité, note Jérémie Bouvier. Une sexualité axée sur la jeunesse, sur les corps parfaits. C’est sûr que ça crée de la pression. Or, la sexualité est un moment d’échange et de partage, pas une compétition, insiste-t-il. On doit se concentrer sur le plaisir, l’écoute de l’autre et l’expression de ses propres désirs.»
Toutefois, si l’idée de se retrouver au lit avec quelqu’un génère du stress, ce qui est compréhensible, le sexologue conseille de prendre un moment avant la rencontre pour relaxer et se recentrer, par exemple en prenant de grandes respirations. Ça permet d’apaiser le stress et de mieux entrer en relation avec l’autre.
La pilosité: un enjeu de confort personnel
Qu’en est-il de la pression de se débarrasser de ses poils, comme le font les plus jeunes? «Il y a quelques années, j’aurais pensé que c’était obligatoire, témoigne Sylvie, 55 ans. Aujourd’hui, je crois que l’important, c’est de se sentir bien dans mon corps. Je ne vais pas me raser parce que c’est à la mode, mais seulement si je le veux.»
Le sexologue acquiesce: «La pilosité, c’est une question de confort personnel. Il n’y a pas de norme à suivre. Il faut que chacun se sente bien dans sa peau et c’est ça qui est attirant.»
Miser sur le plaisir
Rappelons-nous qu’il est normal de ressentir de l’anxiété à la perspective d’une nouvelle relation intime, surtout après une longue période de célibat. Pour surmonter ce défi, on mise sur la communication, le respect et le consentement. Et, surtout, on profite de l’instant présent, car le sexe, c’est d’abord du plaisir!
Se protéger: toujours un must!
On ne le dira jamais assez: la protection est essentielle pour maintenir une vie sexuelle saine et prévenir les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). On doit toujours se protéger, même si la grossesse n’est plus une préoccupation. «Les personnes âgées pensent souvent qu’elles sont moins à risque d’attraper une ITSS, souligne le sexologue Jérémie Bouvier. Elles sont pourtant généralement moins informées en matière de prévention et de modalités de transmission.»
Les préservatifs masculins et féminins sont les moyens de protection les plus efficaces contre les ITSS. Ils sont accessibles, simples à utiliser et peuvent aider à prévenir la transmission de nombreuses infections. C’est pourquoi il est important de parler de nos attentes, de nos limites et d’insister sur l’importance de la protection. On peut commencer par exprimer nos sentiments, nos préoccupations et les raisons pour lesquelles la protection nous tient à cœur. Après tout, une bonne communication reste la clé d’une relation saine… et il n’est jamais trop tôt pour l’amorcer!
Merci, un grand merci pour toutes ces informations qui améliore mon quotidien et à tous ceux qui s’ impliquent au Bel Âge.