Le choc culturel
Je voulais du dépaysement, je suis servie. Pour un choc culturel, c’en est tout un! Me voici dans la grouillante ville de Saigon, dans le sud du Vietnam, après plus de 20 heures de vol. Il est à peine 5 heures et une armée de mobylettes a déjà envahi la ville, dans un concert de klaxons.
Vendeurs de fruits, de légumes et de canards laqués se sont installés sur les trottoirs. Sur de petits poêles, les femmes font cuire les tranches de bœuf et les nouilles que les Saïgonnais, accroupis, avalent à grands coups de baguettes. Comme plusieurs familles partagent l’espace de la maison, elles occupent le trottoir pour cuisiner, manger, exercer leur petit boulot et dormir dans le hamac.
Huit millions d’habitants vivent dans cette ville, l’une des plus animées du Sud-Est asiatique. Ça bouge, ça pédale, ça klaxonne… À bord de leur véhicule, les jeunes femmes à talons hauts, vêtues du costume de soie traditionnel, ont le visage recouvert d’un masque qui les protège de la pollution et du soleil. On roule à deux ou trois sur la mobylette, le bébé au milieu. On y transporte de tout: sacs de riz, miroirs, commodes, arbres, bidons d’essence, casseroles remplies de nourriture, sacs de plastique contenant des poissons rouges… Et l’on avance à six, sept ou huit de front. Les feux de circulation sont rares et il n’y a pas de policier dans les rues. Entre les mobylettes se faufilent camions, vélos, piétons transportant des charges en équilibre…
Or, croyez-le ou non, on ne voit jamais personne s’impatienter, s’enrager, perdre les pédales. C’est fascinant de regarder vivre les Vietnamiens: ils sont calmes, discrets et souriants. Oui, le pays de la mobylette (10 millions en tout) est aussi celui du sourire !
Le Vietnam: entre traditions et modernité
Traditions et modernité
Le Vietnam est un pays d’eau et de montagnes, baigné par deux grands fleuves, le fleuve Rouge et le Mékong. Cette terre étroite en forme de S s’étire sur 1650 km, entre le Laos et le Cambodge d’un côté et la mer de Chine de l’autre. Quelque 86 millions de personnes habitent cet État dirigé par l’un des derniers régimes communistes de la planète. Les trois quarts de la population vivent à la campagne et la moyenne d’âge est de 25 ans.
En voyageant dans le pays, l’étranger aura tôt fait de remarquer un tiraillement entre le mode de vie traditionnel et la vie moderne. Les grandes entreprises internationales sont présentes dans les villes de Saigon et de Hanoï où MacDonald’s vend son Big Mac. Dans les montagnes du Nord vivent les ethnies traditionnelles qui fascinent touristes et photographes avec leurs parures et leurs vêtements colorés. Le pays en compte 54, qui représentent 15% de la population totale du Vietnam. Récemment, une ethnie d’environ 100 personnes a été découverte dans les montagnes. Il n’est pas rare, au Vietnam, de voir des gens sans domicile fixe habiter sur des barques flottantes, alors que, en banlieue des grosses villes, poussent des complexes d’habitation ultrachics pour les nouveaux riches.
Ferveur religieuse et superstition
Le Vietnam est aussi le pays des temples et des pagodes. Tous astiqués et dorés, ces édifices aux toitures retroussées vers le ciel et portant des noms poétiques témoignent de la ferveur religieuse du peuple vietnamien et de son penchant pour la superstition. Ils ont été érigés afin d’honorer Bouddha, Confucius, la mémoire d’un héros, d’un empereur, du fondateur d’un village, d’un bienfaiteur… À toute heure du jour, les fidèles laissent leurs souliers sur le seuil de la porte et entrent pour y faire des prières, brûler des tourbillons d’encens et déposer des pièces de monnaie et des canettes de Pepsi-Cola au pied du gros Bouddha.
Saigon
Saigon
Quelques jours à Saigon, rebaptisée Ho Chi Minh-Ville au moment de la réunification du pays en 1976, nous permettront d’apprécier l’élégance du quartier français, avec sa cathédrale Notre-Dame et son monument de la Poste dessiné par Gustave Eiffel, de voir le fameux palais de la Réunification et de goûter à l’atmosphère unique du marché Cho Lon, cœur commerçant de la ville.
