Chaque année, d’incroyables progrès technologiques sont réalisés en santé. Voici cinq technologies d’ici qui vont nous faciliter la vie.
Des alertes sans fil
Des chercheurs du Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval ont développé un t-shirt intelligent. Capable de capter – grâce à une antenne spéciale intégrée dans le textile – de l’information biomédicale sur la personne qui le porte et de vérifier son rythme respiratoire en temps réel, il peut ensuite transmettre par Bluetooth ces données récoltées. L’objectif futur? En cas de problème, le 911, par exemple, sera alerté sur-le-champ.
Cette technologie, inventée à la base pour surveiller les nouveau-nés et déceler un éventuel problème respiratoire, pourrait avoir des retombées intéressantes pour les adultes, explique Mourad Roudjane, Ph. D., coresponsable du projet de recherche avec le professeur Younès Messaddeq. Cela permettrait de suivre les patients à distance, mais aussi de diagnostiquer, prévenir et contrôler des maladies respiratoires (apnée du sommeil, asthme, etc.), des problèmes cardiaques ou le diabète. Comme l’antenne serait en mesure de détecter d’autres signaux physiologiques en plus du rythme de respiration, il existe plusieurs autres avenues de développement potentielles, sur lesquelles l’équipe de Laval planche actuellement.
Une aide auditive
Rien de plus insupportable, au dire des porteurs d’appareils auditifs, que de se trouver dans un restaurant ou tout autre lieu bruyant: la cacophonie y est telle qu’il leur est difficile d’isoler les voix de leurs interlocuteurs. Pour contrer ce problème et améliorer les appareils existants, Sean Wood, un jeune chercheur torontois, a conçu, durant son doctorat à Sherbrooke, un algorithme de traitement de la parole et des sons ambiants. Son but: reproduire ce qu’on appelle, en psychoacoustique, «l’effet cocktail party», soit la capacité de focaliser notre attention auditive sur une conversation en particulier, nonobstant le bruit environnant. «Souvent, il y a des personnes cibles autour de nous qu’on veut comprendre. Le reste, que ce soit le bruit ambiant ou une autre conversation, n’est pas important, mais ça interfère. Ce sont ces interférences qu’on veut supprimer, mais pas trop, sinon ça distorsionne les voix qui deviennent désagréables à écouter, tout en faisant ressortir les conversations qu’on veut entendre, et sans période de latence pour éviter l’effet d’écho.»
Afin d’améliorer son prototype, Sean Wood travaille maintenant en Autriche sur des algorithmes gardant en mémoire les indices binauraux (ces signaux qui nous aident à localiser les voix dans l’espace, leur provenance et leur distance). Les résultats attendus devraient permettre de mieux séparer les sons, de mieux distinguer une voix parmi d’autres et de faciliter la compréhension dans des environnements difficiles.
Du suivi à distance
Environ 30 000 Canadiens se fracturent la hanche chaque année et près de 50 % d’entre eux ne recouvrent pas leur degré d’autonomie antérieur. Or, prolonger la période de réadaptation au-delà des six semaines habituelles améliore la mobilité fonctionnelle – celle qui permet à la personne de retourner à ses activités. La Dre Suzanne Morin, clinicienne-chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), et son équipe, en partenariat avec la compagnie Greybox Solutions, ont donc mis sur pied HIP@Home, un programme de réadaptation en ligne postfracture (ou postremplacement de la hanche ou du genou) utilisant une semelle intelligente pour le monitorage à distance. «On a créé un programme d’exercices de quatre mois, adapté à la personne âgée, qui peut le faire à la maison, sans équipement ni supervision directe.»
La semelle intelligente, qu’on insère simplement dans la chaussure, est couplée à une tablette numérique afin de transmettre les données. Pour l’instant, elles sont acheminées au physiothérapeute du CUSM, mais à l’avenir, elles pourront être transmises au CLSC, par exemple, ce qui facilitera le suivi. «On s’assure ainsi que le patient fait ses exercices plusieurs fois par semaine, qu’il progresse selon ses capacités. Et s’il ne se connecte pas, on l’appelle pour savoir ce qui se passe.»
Un confort seconde peau
Souffrir de l’apnée du sommeil n’est pas une sinécure. Devoir porter un appareil respiratoire non plus. En raison de l’inconfort du masque, des irritations, de la sécheresse oculaire causée par les fuites d’air, voire des marques laissées sur le visage, beaucoup abandonnent le traitement. «C’est très exigeant de s’habituer à dormir toutes les nuits avec un appareil contraignant et agressant pour le visage, explique Louise Bernard, fondatrice de l’entreprise québécoise Rheabrio. J’ai voulu améliorer le confort des gens qui dorment avec un masque respiratoire en éliminant les inconvénients, dans le but ultime de les encourager à le porter.» Elle a donc inventé le Facembrace, une sorte de seconde peau.
Très confortable – «avec la chaleur du corps, ça finit par prendre la forme du visage» –, il se glisse sous un masque respiratoire de type nasal ou narinaire (un modèle destiné au masque facial sera lancé plus tard cette année). Autre atout: avec le Facembrace, on peut sans problème utiliser une crème de nuit, alors que ce n’est pas recommandé avec le masque respiratoire seul. Mieux encore, cette «deuxième peau» augmenterait même les bienfaits des produits de soin en les faisant mieux pénétrer!
Un débouche-artères
Brevetée par une compagnie québécoise, la technologie SoundBite™ Crossing System agit un peu comme un marteau-piqueur dans les artères bouchées. Elle permet de traverser des blocages artériels complets, très durs (tissus fortement calcifiés ou fibreux), grâce à des ondes de choc propulsées par des fils-guides, et ce, sans endommager les tissus sains environnants. Cette technologie, pour laquelle une étude clinique a été couronnée de succès, facilite la pose de ballonnets ou de stents, favorise la revascularisation des lésions et peut éviter de devoir recourir aux pontages, voire aux amputations dues aux artères bouchées. Une autre étude clinique qui teste une technologie encore plus puissante et plus rapide vient déjà de débuter à Montréal. Bonne nouvelle pour tous ceux qui souffrent notamment d’occlusions coronaires totales chroniques!
Et dans 10 ans?
En matière de santé, les technologies évoluent si vite qu’on peut imaginer les inventions les plus folles. Ce qui est sûr, c’est que les innovations futures impliqueront l’intelligence artificielle, estime le Dr Yves Joanette, directeur scientifique de l’Institut du vieillissement des IRSC. Même chose pour le monitorage et les interventions médicales à distance, dit-il, parce que la plupart des gens souhaitent vieillir à domicile. Avec le monitorage à distance «se pose toutefois la question de ce qu’on appelle Big Brother, souligne le Dr Joanette. Dans 10 ans, les technologies poseront beaucoup cette question de l’acceptabilité sociétale par rapport à leur incursion dans notre vie privée, où est la limite à se faire aider comme ça… Et cette limite sera probablement un compromis.»
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