Séjour de yoga ou de méditation, week-end de reiki, escapade dans une abbaye : ces périples axés sur le bien-être sont-ils vraiment bénéfiques? Voici les questions à se poser.
Lorsqu’elle a eu sa fille, il y a 13 ans, Véronique St-Onge a connu une période difficile, où les pleurs constants de la petite, les aléas de sa vie personnelle et le manque criant de sommeil menaçaient sa santé mentale. «J’avais besoin d’un voyage, de passer un moment avec moi-même, mais sans m’échouer sur une plage, ce qui n’est pas mon style. Comme je suis sportive, j’ai pensé à une retraite de yoga. Je me suis rendue à Tulum, au Mexique, où l’instructrice Pascale Dufresne en proposait une.»
La professionnelle en marketing en est revenue «requinquée et reposée» et, depuis, a participé à quelques autres retraites, au réputé Centre de vie, à Ripon, et avec WeTreat.
«Ces séjours permettent de sortir de notre routine: juste ça, ça fait du bien. On se retrouve avec des gens qui sont là pour travailler leur mieux-être, comme nous, ce qui amène des échanges d’une profondeur étonnante et une adhésion au groupe facile. C’est une bonne façon de faire un reset.»
À quoi ça sert?
La psychologue clinicienne Nancy Boisvert, basée à Chicoutimi, est l’une des rares dans son domaine à être aussi professeure certifiée de yoga et enseignante en méditation de pleine conscience.
«Le principal attrait d’une retraite, c’est de ralentir le rythme, de s’accorder de l’espace et du temps pour se déposer, dit-elle. Cette expérience permet une connexion avec le vrai soi, pas le soi attendu par la société. On y va pour se ressourcer, se retrouver, faire le point, mieux se connaître, prendre soin de nous dans un monde où tout va toujours plus vite.»
Puisqu’elles se tiennent souvent dans la nature, sans distractions comme la télé, internet ou même le cellulaire (certaines permettent son usage), elles créent un environnement favorable à cette connexion avec soi-même.
Quels sont leurs bienfaits?
Qu’il s’agisse d’une retraite de yoga, de méditation ou de silence, les avantages sont souvent les mêmes. «Ce ne sont pas des endroits où on va faire le party, donc nécessairement, on en retire du repos, souligne Véronique St-Onge. Ça donne un second souffle. Et, personnellement, je m’y suis fait des amies à qui je parle encore aujourd’hui.»
Les bienfaits sont à la fois d’ordre physique et mental. «Si on prend le yoga, il augmente la vitalité, la tonicité, et vient travailler l’énergie dans le corps, ce qui a aussi un effet au niveau psychologique. Il est démontré scientifiquement que la méditation et le yoga ont une incidence positive sur l’anxiété, la régulation des émotions, la dépression et la neuroplasticité du cerveau. Les retraites, en donnant une pause à notre charge mentale, permettent aussi de travailler la restauration cognitive en plus de nous reconnecter à nos besoins», explique Nancy Boisvert.
Combien de temps durent les effets?
Évidemment, un week-end de yoga à lui seul ne procurera pas tous les bienfaits énumérés ci-dessus de façon durable.
«Peut-être que les gens ne continueront pas à pratiquer le yoga ou la méditation tous les jours, mais la retraite permet de semer une graine, de créer un repère pour y retourner, poursuit la psychologue. La durée des effets bénéfiques est variable et dépend de la façon dont chacun choisit d’investir par la suite ce qu’il a appris. Quand on retourne à son quotidien, il y a souvent un petit relâchement, parce qu’on réalise qu’on est loin de l’état dans lequel on était durant sa retraite. Mais il y en a pour qui le séjour aura permis de réaliser qu’ils ont besoin d’ajouter de l’espace dans leur vie pour nourrir cet état. Pas obligé de devenir yogi, une marche en pleine conscience d’une demi-heure par jour peut suffire.»
Comment choisir sa retraite?
L’offre en la matière est aussi abondante qu’hétéroclite. Autohypnose, yoga avec chèvres, retraites pour femmes atteintes de cancer du sein, déesses à saveurs tantriques (où on explore sa sensualité et on célèbre sa féminité)…
«Il y a de tout et n’importe quoi, prévient Nancy Boisvert. L’industrie du mieux-être est assez mercantile, il faut être prudent. » Pas nécessairement sous peine de se faire endoctriner dans une secte, mais principalement pour éviter de dépenser des sous inutilement, ou d’être mal pris en charge. Le premier critère pour faire son choix est de déterminer ses besoins: se divertir? se relaxer? explorer une pratique comme le yoga sur planche à pagaie? être dans le silence complet? apprendre à méditer? «Notre intention doit être claire afin d’éviter les déceptions», ajoute-t-elle.
L’autre élément important: la personne qui offre la retraite. «Il faut s’informer sur sa formation et ses certifications, ne pas hésiter à fouiller pour savoir à qui on a affaire, recommande la psychologue. Les compétences techniques sont importantes, mais également celles d’accompagnement. Quand on organise une retraite, on ouvre le cœur des gens et on suscite des émotions, c’est donc important que la personne organisatrice soit formée et outillée pour gérer aussi cet aspect. Un bon formateur va arriver à créer un espace de sécurité.»
Partir seul ou accompagné?
«Quand on n’a jamais fait de retraite, y aller avec une amie peut être rassurant, dit Nancy Boisvert. Ça revient à clarifier initialement ce dont on a besoin. Dans une retraite, il se crée rapidement une communauté et des liens, alors même si on y va seul, on ne l’est jamais si on n’a pas envie de l’être. Le groupe, c’est extraordinairement puissant, il y a des résonances très grandes qui se produisent, l’un va dire une phrase qui va nous faire faire des constats, avancer. Les gens deviennent des aidants les uns pour les autres sans le savoir. C’est d’ailleurs ce qui distingue ce type d’escapade d’un séjour dans un chalet: le soutien, l’encadrement, le processus. Qu’elle dure un jour ou une semaine, une retraite est un pas dans un chemin qu’on doit constamment entretenir, celui du travail sur soi.»
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