Pour échapper au rythme effréné de la cité, rien de mieux qu’une balade en bateau sur le delta du Mékong, vaste territoire façonné au fil des âges par les alluvions qu’ont charriées les multiples affluents du Mékong, le plus long fleuve d’Asie. Au Vietnam, on l’appelle le fleuve aux neuf dragons, car il se divise en neuf branches. Le delta est le grenier à riz du Vietnam. Il est parsemé de rizières boueuses, de centaines de canaux et chenaux où s’activent bateaux, bacs, barges remplies de riz et de sable, canots à moteur et petites embarcations pour les touristes.
Souvenirs de guerre
Dès que l’on met les pieds au Vietnam, on pense tout de suite à cette guerre qui a fait plus de cinq millions de morts. Des lieux nous rappellent ce sombre chapitre de l’histoire, tels les tunnels de Cu Chi, au nord de Ho Chi Minh-Ville, qui furent le lieu de résistance des combattants communistes contre les Américains. Dans le sol court un réseau de plus de 200 km de chemins souterrains creusés à la main, organisés en une véritable ville, où les Vietnamiens ont vécu cachés comme des taupes. «Au plus fort de la guerre, Cu Chi recevait plus de 3000 bombes par jour. Et chaque fois que les Américains entraient à Cu Chi, c’était une histoire d’horreur, raconte le jeune guide de l’endroit, en montrant des pièges barbares cachés dans des trappes invisibles au sol. Plus de 10000 Américains ont été tués à Cu Chi.»
Ce n’est pas sans émotion que l’on revoit à Danang, troisième ville du Vietnam, la plage où débarquèrent en 1965 les 3500 premiers marines américains, et qui a servi de lieu de tournage pour le fameux film Apocalypse Now. La majorité de la population actuelle n’a pas connu la guerre, on ne sent chez elle aucune animosité à l’évocation de ces souvenirs. Ce qui en dit long sur le tempérament vietnamien!
Même si la guerre a détruit plusieurs trésors nationaux, le pays porte encore maints témoignages d’une longue histoire. Ils accompagneront le visiteur tout au long de son périple: traces de lutte contre l’envahisseur chinois, vestiges de brillantes civilisations, présence de la France colonisatrice, montée du communisme et engagement américain dans la fameuse guerre du Vietnam.
Vietnam: les splendeurs du passé et Hué la prestigieuse
Splendeurs du passé
Nous poursuivons notre trajet sur la route 1, en direction de la mer qui sera notre compagne pendant plusieurs jours. Le long des eaux vertes, sur lesquelles valsent les barques de bois colorées des pêcheurs, se succèdent de belles stations balnéaires, telles Phantiet, Mui Né avec ses superbes plages et Nha Trang avec son chapelet de petites îles et sa grande plage municipale bordée de cocotiers. On peut faire une croisière d’un jour sur un petit bateau pour découvrir ces îles, se baigner, faire de la plongée, visiter un aquarium…
La ville de Hoi An, qui fut jadis un important port commercial, évoque les splendeurs du passé. Son quartier historique, qui figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, est tout à fait charmant avec ses vieilles maisons de marchands chinois, dont certaines sont ouvertes aux visiteurs. Le soir, au bord du fleuve Thu Bon, le quartier s’éclaire de lanternes colorées et il est agréable de flâner dans cette atmosphère romantique, à travers les rues bordées de boutiques et de restaurants.
En parcourant le pays, nous faisons connaissance avec un peuple qui travaille: éleveurs de cochons, de poulets et de canards, femmes œuvrant dans des rizières, artisans tressant des tapis, fabricants d’encens ou de chapeaux coniques, tisserands, tailleurs…
Hué la prestigieuse
La légendaire route mandarine, le col des Nuages, serpente le long d’un magnifique paysage côtier, sûrement l’un des plus beaux du pays. Cette route nous mène à la ville impériale de Hué, qui s’élève devant la rivière des Parfums. Hué rayonna dans tout le Vietnam de 1802 à 1945 sous la dynastie des Nguyen, qui compta 13 empereurs. Elle a malheureusement été amputée des deux tiers de ses bâtiments durant la guerre.
Cette cité culturelle, que fréquentaient ambassadeurs, princes et hauts dignitaires, témoigne à travers ses vestiges de l’esprit de grandeur qui animait ses dirigeants. Il faut voir la citadelle, percée de 10 portes, à l’intérieur de laquelle se trouvent la cité impériale et les mausolées impériaux restants, entourés de bassins d’eau et de jardins dessinés selon les règles du feng shui. Le plus impressionnant de ces mausolées est sans nul doute celui de l’empereur Khai Dinh, qui régna de 1916 à 1925, auquel travaillèrent sans relâche environ 3000 ouvriers pendant 12 ans.
À Hué, il faut également visiter le marché animé et coloré qui offre un large éventail de produits locaux. D’ailleurs, un voyage au Vietnam serait incomplet sans la visite des marchés, où l’on trouve des produits et des aliments tous plus intrigants les uns que les autres. «Au Vietnam, tout ce qui bouge se mange…», nous dira notre charmant guide Nhu Bon.
Hanoi et la céleste de baie d’Ha Long
Hanoï
Hanoï, dans le nord du pays, semble à première vue plus tranquille que Saigon, même si la circulation y est totalement anarchique. Au cœur de la vieille ville coloniale, le lac de l’Épée restituée et le temple de jade lui confèrent beaucoup de charme. Pour prendre le pouls de la ville, il faut flâner dans le vieux quartier quadrillé de rues étroites bordées d’échoppes d’artisans, dont l’origine remonte à six siècles. Et rien de mieux qu’une balade en cyclo-pousse pour découvrir l’ambiance indescriptible qui y règne.
Rendons-nous ensuite au temple de la littérature, où ont défilé les esprits les plus brillants du Vietnam, puis à la place Ba Dinh, où Ho Chi Minh a proclamé l’indépendance du pays le 2 septembre 1945. Du matin jusqu’au soir, Vietnamiens et visiteurs font la file devant le mausolée de marbre gris dominant la place pour aller saluer celui que les gens appellent affectueusement l’oncle Ho et qui repose dans un sarcophage de verre. Tout près de là, on peut voir la maison sur pilotis qu’il a habitée au bord d’un étang. On dit qu’il aimait la vie simple et qu’il préférait cette humble demeure au palais présidentiel. En soirée, un très beau spectacle au théâtre des marionnettes d’eau perpétue un art millénaire du nord du Vietnam.
La céleste baie d’Ha Long
Le rêve de tout voyageur qui visite le Vietnam est de voir la célèbre baie d’Ha Long, qu’a fait connaître le film Indochine, avec Catherine Deneuve. Cette baie, avec ses eaux vert jade et ses 3000 îles et îlots qui s’égrènent en d’étranges silhouettes, est une pure merveille. Elle a été inscrite deux fois au patrimoine de l’Unesco, la première pour son éblouissante beauté, la seconde pour sa richesse biologique.
Nous quittons le port où s’alignent les jonques ainsi que les bateaux de croisière. Et nous glissons lentement sur l’eau à travers un paysage irréel, accompagnés par le silence, la beauté et le mystère. Ces îles, pour la plupart peuplées de singes et d’oiseaux, abritent de nombreux tunnels et grottes qu’il est possible de visiter. On peut dormir dans la baie d’Ha Long, sur l’une des nombreuses jonques chinoises qui accueillent les visiteurs pour la nuit…
Avec qui partir?
Ces agences offrent des voyages de groupe au Vietnam
Croisières Franco-Fun. Tél.: 1 888 228-3289; www.croisieresfrancofun.com
Incursion Voyages. Tél.: 1 800 667-2400; www.incursion-voyages.com
Vacances Célébritours. Tél.: 1 877 672-6001; www.celebritours.com
Voyager avec un guide
Voyager en compagnie d’un guide qui connaît bien l’histoire complexe de son pays est le gage d’un voyage réussi au Vietnam. Que vous soyez seul ou en groupe, je vous recommande Nguyen Nhu Bon, un guide parlant parfaitement le français, qui vous fera découvrir et aimer le Vietnam.
Téléphone (à partir du Canada) : 0084 09 85 99 39 99 ou 0084 09 85 01 02 88.
Courriel: vietnamhieraujourdhui@yahoo.fr
Mise à jour: septembre 2011
Commentaires: