Dès l’entrée de la bâtisse, des relents d’urine prenaient à la gorge. Quarante ans plus tard, je m’en souviens encore…. Mon arrière-grand-mère, habillée d’une robe de chambre usée, assise à sa toute petite table en fer dans sa toute petite chambre mal nettoyée, elle qui possédait pourtant une bonne quinzaine de maisons et d’appartements à son nom. Placée là par ma grand-tante, sa tutrice légale, elle tentait bravement de nous sourire, l’air un peu égaré, soutenant que tout allait bien. Je n’ai jamais oublié. Et jamais compris comment on pouvait voler et maltraiter ses propres parents.
La Journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes aînées, ce 15 juin, prend une résonance toute particulière chez nous cette année, alors que toutes les cases des définitions officielles ont été tristement cochées depuis le confinement. En plus de la maltraitance psychologique (chantage affectif, surveillance à outrance, dénigrement), sexuelle (non-reconnaissance du droit à une sexualité), matérielle (détournement de fonds, demande de prix excessifs) et de l’âgisme, les autres formes de mauvais traitements des plus âgés ont fait les manchettes, que ce soit la maltraitance physique (refus de prêter assistance à l’habillement ou à l’alimentation d’une personne dépendante), organisationnelle (services inadéquats, personnel mal formé, manque de directives claires) ou la violation des droits (privation d’information, d’intimité, d’appels et de visites des proches).
Tant d’horreurs ont été entendues et surtout vécues ces derniers mois! L’an prochain, ce même 15 juin, pourra-t-on se dire qu’enfin, les «sages» vivent dans la dignité? Si la pandémie pouvait au moins servir à cette prise de conscience, à permettre à chacun de rester un adulte, un citoyen et un être humain à part entière jusqu’à la fin…
Commentaires: